Comme les Français le ressentaient, et à rebours de ce que disent souvent les politiques, en neuf ans, les Français ont perdu en moyenne 1,7 % de pouvoir d’achat. Les 10 % les plus pauvres (on parle de premier décile) sont les plus atteints : la baisse atteint 8,9 % - une catastrophe. Dès le deuxième décile, la diminution est moins marquée (–3,4 %), elle s’affaisse régulièrement jusqu’au septième décile (-0,44 %) avant de rebondir à nouveau jusqu’à –2 % pour les premiers déciles, rattrapés par l’augmentation du montant des impôts et les réformes du quotient familial et des allocations.

Ce désastre est inédit depuis la Seconde Guerre mondiale et la crise de 1929, mais il tient surtout à l’affaissement brutal de la croissance. Notre PIB n’a augmenté en moyenne que de 0,3 % par an entre 2008 et 2016 alors que nous atteignions les +5,3 % par an pendant les Trente Glorieuses et +2,5 % entre 1974 et 2007, avec des trous d’air dus aux divers krachs et crises pétrolières. Mais ces périodes de disette duraient un an, au pire deux, alors que nous sommes en quasi-stagnation depuis dix ans.

Certains pourraient incriminer l’euro, mais plusieurs pays de l’Union européenne, qui n’ont pas rejoint la monnaie commune comme l’Angleterre, ont une évolution semblable à la nôtre. Quelques rares nations européennes s’en tirent mieux, mais il s’agit soit des pays très en retard (Slovaquie, Hongrie, Roumanie) soit des plus avancés comme l’Allemagne (qui a l’euro !) ou la Suisse.

Dans le monde, le PIB a continué d'augmenter au même rythme, ou presque, qu’avant la crise de 2008.

Les USA sont revenus à un taux honorable (plus de 2 %). Le Japon continue à stagner, mais sa panne a commencé il y a trente ans et nulle éclaircie n’est à attendre. Le taux de croissance de la Chine était modeste avant 2000 ; il a explosé entre 2000 et 2015 à plus de 10 % et s’affaisse régulièrement depuis, mais reste au-dessus de 8 %. L’Inde suit un décollage similaire au Céleste Empire, mais en retard. Actuellement, une partie des nations africaines (Éthiopie, Côte d’Ivoire, Ouganda) voient leur PIB exploser, avec une augmentation de plus de 10 %. Mais des pays qui avaient construit une industrie cohérente (grâce à leurs minorités blanches ?) - l’Afrique du Sud et la Rhodésie - sont à la dérive.

Alors, que conclure de cette avalanche de chiffres ? D’abord, que les taux miraculeux ne durent jamais et n’accompagnent que les décollages économiques. La crise a frappé tous les pays ayant un certain niveau. Sur une quarantaine de pays les plus avancés, rares sont ceux qui sont revenus au-dessus de 2 %, et les raisons qui leur ont permis d’échapper à la malédiction économique sont différentes. Ils ne suivent absolument pas la même politique économique ! On ne peut donc dégager aucune recette à appliquer les yeux fermés. Néanmoins, cela prouve qu’on peut renverser la tendance et reprendre l’expansion. Nous ne sommes malheureusement pas une exception, mais le nouveau Président peut (qui sait), par une politique vigoureuse, redonner du pouvoir d’achat aux Français. Cependant, ne nous leurrons pas : tout passera par une croissance soutenue du PIB.

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03 avril 2017 à 15:05

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