Un milliard d’euros par an ! Comment l’Union européenne engraisse les cabinets privés

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Un milliard d’euros par an entre 2017 et 2020, c’est la somme allouée par la Commission européenne à des cabinets de conseils privés et à des consultants externes. Une somme à dix chiffres alors même que l’Union européenne compte pas moins de 33.000 fonctionnaires à son service.

Qu’ils s’appellent Deloitte, EY, PwC ou KPMG, ces cabinets anglo-saxons ont vu le coût de leurs prestations multiplié par deux en quelques années. Rien qu’entre 2016 et 2019, ces quatre entreprises ont facturé plus de 462 millions d’euros à la Commission. Cette information révélée par Euractiv avait provoqué une vive réaction en interne : « J’en suis tombé de ma chaise » confiait Philippe Lamberts à Ouest-France en 2021. Le chef de file des Verts européens avait écrit, à l’époque, à Ursula von der Leyen.

« Cela pose un problème d’ingérence, de souveraineté et de collusion », a alerté l’eurodéputé Jean-Paul Garraud, lors d’une session au Parlement bruxellois. Le chef de la délégation RN n’a pas manqué de demander la tenue d’un débat à ce sujet. Effectivement, certains de ces cabinets anglo-saxons conseillent d’une main la Commission et, de l’autre, des entreprises pour pratiquer de l’optimisation fiscale : le conflit d’intérêts est évident. Sur son site, PwC explique tranquillement : «< La maîtrise de la charge fiscale, des risques fiscaux et du taux effectif d'impôt qui est le principal indicateur de performance sont au cœur de nos préoccupations et nos conseils pour y parvenir sont conçus de manière personnalisée. » On peine donc à concevoir les conseils que PwC pourrait donner à la Commission, mais on imagine en revanche bien quels conseils ses experts pourraient vendre à quelque multinationale fuyant la fiscalité bruxelloise… Lors des LuxLeaks (fuite de documents confidentiels), une commission parlementaire britannique avait accusé, en 2015, ce même cabinet de prodiguer des conseils de « promotion de l’évasion fiscale à échelle industrielle ». Rien que ça !

En France, quel montant ?

En 2019, l’administration française a dépensé 814 millions d’euros en consultants privés, « un niveau de dépense très modéré » par rapport à ses voisins européens, assure la commission des finances : « Le niveau de dépenses publiques en conseil en France est aujourd’hui beaucoup plus faible qu’au Royaume-Uni (2,5 milliards de livres sterling) ou qu'en Allemagne (3,4 milliards d’euros). » Cocorico !

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Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

2 commentaires

  1. S’il faut utiliser ces cabinets étrangers pour qu’ils gèrent ce qu’il reste de notre souveraineté, il y a 2 hypothèses :
    – les fonctionnaires d’état sont incompétents, on les vire et cela donnera de l’air à Bercy
    – les fonctionnaires d’état sont compétents, on vire les cabinets qui n’ont rien à faire dans les décisions de notre pays… et cela donnera de l’air à Bercy
    Cette seconde option a de plus l’avantage d’éliminer les conflits d’intérêt…

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