[POINT DE VUE] Yaël Braun-Pivet : conjurer la dissolution

La présidente de l'Assemblée fait l'affairée dans un Parlement qu'elle dit « tourner au ralenti ».
Capture d'écran
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La Macronie joue un ballet assez drôle : montrer qu'elle travaille, alors qu'elle est impuissante et en pleine déliquescence. Alexis Kohler a été le plus franc : il a quitté le navire. Les autres sont sur le pont en multipliant les numéros. En fait, ils cherchent surtout à meubler le délai qui les sépare d'une nouvelle dissolution. Faire comme si. Comme s'ils avaient une majorité. Comme s'ils traitaient vraiment les problèmes des Français. D'où, cette semaine, le discours surréaliste de François Bayrou sur l'état des finances publiques, avec ce slogan : « La vérité permet d’agir. » Et, ce vendredi 18 avril, c'est Yaël Braun-Pivet, quatrième personnage de l'État - et troisième de la Macronie -, qui est venue, au micro de Sud Radio, réciter sa petite complainte de l'action en souhaitant une session extraordinaire pour juillet et septembre.

Une présidente de l'Assemblée qui brasse beaucoup de vent

Ces derniers temps, la présidente de l'Assemblée s'est surtout montrée très présente dans les médias pour faire la promotion de son livre et s'ériger en nouvelle icône du féminisme. Mais Gabrielle Cluzel l'attendait au tournant, dénonçant le vide ou l'hypocrisie de ses positions et de ses victoires, comme cette loi sur la parité dans les conseils municipaux des petites communes. En fait, Yaël Braun-Pivet a du mal avec le réel, comme l'a aussi montré sa volte-face stupéfiante sur l'exfiltration des journalistes de Frontières : après avoir collé à la version de la gauche les dénonçant comme les fauteurs de trouble, elle a été contrainte de rétropédaler.

Session extraordinaire ? Pour quels textes ?

Et là, quel prétexte avance-t-elle pour justifier cette nouvelle trouvaille de la session extraordinaire, alors que l'immobilisme de Bayrou ne trompe personne ? « Je ne me résous pas à avoir un Parlement qui tourne au ralenti, je veux travailler, je veux légiférer, nous avons des réformes à porter pour les Français », assène-t-elle à Jean-Jacques Bourdin, confirmant au passage que le macronisme finissant fait du surplace. Des textes sur l'immigration, l'insécurité, le redressement des comptes publics ? Non : des textes « importants », comme ceux sur la simplification de la vie économique, la fin de vie, la programmation pluriannuelle de l'énergie, le statut de l'élu. La fin de vie, surtout, on avait compris. Que les Français attendent avec impatience.

Session extraordinaire ? Ou censure et dissolution ?

Mais tout le monde sait que plus nous nous rapprochons de l'anniversaire de la dissolution, plus nous nous rapprochons probablement d'une nouvelle dissolution. Les planètes s'alignent vers une censure : un RN ulcéré par le sort fait à Marine Le Pen, des LR qui, avec Retailleau et Wauquiez, vont être de plus en plus sévères pour Macron. Mais aussi la question budgétaire, évidemment. Sans compter les dossiers hautement inflammables : attaques de prisons, question algérienne, etc. On voit mal comment Macron et Bayrou, s'ils échappaient à la censure en mai-juin, prendraient le risque que l'orage éclate en pleine session extraordinaire. En effet, une session extraordinaire permet à un député, même s'il a déjà signé trois motions de censure en session ordinaire, d'en signer une nouvelle... Alors, Yaël Braun-Pivet, complètement hors-sol sur la censure, aussi ? Pas tout à fait. En fait, elle aussi a déjà censuré le macronisme quand elle a déclaré, ce vendredi 18 avril : « J'ai été déçue par le macronisme dans son ensemble. » Dans son livre, elle parlait d'« immense déception ». Ou comment inventer le macronisme sans Macron, à son profit. Un peu gros, tout de même, le coup de la « déception » du haut du perchoir...

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Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

Vos commentaires

45 commentaires

  1. A l’unanimité les lecteurs de B.V ,comme sans doute l’ensemble des Français, estiment que Mme Braun Pivet ne « fait pas le poids »(pour résumer simplement). !

  2. Mme Braun-Pivet n’est pas à la hauteur ( de sa tâche à L’assemblée ). Même Juju ( Dray ) le dit ! Aucune poigne, bref, LFI fait plus ou moins ce qu’ils veulent. Cette dame semble toujours étonnée, comme résignée, sans autorité ( comme lorqu’elle s’est faite  » accueillir » dans une université… pas même de plainte si je me souviens bien). Oh, elle n’est pas bien redoutable ni négative, mais comme beaucoup d’autres, d’ailleurs, pas du tout faits pour le job…

  3. Quatrième personnage de l’état , le poste est beaucoup trop important pour elle , je n’ai jamais compris ce qu’elle faisait là , mais en macronie , plus vous êtes nul et plus vous avez vos chances , soyez fiers d’être des amateurs qu’il disait , ça se confirme .

