La traversée de Paris d’Élisabeth Borne : à questions cons, réponses cons

borne

Il n’y a pas loin de l’hôtel de Matignon au palais Bourbon : un kilomètre tout rond. Le double de la distance entre le Capitole et la roche Tarpéienne à Rome. Aussi, Élisabeth Borne, en ce mercredi 6 juillet, avait décidé de se rendre à pied à l’Assemblée pour y délivrer son discours de politique générale. Entourée d’une garde rapprochée de ministres, genre dream team – Gérald Darmanin en porte-flingue, Olivier Véran portant la parole gouvernementale comme le prêtre le Saint-Sacrement, Franck Riester, saute-ruisseau entre le gouvernement et le Parlement, Hervé Berville, l’homme qui prend la mer, et, savourant son retour en grâce, Marlène Schiappa, en grande vestale de la Macronie. Magnifique procession dans les rues de Varenne et de Bourgogne où le fameux sentiment d’insécurité ne doit pas trop avoir cours !

Quelle idée, en tout cas : prendre le risque d’arriver à la tribune avec des auréoles sous les bras en guise de dossiers et complètement déshydratée, avouons-le, ça n’était pas prudent. Mais Élisabeth Borne possède peut-être les qualités de son maître Emmanuel Macron : celle de ne pas transpirer, comme l’avait constaté l’écrivain-courtisan Philippe Besson. Quelle idée, donc ? Celle d’envoyer un message écolo à la France et à la planète ? Ou bien celle de revenir aux origines messianiques du macronisme marcheur ? Donner une image de cohésion gouvernementale, tout le monde avançant dans la même direction et à la baguette ? Soit dit en passant, direction que l’on a peiné à deviner en écoutant le discours d’Élisabeth Borne. Tout ça à la fois, peut-être. Comme les rues empruntées par l’équipée pédestre n’avaient pas été vidées de tous leurs habitants la veille au soir, le Premier ministre a pu faire quelques coucous aux clients attablées à une terrasse de café ou aux commerçants devant leur boutique. Pas du délire, non plus, mais de bien belles images que cette mini-traversée de Paris en plein jour. Un peu long mais sympa, pour qui n’a rien d’autre à faire que de passer un quart d’heure devant sa télé en attendant le discours.

De bien belles images et quelques échanges chipés au vol par quelques micros furtifs. « C'est important, cette journée ? », demande un journaliste, histoire d’introduire le sujet, comme on dit. Et Élisabeth Borne de se fendre d’un « Je pense ». Elle aurait pu faire plus court, la Zabou, par exemple en lâchant un « oui » tout court. Mais non, comme c’était son jour, elle s’est lâchée. Elle s’est tellement lâchée que, se croyant sans doute hors micro, elle lance à ses camarades de rando : « C’est vachement marrant… On passe notre temps à répondre à des questions cons. » C’est pas faux, mais c’est pas sympa pour les journalistes. Parallélisme des formes aidant, imaginez le journaliste qui oserait dire : « On passe notre temps à entendre des réponses cons. » C’est pas faux non plus. Certains voudront déceler dans cette réponse du Premier ministre ce mépris consubstantiel prêté à la Macronie. « Moi, je trace mon chemin et je n’ai rien à faire de vos questions, de vos remarques, etc. » Du reste, n’est-ce pas ce qu’on a perçu dans son discours, quelques minutes plus tard ? Allez savoir...

« "Vous êtes contente d'être là ?" Bah oui, sinon j'aurais pu aller au soleil... », a ensuite ironisé Élisabeth Borne, en imitant les journalistes et inventant une réponse incongrue. Les ministres l’entourant se marrent comme des baleines, surtout le ministre de la Mer – normal, vous me direz. Entre nous, si le Premier ministre ne veut pas être embêté par des questions cons, la prochaine fois, elle n’aura qu’à faire comme tout le monde quand on est ministre : prendre sa voiture, qui, d'ailleurs, pour des questions de sécurité, ne devait pas être très loin derrière…

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

Vos commentaires

7 commentaires

  1. J’aurais imaginé un langage plus châtié chez Mme Borne, comme quoi on peut se tromper. Que signifie cette déambulation ? « J’ai 20 minutes à perdre avant de monter à la tribune, donc je les occupe sainement et c’est bon pour la planète. J’ai une chance de rencontrer le bon peuple et de lui faire coucou. J’ai l’occasion d’envoyer péter les journalistes ». Tout ça ne sert évidemment rien, ni la marche, ni les questions, ni surtout les réponses. Et que dire du discours à l’Assemblée ?

  2. Une baltringue pétrie de mépris pour les autres et de condescendance : Borne a tous les atouts pour plaire à Jupiter. .

  3. Cette petite marche me fait penser à Christiane Taubira sur son vélo, encadrée par des agents de sécurité.
    Mascarades.

  4. nous savons pertinemment que Borne(é) n’en a rien a faire du sentiment des français.
    c’est elle qui a inventé la suspension du contrat de travail sans rémunération …. Ou « allez crever de faim si ne vous faites pas injecter le poison réglementaire « .
    Un camp de la mort au nom de la « démocratie  » selon macron.

  5. Un régal que votre article, M. Michel.
    Pas besoin de caméra,  » j’y étais ».
    Rions un peu avant de pleurer amèrement, je le crains. Mais je pense toujours qu’il peut  » se produire quelque chose », pas du genre grain de sable, plutôt pavé.

  6. Les bras m’en tombent : on dirait du Voltaire mâtiné de Boileau..Même Rousseau se pâmerait devant ce langage fort châtié ! Un niveau à la hauteur de leur fier Président…

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