[Tribune] Le problème n’est pas les 500 signatures, il est d’assumer les responsabilités inhérentes à un mandat

Mairie_de_WARCQ

Bruno North est Président du CNIP, le Centre national des indépendants et paysans. Le CNIP a rejoint la campagne d'Éric Zemmour le 29 janvier dernier.

C’est la dernière trouvaille à la mode. Le samedi 29 janvier, les électeurs d’une commune du Var étaient appelés aux urnes pour décider qui leur maire devait présenter à l’élection présidentielle. L’exemple avait été donné, quelques jours plus tôt, par un maire haut-savoyard qui, lui, s’était contenté d’une consultation par Internet. Il a, ensuite, été imité dans une autre petite localité, dans l’Aveyron cette fois-ci. Les édiles prétendent, ce faisant, redonner à leurs concitoyens le goût de voter.

L’administration a immédiatement réagi en déclarant ces consultations illégales, le Code général des collectivités territoriales stipulant que « les électeurs d’une collectivité peuvent être consultés sur les décisions que celle-ci envisage de prendre pour régler les affaires relevant de sa compétence ». Autrement dit, la présentation d’un candidat à l’élection du président de la République est de la seule responsabilité des maires et des élus énumérés par la loi organique de novembre 1958 et ne peut être déléguée.

Mais qu’importe l’argument légal ! Le refus de présenter un candidat à la présidentielle par ceux qui en ont le pouvoir et l’exclusivité est le reflet d’une inacceptable désinvolture civique. Lorsqu’un candidat se présente devant les électeurs, et a fortiori, une fois qu’il est élu, il s’engage à assumer toutes les responsabilités liées à son mandat et n’a aucune latitude à s’en décharger. L’article 17 de la Constitution prévoit que « le président de la République a le droit de faire grâce ». L’imagine-t-on organiser un référendum pour demander aux électeurs s’il faut atténuer la peine d’un criminel ? L’exemple est caricatural, mais il illustre ce qui se passe tous les jours dans notre société. Les maires ont peur de « parrainer » - le terme est d’ailleurs inexact, les textes parlant de « présenter » - un candidat à la présidentielle, mais que fait le Parlement lorsqu’il accepte de prolonger indéfiniment l’état d’urgence sanitaire ? Il se décharge de son travail de contrôle de l’exécutif. Que fait l’exécutif, à son tour ? Il s’abrite derrière un Conseil scientifique en répétant qu’il suit l’avis des médecins. Depuis quand les médecins ont-ils été élus pour décider de la politique de la nation ? Le maire s’abrite derrière le parapluie des habitants, le Parlement derrière le parapluie de l’exécutif qui, lui, se protège derrière la palissade des médecins. Nos dirigeants sont devenus des émules de Ponce Pilate.

Tous les débats sur la nécessité de réformer ou non le système des parrainages n’est qu’un écran de fumée pour excuser l’abdication par de trop nombreux élus et dirigeants des pouvoirs liés à leur mandat, en prétextant de peurs diverses : des électeurs, de la communauté de communes, du département, de la région, du parti, des médecins, des hôpitaux, etc. Outre qu’un élu n’a pas à se déterminer par une peur quelconque, qu’ils se rassurent tous ! Le CNIP est un vieux parti d’élus locaux. Non seulement aucun d’entre eux ne renonce à ses prérogatives mais, surtout, aucun n’a jamais vu un seul de ses administrés lui reprocher d’avoir présenté - et non parrainé – un quelconque candidat à la présidentielle. Au lieu de disserter de façon oiseuse sur une énième nouvelle loi (dont le seul avantage, aux yeux de ses promoteurs, sera de détourner le regard des Français des innombrables vrais sujets), il convient de rappeler les élus aux responsabilités inhérentes à leur mandat.

Le système des 500 signatures fonctionne à condition que ceux qui en sont chargés assument leur responsabilité. Ils sont aussi élus pour cela !

Bruno North
Bruno North
Président du Centre national des indépendants et paysans (CNIP)

Vos commentaires

42 commentaires

  1. C’est une stratégie antidémocratique mise en place par l’ETAT pour garder le POUVOIR. Ce n’est pas tant pour empêcher les rigolos de se porter candidats mais c’est surtout pour faire barrage à CEUX qui ont le profil pour GOUVERNER. Si encore ces parrainages étaient anonymes mais malheureusement NON ainsi le POUVOIR en place peut faire pression ou menacer les MAIRES des Communes qui oseront PARRAINER les candidats. C’est visiblement une MAFFIA d’ETAT et ça ne peut que mal finir.

    • Très exactement, hormis les « truands «  de la politique, il n’y a que ceux qui ignorent (ou veulent ignorer) les magouilles du système qui le soutiennent.

  2. Dans la vie il y a deux sortes de maires, ceux qui ont des convictions propres et ceux qui sont soumis au système. Le courage face à la pression n’est pas donné à tout le monde. A la fin il y aura les courageux et les couards. Il est vrai que la GAMELLE est prioritaire au détriment du patriotisme.