  4. La dissolution paraîtrait la plus
    significative, à condition que les Français par leur vote dégagent une vraie majorité ;sinon, on revient aux errements actuels.

  5. Braun-Pivet, une macroniste qui jusqu’à il y a quelques jours avait plutôt fait un bon parcours…
    Mais qui a tout foiré en une seule déclaration « contre » les journalistes de « Frontières »* !
    Elle doit s’accrocher à son fauteuil, car elle s’est mise toute la droite sur le dos, y compris les LR-Wauquiéistes et quelques gauchos modérés.
    Vite, un bon vote de défiance qui bloque tout le premier ministre et son gouvernement…
    Suivi d’une bonne dissolution, suivie d’un référendum, et suivi de tout ce dont nous rêvons tous, la réforme sur le nouveau système électorale concocté par Macron pour les petites communautés n’étant pas encore inscrite dans le marbres.
    * même si elle est revenue sur ses déclarations, trop tard, le mal était et est fait !

    • « Braun-Pivet, une macroniste qui jusqu’à il y a quelques jours avait plutôt fait un bon parcours… »
      J’ai failli tomber de ma chaise ! …
      WAHOU ! … C’est facile à comprendre pourquoi ces gens se permettent tout puisque les « moutons » continuent à bêler : « encore … encore et toujours … »

      • Ça vous a peut-être échappé, mais, et Dieu sait que je ne suis pas macroniste, elle était plutôt équilibrée jusqu’alors politiquement parlant.
        Relevez vous, vous avez sûrement lu pire, mais vrai !

  6. La première intention est toujours celle à retenir. Elle relève de la spontanéité, du réflexe impulsif, de l’expression la plus naturelle. Yaël Braun Pivet s’est découverte en soutenant l’extrême gauche. Son rétropédalage n’est que cinéma. Chassez le naturel il revient au galop.
    La macronie n’est qu’un Titanic qui s’ignore. Elle tente d’obstruer les brèches mais elles sont si nombreuses que c’est en vain. Macron ne sera pas le dernier sur le pont. Sa peur, ses peurs au moindre souffle contraire, sont révélatrices de sa couardise.

  7. La présidente de l’Assemblée n’est pas à sa place , elle ne fait pas le travail que l’on attend d’une présidente, elle est lâche et de ce fait n’arrive pas à faire respecter l’ordre et la démocratie.

  8. Ayant réussit à se maintenir au perchoir de l’Assemblée après dissolution, la Présidente Yaël Braun Pivet justifie pleinement cette « nomination » dans des déclarations qui ont l’accent du « récité » par convenance et connivence avec l’Elysée.

  9. Depuis qu’elle a torpillé la commission d’enquête sur l’affaire Benalla, cette femme a, à mes yeux, perdu tout crédit, alors elle peut s’agiter tant et plus sur son perchoir, à tort ou à raison, cela m’indiffère…

  10. Par contre, elle ne tourne pas au ralenti, elle, avec les dizaines de larbins à son service, payés par le contribuable. Ce qui lui donne même le temps d’écrire des bouquins, ce qye très peu de gens exerçant réellement des responsabilités ont le temps de faire. Combien d’économies à faire si cette personne vivait sans tous ces privilèges ? Et elle n’est malheureusement pas la seule privilégiée au pays de l’abolition de ces privilèges, bon soit disant. D’ailleurs, en jour férié, on pourrait supprimer le 14 juillet, une des pires fourberies de notre histoire.

  11. Mme Braun-Pivet .. l’illustration du «  parler pour ne rien dire » De l’opportunisme décomplexé. L’image d’une personne qui est loin d être à la hauteur de ses ambitions . Rien d autre à dire sur elle .

  12. Madame Braun-Pivet a le même et unique objectif que Bayrou : durer.
    Pour quoi faire ? peu importe pourvu qu’on soit sur la photo.

    • Pour faire ? N’est pas leur objectif, leur objectif c’est leur carrière (Bayrou y a mis le temps malgré ses multiples trahisons) et leurs privilèges et évidemment le chèque de fin de mois. A partir du moment où la politique est un métier les intérêts particuliers priment au détriment de l’intérêt de la France et des français. Jadis c’était différents les gens qui entraient en politique étaient plus fortunés ou bien payés par leur parti, alors arrivés à l’Assemblée, ils en profitaient pour faire quelques affaires lucratives, mais ils étaient plus motivés par l’avenir de la France, étaient souvent réélus ce qui permettait de faire une politique à long terme, puis mai 68 a changé la donne ouvrant l’assemblée plus démocratiquement, il faut le dire, mais au fil des decennies on voit où on en est arrivé et le pire étant l’exemple de LFI

    • Madame Braun-Pivet a le même et unique objectif que Bayrou : durer.
      Pour quoi faire ? peu importe pourvu qu’on soit sur la photo…. Surtout….. surtout pour tous les privilèges, les avantages en natures ou autres et bien entendu: LA GAMELLE.

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