Robert Ménard, l’Européen

Cofondateur de Boulevard Voltaire, homme courageux et direct, Robert Ménard peut se targuer d’une belle réussite municipale dans sa ville de Béziers. Son franc parler est réjouissant au cœur d’un monde confit dans la bigoterie du politiquement correct. Et parce qu’il défend bec et ongles la liberté d’expression, il permettra qu’on s’étonne de sa déclaration d’amour à l’Europe dans un récent entretien paru sur ce site. 

La question de l’euro, on le sait, est clivante. Elle a sans doute contribué à la défaite de Marine Le Pen à la présidentielle, même s’il serait réducteur – et Robert Ménard ne tombe pas dans ce travers - d’y voir la seule cause.

Chacun comprend qu’il est indispensable de changer de sujet, parce qu’il angoisse les Français. Cependant, soutenir que l’euro nous protège contre les spéculateurs malintentionnés semble un peu court pour en justifier le maintien. C’est oublier l’essentiel : l’euro n’est pas notre monnaie, mais celle d’un conglomérat a-national parfaitement indépendant des pouvoirs politiques, qui mène donc une politique monétaire hors de contrôle. Il a, par ailleurs, été démontré, brillamment, par de nombreux économistes, que dans le cadre d’un ensemble aussi hétérogène que l’Union européenne, une monnaie unique ne pouvait pas fonctionner sans une harmonisation poussée des législations sociales, fiscales et économiques. C’est là tout le problème : si nous voulons retrouver notre souveraineté – ce qui ne signifie pas s’isoler du reste du monde -, nous ne pouvons pas accepter le principe d’une telle intégration qui implique l’abandon de cette même souveraineté.

Mais Robert Ménard, décidément en verve, n’a pas fini de nous surprendre ! Quelques instants plus tard, il se livre à une déclaration d’amour à l’Europe et se déclare très pro-européen ! S’il s’agit de reconnaître notre caractère européen, notre enracinement dans une civilisation commune, notre implantation géographique, il a raison. L’Europe est une réalité historique indéniable. Mais le mot renvoie trop facilement à son acception restreinte, l’Union européenne. Et n’est-ce pas d’elle que le maire de Béziers parle en déclarant : "La construction européenne – malgré ses ratés, ses échecs, ses insuffisances, sa bureaucratie, son caractère tatillon, son arrogance technocratique… – nous a apporté la paix. Ce n’est pas rien" ?

Non, cher Robert Ménard, ce n’est pas la construction européenne qui nous a apporté la paix. Elle est une conséquence de la plus longue période de paix que le continent ait connue depuis son commencement. Une paix que nous devons évidemment à l’équilibre de la terreur durant la guerre froide, qui a dissuadé notre ennemi principal, le bloc de l’Est, de nous envahir après 1945. Certes, l’ennemi a changé. Il est désormais au Sud, et accessoirement à l’Ouest, en dépit d’une soumission habillée en alliance. La paix a permis, avec l’intelligence de De Gaulle et Adenauer, de réunir une Europe marquée par les guerres incessantes.

Alors, bien sûr, il ne s’agit pas de jeter le bébé avec l’eau du bain. Et, oui, le drapeau européen est un symbole marial, comme l’a noté monsieur Mélenchon. Hélas, il symbolise aussi et surtout la mainmise d’une dictature technocratique sur notre nation, nos régions, et jusqu’à nos communes. Même le roi d’Espagne, descendant de Louis XIV, s’est cru obligé de l’associer à l’étendard rouge et or du royaume. Comment ne pas comprendre la force de répulsion qu’un tel symbole – celui de la Commission de Bruxelles - peut exercer sur tous ceux qui, profondément européens, déplorent chaque jour cette fédéralisation rampante et toxique ?

Cher Robert Ménard, vous nous surprenez. Mais peut-être est-ce là ce que vous souhaitez. Avec-vous, au moins, pas de conformisme !

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