Refus de parloir pour Florian M. : « Rien ne justifie une telle mesure »

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Le policier auteur du tir sur Nahel est en détention provisoire à la prison de la Santé. Depuis trois semaines, il n'a toujours pas pu voir sa famille au parloir. Une mesure « vexatoire » et « humiliante », selon Me Pichon. En 25 ans de carrière, l'avocat de Jean Messiha n'a vu cela qu'une seule fois...

Marc Eynaud. Florian M., le policier mis en cause dans la mort du jeune Nahel, est toujours incarcéré et s’est vu refuser une demande de mise en liberté. Il n’a pas droit au parloir et n’a pas pu revoir ses proches. Est-ce normal ?

Frédéric Pichon. Ce n’est absolument pas normal. En 25 ans de carrière, j'ai vu seulement une fois un refus de parloir par un juge d’instruction dans un dossier éminemment politique, qui a d’ailleurs fini par une relaxe. Pour des raisons idéologiques, le juge avait voulu sanctionner mon client et son épouse enceinte de sept mois. En l’espèce, rien ne justifie une telle mesure. Cela pourrait se comprendre dans une affaire de stupéfiants en bande organisée où certains membres de la famille pourraient avoir des liens avec l’affaire, ou s'il y avait des risques de collusion et de concertation frauduleuse ; là, ça pourrait se justifier. Dans le cas de ce policier, cette mesure vise à humilier, à faire mal psychologiquement à ce policier. Cela ne se justifie pas sur le plan de l’enquête. C’est particulièrement grave, vexatoire, humiliant et cela vise à casser le moral des policiers.

M. E. Cette mesure est d’autant plus incompréhensible qu’il a commis cet acte dans le cadre de son service...

F. P. Encore une fois, même dans des dossiers plus graves, je n’ai pas vu de telles mesures rendues par des juges d’instruction. L’argument de dire qu’on le met en prison pour le protéger n’est pas recevable et l'État est incapable d’assurer la protection extérieure. Quand on utilise l’argument de la détention pour protéger les gens, c’est un détournement de la détention provisoire. La détention, c’est quelque chose, mais la privation de voir sa famille, c’est encore plus éprouvant pour une personne qui n’est pas rodée à ce genre de choses. Un policier ou un citoyen ordinaire n’est pas habitué à aller en prison comme un voyou de cité. Pour quelqu’un qui se trouve brutalement, du jour au lendemain, confronté à cette situation, cela prouve qu’on veut vraiment le casser. Ceci est éminemment choquant, quoi qu’il ait pu faire. Je ne prends pas position sur son geste, je n’ai pas un raisonnement idéologique, mais je trouve que c’est très choquant.

M. E. Ce policier a été soutenu par une partie de la population, la cagnotte initiée par Jean Messiha a été remise à la famille du policier. Cette cagnotte va-t-elle les aider ?

F. P. Oui, elle va être un soutien pour la famille. On va rentrer dans un temps long, il va y avoir des frais de justice, la solde du policier a été suspendue et il va falloir faire vivre la famille. Toutes les conditions légales et de probité ont été respectées dans la mise en œuvre de cette cagnotte. Elle a pu donc être versée dans son intégralité. J’ai entendu l’avocat de la famille de Nahel annoncer qu’il allait porter plainte. Les qualificatifs pénaux qu’il a utilisés ne tiennent absolument pas la route. Il n’y a pas de prétendu détournement de fonds dans cette cagnotte. Le nom du policier n’a pas été utilisé à des fins mercantiles.

On est dans un effet d’annonce, qui choque la gauche bien-pensante car une grande partie de la population apporte son soutien à ce policier. Une partie de la gauche française ayant des gènes liberticides, ils ont utilisé tous les moyens pour faire fermer cette cagnotte. Heureusement, cela n’a pas abouti.

M. E. L’avocat du policier a déposé une nouvelle demande de libération sous bracelet électronique. Qu’en est-il si le juge refuse à nouveau ?