  3. C’est inquiétant de voir le nombre de parrainages d’Athaud, Hidalgo, Zabib, … N’est ce pas bien la preuve que ce système de parrainage est complètement irrationnel ? Franchement, tous ces maires qui parrainent ces candidats ne le font-ils pas juste par ce qu’ils sont convaincus que ces derniers ne seront jamais élus ? Encore mammouth complètement déconnecté de la réalité ?

  4. Les exemple ne manquent pas où des communes se sont vue détournées de l’attribution de certains budgets parce que leur maire n’avait, en la matière, pas fait « les bons choix »

    • J’aimerais des exemples. Dans ma carrière d’élu et de maire, je n’ai jamais entendu cela, dans de petites communes en tout cas, mais le parrainage d’un maire de petite commune a la même valeur que celui d’une grande.

  5. Des maires ont peur de représailles et de voir leur dotation amputée par les communautés de communes ou d’agglomération. Il faut revenir en arrière, trop tard pour cette fois et c’est la faute de ce gouvernement .La député E Ménard disait que début janvier des parlementaires avaient proposé une modification , et c’était possible. D’abord ce n’est pas un parrainage , mais une présentation. Un maire pour présenter un candidat qui n’est pas du même bord que lui .Alors un peu de Courage

    • Allez expliquer ça aux habitants de la commune, je vous prédis une chasse au Maire avec menace de mort, comme cela s’est produit chez nous. Le Maire à démissionné la commune, et son nouveau Maire aux ordres, redevient fréquentable. CQFD

  6. Dans les PO également un maire SE a fait voter ses administrés. Résultat : 1 – Zemmour, 2 – Marine, 3 – Macron. Il est évident qu’il faut interdire cette pratique, qui ressemble trop à un second tour d’Avril anticipé !

    • Consulter les habitants est la moindre des choses pour celui qui les représente. C’est le degré basique de la démocratie. Sinon pourquoi aller voter au niveau national si déjà au niveau communal on se moque de l’avis du peuple en filtrant les candidats potentiels et, de plus, en ne tenant pas compte des bulletins blancs.

  7. J’espère qu’une chose : que les électeurs se souviennent de leur manque de courage pour les prochaines élections législatives, municipales car ils seront responsables du déclin de la France
    Ce sont des pleutres, des couards

    • Présentez vous comme Maire et assumez vos théories….au sein delà Communauté de Commune. Je vous souhaite d’être en accord avec elle pour réaliser les vœux de vos administrés.

  8. L’idée n’était pas mauvaise en soi de faire un tri préalable pour éviter Coluche ou autre rigolot qui avilisait le vote donc la fonction. Mais mal mesurée dans ses effets elle est devenue un obstacle à la démocratie. On reconnait un arbre à ses fruits .

    • Le tri, c’est au peuple qu’il appartient de le faire, pas à une fraction (les Maires) qui avec le système dans lequel ils sont enfermés ne sont pas libres (suppression de l’anonymat) de leur soutien.

  9. Si se sont les élus par leurs parrainages ,qui désignent ,qui a le droit de se présenter a l’élection présidentielle ,je ne vois pas en quoi cela est démocratique ,peut importe qui se présente ,c’est au peuple de choisir qui il veut pour diriger le pays .

  10. Excellent article. Malheureusement, 500 présentations, établies en 1976 pour éliminer les candidats farfelus, s’avèrent, dans notre société « cul par dessus tête » et en plus la suppression de l’anonymat, dangereuses. Si aucun des candidats n’avait ce sésame, qu’adviendrait-il? Une proportionnelle des « parrainages » ou un report pur et simple de la présidentielle ou pire encore une reconduction implicite en l’état? Les maires sont honteusement fébriles. Un député-maire devrait avoir deux voix!

  11. Sauf erreur de ma part, on appelle cela de la politique politicienne. La démocratie est un leurre pour couillonner les français.

  12. La démocratie « socialiste » est une immense magouille pour garder le pouvoir et tous les moyens sont bons pour arriver à leurs fins. Si les présidentiables ne peuvent pas se présenter faute d’avoir les signatures la guerre civile n’est pas loin.

    • « La démocratie « socialiste ». Synonyme : démocratie populaire. Retour en arrière d’un siècle, voici les progressistes à l’œuvre.

  13. Avoir le courage de ses opinions .Par contre tenir compte de la volonté des citoyens est une bonne idée. Perso sachant que le maire de notre commune parraine Macron me déplait et nous sommes nombreux à penser pareil .Alors qui a tort qui a raison …..

      • Concernant les risques de pertes de subventions émanant des Communautés de communes ou de Conseils départementaux, notamment dans les petites communes, cette affirmation est ridicule.

      • C’est plus compliqué que ça, surtout si il y a des projets de la commune en relation avec la CC et le département. Les financements ne seront peut-être pas au rendez-vous.

    • Comme je l’explique dans mon commentaire la député E .Ménard , disait sur C News , que des députés avaient proposé de modifier cette loi . Début Janvier c’était encore possible.
      Un système qu’il va falloir modifier pour la prochaine élection. En attendant, des candidats bien placés, MLP, E.Z , Mélenchon , rament pour obtenir ces  » parrainages ». Les maires pourraient expliquer leur « soutien » dans un journal local, il en va de la démocratie.

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