Racolage publicitaire pour les Gay Games : manquerait-on de candidats ?

C’est l’une des grandes gloires de madame notre maire - je parle de la mienne : Anne Hidalgo.

Mieux que l’Euro de foot, et mieux encore que les Jeux olympiques de 2024, Paris sera en 2018 l’hôte des Gay Games. Une manifestation que les capitales du monde libre se disputent, véritable symbole de cette mixité sexualo-festivo-participative qui est la marque de notre temps.

Comme le dit modestement la mairie de Paris, c’est "le plus grand événement sportif et culturel du monde ouvert à tous". Excusez du peu. Son slogan : « All Equal ». Ce qui est sémantiquement aussi tarte que le slogan des Jeux olympiques "Made for sharing", fruit de longues concertations au cours desquelles les gens ont "brainstormé", comme on dit aujourd’hui. Plus précisément, écrit la mairie sur le site consacré à la chose : c’est "un événement engagé pour l'inclusion et le respect de la diversité".

Il y aura donc plein de candidats à l’engagement pour l’inclusion. En fait, autant qui le souhaiteront, et ça, voyez-vous, c’est une nouveauté dans les compétitions sportives : tous aux Gay Games ! Car le seul critère de sélection n’est pas la capacité à concourir, encore moins la performance. Non, c’est juste la possibilité de banquer pour les frais d’inscription et l’hébergement. La sélection par le porte-monnaie.

Allez-y, dit la pub qui tourne en boucle depuis ce matin sur les radios d’État (manquerait-on de candidats ?). Inscrivez-vous, les premiers arrivés seront les premiers servis. Il suffit de se rendre à la rubrique "Inscrivez-vous" sur Paris2018.com :
"Pourquoi s’inscrire au plus vite ?"
Premier inscrit, premier servi : toutes les activités proposées ont un nombre limité de places. Pour garantir votre participation dans votre activité préférée, vous devrez vous inscrire au plus vite.
Planification : Paris 2018 aura davantage de temps pour planifier les événements selon vos souhaits et préparer votre voyage et votre logement avec nos partenaires KTS France et MisterB&B[ref]Au cas où vous ne l’auriez pas deviné, Misterb&b est le spécialiste de l’hébergement gay.[/ref].
Économique : vous bénéficierez des meilleurs prix non seulement pour votre inscription mais aussi pour votre voyage et séjour grâce aux offres négociées spécialement pour vous avec notre agence de voyage réceptive KTS France et Misterb&b. Voyagez de préférence avec nos partenaires."

Il paraît que "toute la France se mobilise pour réussir les Gay Games". De fait, sportifs ou pas, gay ou pas, tout le monde peut participer. Seule condition : avoir 18 ans minimum. Après, c’est no limit. On peut même le faire en déambulateur. Il suffit de payer. D’abord l’inscription de base, puis celle de la discipline où l’on veut concourir. Actuellement, on est dans le "tarif malin" (du 1er octobre au 31 décembre 2017), soit 2.000 inscriptions à 175 euros. Après, ça grimpe : les derniers arrivés paieront 205 euros. Si vous êtes tenté, vous pouvez vous inscrire en pétanque pour 30 euros ou, si vous avez une santé de fer, pour la natation dans le bassin de la Villette : 60 euros. Pour la voile, forcément, c’est plus cher : 285 euros, ou même 100 euros pour le semi-marathon. 
Et, comme toujours, il faut lire les petites lignes du contrat. Celle-ci, par exemple : "À noter : Paris 2018 se réserve le droit de modifier les tarifs d’inscription à tout moment."

Enfin, dans cet océan de tendresse et de partage, il y aura tout de même une ombre au tableau : le parrain et président d’honneur de la manifestation, Pierre Bergé, ne pourra pas lancer ces olympiades de l’inclusion et de la tolérance qui ambitionnent d’"assurer l'égalité à l'échelle mondiale, pour les personnes LGBTIQ+[ref]Appartenant ou relatif à la communauté homosexuelle, bisexuelle, transgenre, transsexuelle, intersexe ou queer.[/ref] et pour toutes les personnes".

J’arrête là, j’en pleure de bonheur.

Marie Delarue
Marie Delarue
Journaliste à BV, artiste

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