Quand l’Europe mord la main qui secourt les Ukrainiens

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Tandis que la Cour suprême des États-Unis pourrait laisser chaque État libre d'interdire ou d'autoriser l'avortement, la situation est loin d’être comparable dans notre vieille Europe progressiste. Et pour cause : le Parlement de Strasbourg vient d’adopter, le 5 mai, un texte sur l’impact de la guerre contre l’Ukraine sur les femmes. Un document qui demande d’accorder une attention particulière à la situation des femmes, notamment dans les méchants pays que sont la Pologne et la Hongrie.

La Pologne pourrait s'honorer de compter le plus grand nombre de réfugiés par habitant (2,8 millions). La Hongrie en accueille généreusement 476.000 et, à titre de comparaison, ce sont 70.000 réfugiés ukrainiens qui sont arrivés en France. Autant dire que la Pologne et la Hongrie devraient a minima susciter la reconnaissance et la fierté de l’Europe si attentive aux droits des femmes. Mais non. Un hiatus idéologique dérange l’institution. Les femmes ukrainiennes accueillies dans ces pays conservateurs pourraient courir un autre grave danger : celui de ne pas pouvoir avorter.

Ainsi, le texte adopté le 5 mai s’inquiète de ce « que l’accès à la contraception d’urgence est gravement entravé en Pologne et en Hongrie » et que des « femmes enceintes fuyant l’Ukraine qui ne sont pas en mesure d’interrompre leur grossesse, en raison de l’interdiction de fait de l’avortement en Pologne ; que l’avortement médical en début de grossesse n’est pas légal en Slovaquie et n’est pas permis en Hongrie ». Qu’à cela ne tienne, le texte « invite l’Union européenne et les pays d’accueil et de transit à garantir l’accès aux services pour la santé ». Pour cela, la Commission et les États membres pourront bénéficier de mesures supplémentaires, de fonds et de mécanismes de l’Union.

Mais le texte n’oublie pas d’insister « sur le fait que le Parlement devrait superviser la manière dont les fonds sont dépensés, en particulier dans les pays où des violations de l’État de droit sont en cours, tels que la Pologne et la Hongrie ». Au passage, le document « réaffirme que le principe de l’intégration de la dimension de genre […] est un principe fondamental de l’Union ».

L’adoption de ce texte s’ajoute à un contexte de sanctions déjà en cours puisque, pour mémoire, la Commission européenne avait lancé contre la Hongrie une procédure de gel des versements en cas de violation des principes de l’État de droit. La Pologne et la Hongrie avaient déposé un recours devant la Cour de justice de l’Union européenne (CJUE) pour annuler ce mécanisme, mais il a été rejeté le 16 février. Le 5 avril, sous des salves d'applaudissements des eurodéputés, Ursula von der Leyen annonçait mettre ainsi la Hongrie en demeure pour activer le mécanisme...

Iris Bridier
Iris Bridier
Journaliste à BV

Vos commentaires

22 commentaires

  1. Mais ce seront de futurs enfants a adopter puisque nos pays en baisse de démographie et ces femmes qui veulent à tout prix un enfant par PMA, GPA, voilà une occasion d’adopter un enfant

  2. Les exemples de la Pologne et de la Hongrie nous montrent que lorsque le parlement d’un pays n’adopte pas une directive européenne la faisant entrer dans son droit (conformément à la convention de Lisbonne de l’UE) cette directive n’est pas opposable au pays et l’UE ne peut rien contre. Le baratin de sanctions est bidon car l’UE encaisse plus qu’elle ne verse de subventions aux Etats. En France nous versons plus de 9 milliards de plus que nous recevons par an.

  3. Je me fais beaucoup de souci pour tous ceux qui avaient commandé un bébé en Ukraine. Seront-ils livrés à temps?

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