La juste révolte des nonnes ne doit pas servir de prétexte à salir le catholicisme

Certains prélats de l’Église se rêveraient-ils en Scipion Borghèse, opulent cardinal du XVIIe siècle connu pour avoir été un collectionneur compulsif d’œuvres d’art – et souvent peu scrupuleux pour leur acquisition –, aujourd’hui abritées dans la galerie Borghèse, à Rome ?

On serait tenté de le croire à la lecture de ceci : "Le supplément mensuel du quotidien du Vatican L’Osservatore Romano consacré aux femmes dénonce dans son édition de mars l’exploitation des religieuses au sein de l’Église catholique, enjoignant à la hiérarchie masculine du clergé de cesser de les traiter comme des servantes" (Le Figaro).

Sœur Mary, une religieuse ayant recueilli des témoignages au sujet de ces abus de pouvoir, rapporte que "les nonnes ne disposent pas dans cette sorte de “servitude” d'heures de travail fixes à l’inverse des travailleurs séculiers et leur salaire est arbitraire et souvent très modeste. […] Une autre religieuse, sœur Paule, raconte au journal que les compétences et les ambitions de ces nonnes sont souvent niées. “Je connais des religieuses qui sont docteurs en théologie et qui ont été envoyées du jour au lendemain faire la cuisine ou la lessive”" (La Libre.be).

Bien entendu, après de telles révélations, on peut craindre une énième curée de la part de la meute anticléricale salivante. Cependant, si le sentiment, pour ces nonnes, d’être infériorisées, parce que femmes, est légitime, il est toutefois bon de préciser que les prélats ne sont que des hommes, c’est-à-dire faillibles, et que, par ailleurs, ce n’est pas là une application stricto sensu du dogme catholique, lequel, faut-il le rappeler, ne considère pas les femmes comme des figurantes, voire des êtres moindres.

Après Sa résurrection, le Christ est d’abord apparu à une femme, Marie-Madeleine, ce qui est un signe plutôt fort. Et l’on ne compte plus les de lieux de culte portant le nom de Notre-Dame, « Marie, mère de Dieu » (dixit l’"Ave Maria"). Aussi, les prélats qui se comportent comme des potentats avec ces femmes le font malgré la foi catholique et pas en accord avec les préceptes de cette dernière.

Maintenant (une fois n’est pas coutume), on doit féliciter le pape, qui "s’est engagé à accorder plus de place aux femmes au sein de l'Église catholique" (op. cit.). Et ce n’est pas anodin que cette information provienne d’un organe de presse dont "la dimension universelle, la rencontre entre foi et raison, l’amitié entre les hommes et les femmes d’aujourd’hui sont les lignes directrices que le journal du Vatican exprime" (L’Osservatore Romano).

C’est ce qui s’appelle nettoyer devant sa porte, dans l’attente que d’autres religions plus turbulentes, et nettement moins soucieuses du bien-être des femmes, en fassent autant.

Souvenons-nous, enfin, qu’"il n’y a plus ni esclave ni homme libre ; il n’y a plus ni homme ni femme : car vous n’êtes tous qu’une personne dans le Christ Jésus" (Épître de saint Paul aux Galates).

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