Trump revient en force
Trump a eu une bonne semaine. Il a d’abord vogué sur la vague Rosenstein : le ministre adjoint de la Justice, qui avait annoncé l’inculpation par le procureur Mueller de treize Russes pour fraudes liées à une opération d’influence anti-Clinton mise en place dès 2014 sur le territoire des États-Unis, a de facto exonéré la campagne Trump, expliquant que les Russes avaient monté lesdites opérations sans le recours de citoyens américains (donc de la campagne Trump).
Puis, dans la semaine, toujours sur le front russe, il y a eu le plaidoyer coupable de Rick Gates, partenaire d’affaire de Paul Manafort, l’ancien et bref directeur de la campagne Trump, pour fraudes relatives à leurs relations d’affaires avec l’ancien gouvernement ukrainien (celui d’avant le coup d’État du Maïdan lancé par les alliés de madame Clinton au moment des Jeux olympiques de Sotchi).
Trump a pu clamer que ce sont les Russes, et non plus lui-même, qui semblent être devenus la cible de l’enquête Mueller, laquelle s’inscrirait dans le « plan eurasien » que Washington a perfectionné depuis 1905. Ainsi, de nombreux dossiers d’agit-prop russophobe champignonnent, tel celui des mercenaires du groupe Wagner (la « division Wagner », sic Fox News) qui auraient tué des soldats américains en Syrie. Une escalade qui laisse prévoir que Poutine va « déguster » avant, pendant et après ses propres élections présidentielles. Ici, Trump prend bien garde de laisser faire le « deep state », véritable décisionnaire en matière de stratégie internationale, ayant compris que la ruine de sa famille, voire sa persécution judiciaire, ne valait pas la chandelle multipolaire de ses promesses.
Il lui reste donc la politique intérieure, où il excelle maintenant dans la mesure où les républicains le soutiennent en tout. Les sondages de Trump, comme ceux des républicains, remontent, les algorithmes boursiers s’adaptent à la croissance (la Bourse reprend après quelques couacs récents dus à l’automatisation des transactions). Le capital financier, les industriels et les « virtualomondialistes » de la Silicon Valley jouent le jeu (réinvestissement et emplois locaux) depuis les déréglementations et la réforme fiscale. Les groupes chrétiens sont fidèles au poste et le puissant lobby conservateur du CPAC, après l’avoir boudé puis toléré ces deux dernières années, a glorieusement acclamé Trump cette semaine lors de son congrès (tout en y invitant Marion Maréchal-Le Pen, qui y produit son impact).
Et puis, il y a les arroseurs arrosés. Ainsi du FBI, qui s’est ridiculisé lors de la tuerie de Floride, après avoir été humilié par les élus républicains du Congrès dans l’affaire des écoutes de sa campagne. Et les chefs des services secrets du règne Obama, violemment hostiles à Trump, se voient maintenant sommés de répondre aux questions de l’Intelligence Committee de la Chambre, toujours dans l’affaire des écoutes. Et les journalistes de Fox de faire tomber une à une toutes les cartes du château de la collusion russe de Trump. Cette inversion de tendance laisse les démocrates sur la touche, le « deep state » étant décidément prêt à conserver Trump encore un peu. Et le député démocrate Schiff de faire un flop avec un mémo dissident de celui du député républicain Nunes. La thèse de la « trahison » de Trump s’érode inexorablement.
Reste que l’intrigant couple Kushner (le gendre et la fille de Trump) intrigue, cette fois-ci, contre le rigoureux général Kelly, qui les verrait plutôt en touche. Lèse-majesté…
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