À la téloche, il y a toujours une "Pause-café" (Véronique Jannot), comme en politique (Florian Philippot). Ainsi, ce dernier aurait proposé de se faire un petit noir à deux et entre quatre yeux avec Alexis Corbière (France insoumise) ; voire même Laurent Wauquiez (Les Républicains). Ce devrait être pour une prochaine tournée au zinc, sachant que les deux invités en question ont un peu décliné l’invitation. Voilà qui bouscule le Landerneau journalistique depuis ce dimanche dernier.

Pour le reste… une vaste blague ! Il y a belle lurette qu’hommes et femmes politiques se parlent et négocient par d’autres canaux que ceux des tweets. Assez logiquement, Alexis Corbière ne peut faire moins que de prétendre que "les Insoumis préfèrent le café chaud au café facho", tout en ne donnant pas suite à l’affaire… Au même titre qu’un Laurent Wauquiez, n’ayant pas encore répondu sur les réseaux sociaux à cette proposition n’ayant rien de malhonnête, doit être à la recherche d’une de ces blagounettes susceptibles de privilégier sa virginité républicaine : « Pas d’ascenseur pour les fachos », comme l’aurait soufflé Miles Davis en sa trompette ?

Bref, tout cela n’est que du cake. Jean-Luc Mélenchon guigne autant les voix de Marine Le Pen (Front national de gauche et du Nord) qu’un Laurent Wauquiez mettrait bien son dévolu sur les suffrages d’une Marion Maréchal-Le Pen (Front national de droite et du Sud).

En revanche, est-ce que Florian Philippot et Nicolas Bay prendront bientôt un café ensemble ? Rien n’est moins sûr… Dans la vieille maison lepéniste, le premier n’est que nouveau venu, fragile. Dans cette même entreprise familiale, le second n’est jamais qu’ancien traître, mégrétiste repêché avant noyade. Le talent de Marine Le Pen consiste, actuellement, à solder les comptes d’une campagne présidentielle dont le relatif échec lui est malgré tout imputable et imputé, tout en n’obérant pas l’avenir du parti dont elle est présidente – qui d’autre qu’elle, de fait ? –, tout en cherchant à maintenir les équilibres internes.

Pour Philippot, la souveraineté de la France. Pour Bay son identité. Le premier concept est plus aisé à définir : souveraineté monétaire et frontalière. Le second, cheval de bataille de certains « historiques » du Front national, demeure plus délicat à définir. Qu’est-ce qu’être Français, en d’autres termes ? Il ne suffit pas de savoir « qui » on ne veut pas devenir pour définir « qui » l’on est. La religion ? La couleur de peau ? Le goût de la République ? Ou celui de ces quarante rois ayant fait la France ? Clovis ou, plus avant, Vercingétorix ?

Et c’est probablement là que se dessinent les clivages à venir, fussent-ils internes à ce FN dont on ne sait ou pas s’il changera de raison sociale. Non sans raison, Nicolas Bay affirme : "La notion de souveraineté, utilisée seule ou comme un absolu, peut apparaître abstraite et désincarnée…" En revanche, celle "d’identité constitue la réponse face à la logique globale qui s’exprime tant à travers l’immigration massive, la menace islamiste et la folie matérialiste"

Et du sien, Florian Philippot s’inquiète quant à un discours lepéniste tenu pour « raciste », tout en s’alarmant de la dialectique d’un mouvement devenu incapable de parler "aux Français issus de l’immigration". Le débat ne remonte pas à hier et, en 2007, Jean-Marie Le Pen ne dédaignait déjà en rien le « beuro-lepénisme » ; sachant que le Patriarche n’en finit plus de se vanter d’avoir été le premier à faire élire des Français qui, vu les élégances de l’époque, ne l’étaient que de loin.

Une dernière petite chose pour conclure. Que le Front national cherche des alliances avec tel ou tel parti de droite ou de gauche, personne ne veut s’allier avec lui, pour des raisons plus ou moins justifiées. À croire que la seule union qui vaille pour l’un des plus vieux partis de France consiste plus à aller chercher du côté des électeurs plutôt que de ces élus prétendant les représenter.

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24 juillet 2017 à 23:34

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