Il est surprenant que les propos de Gérald Moussa Darmanin, tenus le 18 septembre à la grande mosquée de Paris pour discuter de la future loi contre le séparatisme, n’aient pas, à cette heure, suscité plus de réactions. Il a affirmé que « l’islam est la religion qui aura le moins de difficulté à travailler avec la République », ajoutant : « Vous savez d’où je viens. » Il a aussi dénoncé le « scandale pour toute la République » que serait la hausse des actes anti-musulmans. Un des objectifs serait d’obtenir une transparence sur les financements de l’islam en provenance de l’étranger.

Ces propos devraient faire bondir.

Toute discussion ou négociation commence par l’identification des parties. Du côté de la France, il n’y a pas de problème. Même si elle n’est que pitoyablement représentée par cette république, cinquième du nom, c’est le ministre de l’Intérieur, ministre des Cultes, qui semble l’interlocuteur désigné. Du côté des islams non réductibles en nombre, il serait pertinent de disposer d’une incontestable représentation, reconnue par l’ensemble des musulmans et ayant une (relative) autorité sur eux. On imagine que ce devrait être le Conseil français du culte musulman, ce machin bricolé par le déplorable Nicolas Sarkozy, en 2003. Sauf qu’il ne cesse pas d’être décrié par les musulmans eux-mêmes. Au « Je ne veux voir qu’une seule tête » de l’État, ils répondent par un refus unanime qui indique que ce CFCM ne saurait lier que ceux qui le veulent bien. En outre, la taqîya permet à un musulman de rendre vicié dès l’origine tout consentement à un engagement.

Sur les financements d’origine étrangère qui devraient être faits en transparence, puisque l’Union européenne ne permet pas de les interdire, il y a comme un sentiment de déjà-vu, déjà-entendu. Encore une preuve, s’il en était besoin, de l’impuissance de l’État.

Et puis, il y a ce que cette comparaison sous-tend : il y aurait des velléités séparatistes aussi dans d’autres religions qui justifieraient les propos du ministre.

Pour les catholiques de France, des laïcards sont allés récemment chercher dans les ouvertures d’écoles hors contrat en hausse la preuve manifeste de ce séparatisme. Ne serait-il pas plus sain et opportun d’expliquer que des parents choisissent de s’infliger eux-mêmes cette double peine financière (payer l’école en direct et dans ses impôts) à cause des dérives et des insuffisances des écoles publiques et des écoles (si moyennement) catholiques sous contrat ?

Pour ce qui est des juifs, il y a effectivement un séparatisme latent en permanence : l’alya. Mais les raisons qui poussent à cet éventuel retour en Israël ne sont-elles pas à trouver dans cette loi du plus fort (ou du moins inhibé) que tentent d’imposer certains musulmans et qui ont transformé, peu ou prou, la Seine-Saint-Denis en terre judenfrei ou presque ? Qu’il soit permis de regretter que ce ne soit pas ici que le ministre de l’Intérieur et des Cultes perçoive ce qui est « le véritable scandale pour la République ».

Désolé, je n’ai pas d’information ni d’idée sur les séparatismes protestants ou bouddhistes et leur capacité à entrer en dialogue avec le ministre pour y renoncer…

Ce que nous dit ce satisfecit de Gérald Darmanin, c’est que l’objectif n’est qu’un accord de façade sur un contenu indifférent pour la simple gloriole d’être sur la photo. De la communication, comme du Sarkozy ou du Macron. Mais qu’il me soit ici permis de ramer à contre-courant et de vanter un séparatisme qui semblerait très utile au bien commun : la séparation de la franc-maçonnerie et de l’État. En toute transparence.

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20 septembre 2020 à 21:09

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