[POINT DE VUE] Présidentielle en Pologne : un premier tour sous tension

Ce dimanche 18 mai aura lieu le premier tour de l’élection présidentielle polonaise, en même temps que le deuxième tour de l’élection présidentielle roumaine. Comme en Roumanie, où l’on voit se profiler l’arrivée probable du souverainiste Simion à la présidence du pays dans un retour de bâton spectaculaire pour les élites libérales, l’élection présidentielle polonaise se déroule dans un climat électrique, marqué par des accusations de manipulation médiatique, d’interférences politiques et de violations des règles de la démocratie et de l’État de droit par le gouvernement du libéral Donald Tusk, soutenu par Bruxelles. Et c’est bien le spectre d’une invalidation de l’élection à la roumaine, en cas de victoire du candidat conservateur contre celui de Tusk, le maire de Varsovie Rafał Trzaskowski, qui hante aujourd’hui la Pologne. En Pologne, de nombreux observateurs redoutent un scénario similaire et leurs craintes ont été encore renforcées avec la condamnation de Marine Le Pen qui devrait l'empêcher de se présenter à la prochaine élection présidentielle française, puis avec la parution, en Allemagne, du rapport de l’Office de protection de la Constitution classifiant l’AfD, principal parti d’opposition, comme organisation « extrémiste ».
Une campagne polonaise déséquilibrée
La campagne présidentielle polonaise s’est déroulée dans un climat de forte polarisation, mais surtout d’inégalité flagrante entre les candidats, puisque le gouvernement de Donald Tusk a refusé, malgré l’injonction de la Cour suprême (la Cour de cassation polonaise), de verser cette année la subvention due au parti Droit et Justice (PiS). Ainsi, si l’on a pu voir les affiches de Trzaskowski surgir partout en Pologne, celles de Karol Nawrocki, le candidat du PiS, sont beaucoup plus rares, faute d’argent.
Cette semaine, quelques jours avant le scrutin, l’agence gouvernementale NASK, censée surveiller l’intégrité de la communication politique, a fait planer le doute en affirmant qu’une campagne publicitaire sur les réseaux sociaux, supposément en faveur de Trzaskowski, visait en réalité à le discréditer et semblait financée par des fonds étrangers, sans doute russes. Or, il est vite apparu que ces spots inondant les réseaux sociaux soutenaient bien Trzaskowski contre ses principaux contre-candidats – Nawrocki, mais aussi le libéral-conservateur Sławomir Mentzen, soutenu par l’alliance des libertariens et des nationalistes chrétiens Konfederacja – et qu’ils étaient, en outre, financés et diffusés par des gens proches de la Plate-forme civique de Donald Tusk, à la tête d’organisations subventionnées, entre autres, par la nébuleuse sorosienne.
La fin de la démocratie en Europe ?
L’inquiétude est d’autant plus vive que certains responsables européens n’ont pas hésité à évoquer ouvertement le recours à des méthodes similaires dans d’autres pays. Le commissaire européen Thierry Breton déclarait ainsi, en janvier dernier : « On l’a fait en Roumanie et il faudra évidemment le faire, si c’est nécessaire, en Allemagne. » En Pologne, cette citation a eu l’effet d’une onde de choc, renforçant le sentiment chez une partie de l’électorat que la Commission européenne pourrait fermer les yeux, voire cautionner, des irrégularités dans le processus électoral si elles permettent de faire barrage aux forces conservatrices ou souverainistes.
D’autant plus que ces propos s’inscrivaient dans le projet de « bouclier européen de la démocratie » lancé par la présidente de la Commission européenne l’année dernière, deux mois après qu’elle avait déclaré, devant un congrès du Parti populaire européen (PPE), en avril 2024 à Athènes : « Notre Europe pacifique et unie est remise en cause comme jamais auparavant par des populistes, des nationalistes et des démagogues. […] Qu'il s'agisse de l'AfD, du Rassemblement national, de Konfederacja ou de Vazrazhdane, les noms peuvent être différents, mais l'objectif est le même [...] Ils veulent piétiner nos valeurs et détruire notre Europe et nous, le PPE, ne laisserons jamais cela se produire. »
Des sondages serrés pour un enjeu majeur
À en croire les derniers sondages, la course reste très ouverte, en Pologne. Rafał Trzaskowski est toujours en tête, mais a malgré tout perdu près de dix points dans les intentions de vote depuis le début de l’année, passant de plus de 40 % à un peu plus de 30 %. Nawrocki, de son côté, tourne autour de 25 % mais pourrait bénéficier d’un bon report des voix de Mentzen, le troisième candidat de tête qui tourne autour de 15 % des intentions de vote. Trzaskowski souffre d’un manque de crédibilité après avoir cherché à se faire passer pour un conservateur et un souverainiste pendant toute la campagne alors que, vice-président de la Plate-forme civique (parti membre du PPE), il en a toujours été un des représentants le plus pro-LGBT, pro-UE, pro-Pacte vert et pro-avortement.

Karol Nawrocki, candidat du PiS
Inquiétudes internationales et deux poids deux mesures
Les tensions politiques internes polonaises ont franchi les frontières. Il y a quelques jours, le Congrès américain a exprimé ses inquiétudes concernant les actions du gouvernement de Donald Tusk, notamment en matière de liberté d’expression mais aussi pour ses répressions politiques contre l’opposition conservatrice et contre les catholiques. Les membres de la Commission de la justice du Congrès s’interrogent, dans une lettre adressée à la Commission européenne, sur les contradictions d’une Union européenne prompte à sanctionner des dérives supposées dans des pays à gouvernements conservateurs (comme la Hongrie ou la Pologne sous le PiS) mais silencieuse sur les atteintes à la démocratie et à l’État de droit dans la Pologne actuelle, dirigée par la coalition gaucho-libérale de Tusk.