F. P. Le juge des libertés et de la détention va décider. Le juge d'instruction va transmettre au procureur de la République et le juge des libertés et de la détention statuera et rendra une décision. Au bout de quatre mois, automatiquement, il y aura un débat sur la détention provisoire. Rappelons que le but de la détention provisoire, ce n’est pas une peine avant la lettre. Elle a pour objet d’éviter une concertation frauduleuse ou le risque de disparition de preuves. Je ne vois pas, aujourd’hui, ce qui justifie un bracelet électronique ou une détention provisoire. Avec qui ce policier irait-il se concerter ? Lorsqu’il y a un contrôle judiciaire assez fort, lui interdisant de rentrer en contact avec les autres policiers, cela me semble suffisant. Quant aux preuves, on a déjà tous les éléments. Je ne vois pas ce qui peut justifier une détention provisoire prolongée, sauf, peut-être, à calmer les banlieues. Par conséquent, nous ne sommes pas dans une décision judiciaire mais dans une décision où on achète la paix sociale en mettant en détention provisoire une personne. Il faut rappeler la présomption d’innocence, qui est un principe fondamental qui doit guider toutes les procédures pénales.

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Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

43 commentaires

  1. Holà tous les amis et commentateurs de BV, ne croyez-vous pas que nous sommes tous responsables de ce qui lui arrive à ce pauvre policier ?
    Le soir même où macron l’a jugé et désigné à la vindicte populaire, nous aurions dû comme un seul homme aller manifester devant l’Elysée afin que ce traître à la patrie soit destitué ! MAIS NOUS N’AVONS PAS BOUGE ! NOUS SOMMES AUSSI COUPABLES QUE CE JUGE !

  2. Le ministre de la justice n’est que le serviteur de Macron : celui qui a osé déclarer que le fraudeur racaille était un ange ne peut que donner l’ordre à Dupont de camoufler sa faute grossière par une mesure horriblement inique! La justice ça ?! Quelle honte !

  3. Les pires voyous ~ peut-être même les terroristes ~ ne sont pas soumis à ce régime inhumain . Le juge qui en décides est manifestement un islamo-gauchiste de 1e ! Proche de LFI …

  4. Quand on regarde bien la vidéo on voit très bien que ce policier n’est pas coupable d’avoir tiré délibérément pour tuer ce malfrat. C’est première chose que j’ai vue. Mais Macron par Toutatis l’a déclaré coupable. Un jour peut-être la police ou la gendarmerie lui rappellernt

  5. Ce pays est administré par des fous. Cette justice de parodie est sévère avec ceux qui nous défendent et pleine de mansuétude à l’égard des voyous qui pourrissent notre existence. Un conseil : Remettez ce policier en liberté et vite ! Et ne touchez pas à la cagnotte. ça va. La coupe est pleine. C’est plus que l’on peut en supporter ! Et maintenant, messieurs les policiers, vous voyez ce que l’on gagne à servir ce gouvernement. Tâchez, au moins d’en tirer des enseignements. Et la prochaine fois que Place d’Armes organisera une manifestation pour vous soutenir, abstenez-vous de nous verbaliser…

  6. Vous faites bien Monsieur Eynaud de nous signaler le comportement injustifié et abusif de la justice qui s’acharne à vouloir démolir le policier placé sous les verrous.
    L

  7. Plus on avance dans le temps et plus on atteint des sommets d’ignominie et ceci au plus haut niveau de l’état .Jusqu’où le français va-t-il accepter de se compromettre avec cette fange?

  8. Avant de mettre ce policier en détention et lui interdire toute visite on ferait bien d’incarcérer un grand nombre de gens du gouvernement y compris celui qui est à sa tête. Deux poids deux mesures. Lui au moins a fait son travail sans tricher.

  9. Cela renforce que les Français ont pris conscience que ce gouvernement est de gauche et que nos institutions sont mises à mal par des idéologies mortifères par rapport aux droits régaliens qui devraient s’appliquer . Force est constatée que ses dérives sont délétères pour le bien commun.

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