Après deux mois d'existence et d'intense présence médiatique concentrée sur le Covid-19, le gouvernement Castex censé incarner la deuxième étape du quinquennat Macron subit un crash de popularité. Le Premier ministre bénéficiait, jusque-là, de son manque de notoriété, ce qui lui procurait une forme d'état de grâce.

Jean Castex fondait sa crédibilité sur deux spécificités : son ancrage provincial périphérique, en tant que maire de Prades à l'accent chantant prononcé, et son approche de la crise sanitaire qui se voulait plus pragmatique et rationnelle que celle des injonctions très contradictoires de l'équipe d'Édouard Philippe au printemps, qui déboucha sur deux mois de confinement généralisé délétère. Fort de ces deux béquilles, il réalisait à merveille le siphonnage que le Président lui avait confié dans sa feuille de route : rallier davantage encore l'électorat de droite, les retraités et les classes moyennes. Or, ce sont justement ces segments qui le lâchent dans ce dernier sondage IFOP pour Le JDD : -9 points parmi les sympathisants des Républicains, et même -26 chez les électeurs de François Fillon en 2017, décidément toujours orphelins (et toujours aussi prompts à se laisser séduire...). Il perd aussi 17 points chez les cadres, 16 chez les commerçants, artisans et chefs d'entreprise.

Une désaffection aussi massive et aussi rapide ne peut s'expliquer que par une déception sur les fondamentaux mis en avant par Jean Castex. L'homme des territoires soucieux des spécificités locales ? L'image vient de se fracasser sur la généralisation du port du masque à quasiment tout le territoire, les petites villes emboîtant le pas aux grandes métropoles. Il suffit de voir les réactions consternées dans les villages, dans des rues désertées de villes moyennes pour comprendre l'exaspération populaire devant ces mesures absurdes. Il suffit aussi de lire, en Bretagne ou dans les montagnes au-dessus de la ville de Jean Castex, les messages à l'entrée des commerces et restaurants : « Port du masque obligatoire. Sinon, contactez l'Élysée ou Matignon. » Jolie façon de dire les choses.

Quant à l'homme rationnel qui allait adapter la réponse sanitaire à l'évolution réelle de l'épidémie, beaucoup de Français doutent car ils voient bien que, malgré l'augmentation du nombre de cas, la mortalité se révèle très faible. En somme, le masque aveuglément généralisé, jusque dans les extérieurs les plus aérés et les moins denses, est en passe de devenir pour Jean Castex l'équivalent du boulet du confinement traîné par Édouard Philippe jusqu'à sa démission.

Et puis il y a l'impression que le matraquage sur le masque permet à l'exécutif d'éviter les sujets qui fâchent : la situation économique alarmante et une situation sécuritaire pour laquelle il ne propose aucune réelle amélioration, en dehors des condamnations verbales et des déplacements de Gérald Darmanin.

En deux mois à peine, l'effet Castex a fait pschitt.

5768 vues

24 août 2020 à 10:52

La possibilité d'ajouter de nouveaux commentaires a été désactivée.