[Tribune] Manifs : et si l’on inscrivait le droit de casser dans la Constitution ?

BLACK BLOCS

En marge de la manifestation parisienne du 7 mars dernier contre la réforme des retraites, c’est le saccage d’un véhicule appartenant à SOS Médecins, au niveau du boulevard de Port-Royal, qui semble avoir retenu toute l’attention de nombreux médias. Il est vrai qu’entre l’euphorie des organisations syndicales qui n’ont que le mot « historique » à la bouche quant au nombre de participants à cette sixième journée de mobilisation et les commentaires du préfet de police Laurent Nuñez selon lequel cette manifestation aurait quasiment été un modèle du genre, l’incident fait tache.

Il faut cependant rappeler que ce type de comportements et les dégradations qu’ils entraînent venant de groupuscules incontrôlés sont des plus courants et relèvent désormais d’une rare banalité. En effet, il n’est plus aujourd’hui de manifestations de voie publique qui ne soient polluées par ce qu’il est convenu d’appeler les « Black Blocs », lesquels s’en prennent systématiquement à tout ce qu’ils trouvent sur leur chemin. Cette voiture appartenant à SOS Médecins, et pourtant identifiable, n’avait donc pas plus de raisons d’échapper à la folie destructrice de ces crapules vêtues de noir qu’un véhicule de police, des pompiers ou même d’un simple citoyen se trouvant, pour son plus grand malheur, au mauvais endroit au mauvais moment.

Si l’incident, qui fort heureusement en la circonstance n’a pas fait de blessé, relève donc de l’anecdote, il renvoie néanmoins à cette interrogation relative à l’incapacité de nos responsables du maintien de l’ordre de mettre un terme aux agissements dévastateurs d’individus parfaitement connus.

Systématiquement évalués entre 1.000 et 1.200, chiffres qui ne varient guère d’une manifestation à l’autre, les membres des Black Blocs sont, pour nombre d’entre eux, connus depuis plusieurs années des services du renseignement territorial. La question qui se pose est donc bien celle de savoir comment et pourquoi il semble aussi difficile d’anticiper leur participation aux différentes manifestations et de les mettre hors d’état de nuire par des mesures administratives ou judiciaires anticipées. Par ailleurs, pourquoi certaines unités de maintien de l’ordre, et ce fut encore le cas le 7 mars, ont-elles l’interdiction d’intervenir alors qu’elles pourraient, par des actions rapides et anticipatrices, empêcher les exactions de se commettre ?

Nous le savons, et ce n’est pas nouveau, la gestion de l’ordre public est un casse-tête pour tous les décideurs publics. Les différents incidents et accidents majeurs qui sont survenus au cours de ces dernières décennies ont eu pour effet d’affaiblir considérablement la capacité de l’État à intervenir, au besoin de manière énergique, lors des mouvements sociaux. À l’exception, peut-être, de l’épisode des gilets jaunes qui, à n'en pas douter, a bénéficié d’un traitement « spécial ».

Force est néanmoins de constater qu’aucun changement dans la doctrine du maintien de l’ordre ou dans l’emploi des forces de police et de gendarmerie n’a été en mesure d’apporter une quelconque amélioration. Une fois encore, on ne peut que s’étonner du nombre famélique des interpellations (43 pour Paris), lesquelles ne déboucheront vraisemblablement sur aucune condamnation sérieuse. En revanche, le nombre des membres des forces de l’ordre blessés restera quant à lui à un niveau toujours aussi élevé.

Les solutions pour améliorer cette situation qui fait à chaque manifestation de nombreuses victimes et qui occasionne des dégâts disproportionnés sont pourtant connues. Anticipation dans la mise à l’écart des individus dangereux grâce à l’exploitation des renseignements disponibles. Interventions précoces des forces de l’ordre et interpellations rapides des casseurs. Sanctions pénales à la hauteur des infractions commises et restauration d’une loi anti-casseurs. Mais pour l’heure, il semble plus facile à nos gouvernants de laisser le champ libre au chaos plutôt que de vouloir redonner au droit de manifester toute la sécurité qui devrait normalement l’entourer.

Olivier Damien
Olivier Damien
Conseiller régional de Bourgogne-Franche-Comté, Commissaire divisionnaire honoraire

Vos commentaires

45 commentaires

  1. Les blacks blocks sont les BB de macron, cela est une évidence ,surtout depuis le mouvement des Gilets Jaunes ,un conseiller de macron, »il y a des noms propres que l’on ne peut écrire avec une majuscule tant ils sont minables »,lui a sans doute rappelé le déroulement de la révolution de 1789.
    Les agitateurs de la commune de Paris payés pour manipuler le peuple, et dont les agissements étaient craints par l’Assemblée .
    Ces agitateurs qui sont responsables des horribles massacres de septembre et de la prise des Tuilleries en août 1792 .

  2. Elle est déjà foulée aux pieds la Constitution, déjà quand les confinements ont été décidés, puis au 3ème déclaré Inconstitutionnel….Et tout ce qui est déconstruit, livré à d’autres pays….

  3. Un de mes amis, retraité de la Gendarmerie, me disait : « Si on ne nous avait pas empêché de les coffrer lors des Nuits Debout et autres festivités gauchistes, ce mouvement de nuisibles aurait cessé d’exister . »

  4. Manifs : et si l’on inscrivait le droit de casser dans la Constitution ?
    Inutile, ils peuvent déjà casser sans aucun risque!

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