Le risque d’une crise démocratique
Alors que le président du Tribunal constitutionnel polonais dénonce un « coup d’État rampant » de la part de Donald Tusk et de sa coalition gouvernementale, faire élire Trzaskowski permettrait au Premier ministre de se libérer du veto présidentiel et, donc, de pouvoir faire voter toutes les lois nécessaires afin de légaliser les actions illégales entreprises depuis son retour au pouvoir en décembre 2023. L’enjeu de cette élection est donc crucial pour les leaders de sa coalition conscients que, en cas de retour du camp conservateur au pouvoir, certains d’entre eux pourraient encourir de lourdes peines de prison.
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24 commentaires
L’URSS fière de ses méthodes , s’en vantait ouvertement . La Commission de Bruxelles paniquée devant le souffle populiste qui s’étend sur l’Europe , a beaucoup de difficultés a cacher les siennes .
« L’ingérence russe » a donc forte valeur d’argument politique et…encore de beaux jours devant elle !
Les polonais de 2025 ne sont plus ceux des années 80 et de Solidarność mais ils ne sont sans doute pas tous devenus des moutons français. Attention donc aux réactions face à la dictature européenne…
Le Frexit d’abord
Il s’en passe des élections ce 18 mai !
Suivons cette Hongrie, et voyons si la démocratie résiste.
Panier de crabes !
L’U.E. n’a jamais été une démocratie, mais elle s’en éloigne de plus en plus dangereusement.
C’est parfaitement exact La démocratie c’est le gouvernement du peuple par le peuple et pour le peuple donc très éloigné de la ploutocratie européenne impériale
Ce que l’Europe reproche à la Russie elle le fait en interne c’est pire encore quant on se revendique une démocratie.
Que vous faut-il de plus __ et merci à cet article de l’avoir souligné __ pour comprendre que le communisme avait accompli sa mutation comme l’avait annoncé Vladimir Volkoff et qu’il régnait désormais en maître à l’ouest de l’ancien rideau de fer …?
La Hongrie et la Slovaquie resteront donc un phare dans la nuit qui s’est abattue sur l’Europe qui ne cache même plus ses desseins anti-chretiens .On aimerait entendre une condamnation sans équivoque du Pape contre ces agissements …mais n’est ce pas trop en demander après que les fumées de Satan aient envahies le concile qu’il ne faut pas nommer …?
À suivre
La tentation de l’Europe pour la dictature se manifeste de plus en plus clairement. Une batterie de nouvelles lois est promulguée chaque mois pour museler le peuple.
On le sait, l’essentiel est que la Pologne autorise l’IVG ! Suivi du mariage pour tous, des théories du genre et de l’euthanasie. Bref tous les « progrès sociétaux » prônés par l’UE. Autre volet : l’immigration. La Pologne doit ouvrir grand ses portes aux populations musulmanes. In fine si la Pologne pouvait éliminer le Christianisme elle recevrait un satisfecit et pourrait prétendre aux largesses financières d’une UE qui n’a que 14 000 milliards de dette. Quand on aime on ne compte pas.
Pourvu que l’UE dictatoriale ne puisse rien faire pour empêcher ces 2 souverainistes de gagner leurs présidentielles respectives pour le bien de leurs peuples !!!!!
L’UE devient totalitaire avec tous ces bolcheviques woke 2.0
À votre sous-titre « La fin de la démocratie en Europe? » je réponds OUI, sans aucune hésitation: il suffit de lire et entendre les propos de Von der Leyen, de Breton, de Macron et sa potiche Hayer, de Tusk, … et j´en passe, pour se rendre compte qu´on est passé, en une trentaine d´années, d´une belle idée de fédérer les peuples pour éviter les guerres, à un machin opaque, quasi mafieux (les valises de billets…), broyeur des nations . J´étais très européen, je ne me reconnais plus du tout dans cette union européenne ( les minuscules s´imposent) et je la verrai imploser avec grand plaisir. Le peu qu´elle apporte est largement compensé très négativement par les nuisances qu´elle répand chaque jour.
L’Europe des nations et c’est tout ! Cette UE dictatoriale et non élue nous a tous ruiné et veut nous remplacer !
Frexit , vite !
Michel d. Vous avez déclaré avoir été très européen et que vous le déplorez aujourd’hui, hélas,il est peut-être trop tard maintenant,il fallait y penser avant en 1992 lors du référendum de Maastricht ou j’ai voté Non car je savais quelles en seraient les conséquences. Pourtant les idées des opposants de l’époque comme Philippe De Villiers,Pasqua, Seguin, Chevènement et d’autres aussi avaient parlé des conséquences du Oui à Maastricht, mais apparemment pas assez ne l’ont compris.Il faut assumer maintenant.
Dire que l’on moque les »républiques bananières » d’un continent du sud .
Et tout ça, avec votre argent, mon brave.
Le pavillon européen, la guerre des étoiles ?
le « machin » disait l’autre.
Si les peuples ne comprennent pas que l’UE est un régime en voie de « totalitarisme » accéléré, alors c’est qu’ils veulent être asservis (position bien plus confortable que d’être libre…). Dans ce cas, on ne peut plus rien pour eux et l’UE deviendra à la fois fédérale et sera une nouvelle URSS. Vu ce qui s’est passé ces dernières années, une société d’obéissance et de pass ; la masse aimera ça. 1 000 ans de construction de la liberté et de la prospérité réduites à néant en quelques années.
Je partage complètement votre analyse.
Bravo!