[CINÉMA] Conclave, le Vatican sous le crible de l’idéologie woke
On nous l’a promu et survendu, dans la presse, à la radio, sur Internet, sur les affiches de bus… Conclave, d’Edward Berger, était l’un des films « les plus attendus de l’année ».
Naturellement méfiant, compte tenu du traitement habituellement réservé à l’Église par l’industrie cinématographique, nous étions néanmoins curieux de ce projet scénarisé par Peter Straughan, l’homme à qui l’on doit l’excellent film d’espionnage La Taupe, adapté de John Le Carré et réalisé, en 2011, par Tomas Alfredson. En outre, le roman Conclave, dont est tiré le scénario, fut écrit par Robert Harris, auteur du polar L’Homme de l’ombre qui, porté à l’écran par Roman Polanski en 2010, donna le très bon film policier The Ghost Writer. En somme, Conclave s’annonçait sous de bons auspices.
Le récit s’affiche comme un thriller au Vatican, un huis clos dans les plus hautes sphères de l’Église catholique et romaine. À la mort du pape, survenue inopinément dans son sommeil, le cardinal Lawrence a pour lourde tâche d’organiser le conclave qui désignera le prochain souverain pontife. Étant lui-même traversé par le doute, Lawrence n’envisage pas un seul instant de porter la tiare. Pour lui, le cardinal Bellini, Américain de convictions modernistes et progressistes, est le meilleur candidat possible, le seul capable de faire échec au cardinal Tedesco, conservateur proche des milieux traditionalistes, qui a l’outrecuidance de remettre en question les orientations idéologiques du concile Vatican II… Parmi les candidats, l’on retrouve également le cardinal nigérian Adeyemi, populaire en Afrique mais dépeint comme homophobe, et le cardinal Tremblay qui, mystérieusement, a été sommé par le défunt pape, quelques heures seulement avant sa mort, de donner sa démission.
Une Église forcément vérolée…
À mesure que s’enchaînent les votes pour départager les candidats, les tractations s’intensifient, avec leur lot de coups bas, d’invectives, de dénonciations en tous genres et de révélations. Le réalisateur, de toute évidence, se complaît dans la représentation d’une Église politicarde, largement déspiritualisée, vérolée par le péché, la simonie et la corruption. Une vision toute protestante de l’institution catholique qui réjouira, à coup sûr, les bobos laïcards et anticléricaux, et les cathos de gauche les plus zélés à faire acte de contrition et à se coucher systématiquement devant les diktats de la modernité.
Caricatural, manichéen au possible, le récit nous présente l’alternative suivante : soit les lumières de la raison et les forces du progrès, portées par les vertueux Bellini et Lawrence, qui embrassent avec gourmandise toutes les lubies de leur époque, soit « lézeurléplussombres » et le racisme patenté du traditionaliste et odieux va-t-en-guerre cardinal Tedesco, furieusement hostile à l’islam…
Finalement, nous dit-on, le salut viendra d’Amérique latine en la personne du modeste cardinal mexicain Benitez – on sait, depuis le pape François, tout l’espoir que fonde l’Église sur cette région du globe.
S’adapter à la modernité et embrasser l’avenir
Tout aussi progressiste que Bellini, Benitez a pour lui un parcours atypique : issu d’un pays pauvre (le Mexique), qui semble le légitimer davantage que ses confrères cardinaux aux yeux du cinéaste, le brave homme officie en Afghanistan, à Kaboul plus précisément, territoire régi depuis trois ans par les talibans. Véritable chantre du vivre ensemble – alors qu’il a, précisément, toutes les raisons du monde de craindre les avancées de l’islam en terre chrétienne –, Benitez tient des discours lénifiants sur cette Église qui, d’après lui, ne doit pas rester figée dans le passé mais se projeter dans l’avenir… Comprendre, par là, que l’institution n’a pas à se soucier de sa continuité, de la pérennité de son message et de ses croyances face à l’éternité, mais doit au contraire s’adapter sans cesse aux évolutions de son temps. Un discours de faiblesse, en somme, et même de mort, qui explique en grande partie la désaffection croissante, depuis soixante ans, des croyants pour le catholicisme.
Comme si cela ne suffisait pas, ce nouveau pape, par un ultime twist scénaristique des plus grotesques, s’avère être hermaphrodite (!) : ses organes sexuels externes sont masculins mais il possède un utérus – on ne saurait mieux signifier la « nécessité » de ménager, à la tête de l’Église, une place aux femmes équivalente à celle des hommes… Message dégoulinant de politiquement correct, en parfait écho au néo-féminisme rampant de la société et à cette volonté d’aller toujours plus loin dans le brouillage des sexes et l’indifférenciation.
Joliment mis en scène, magnifiquement interprété, notamment par Ralph Fiennes, le film n’en est que plus perfide…
2 étoiles sur 5
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12 commentaires
Personnellement j’ai beaucoup aimé ce film parfaitement interprété. Je craignais l’ennui d’un film » somnifère « . Il n’en fut rien.
On pourra noter une fois de plus que le message woke est accompagné d’une condescendance acharnée à l’égard de l’islam. Les mahométans conquérants doivent se fendre la poire derrière leurs barbes en voyant des niais adeptes de l’auto flagellation travailler gracieusement pour eux.
Une œuvre totalement dans la tradition des « Lumières » c’est à dire de la Triple Alliance idéologique Maçonnerie–Judaïsme,-Protestantisme qui gouverne totalement l’Occident. Question d’un agnostique : Quand un film dans cette inspiration à propos de l’Islam ? Aucun risque. Ils ont trop peur.
Seul le retour à la tradition sauvera l’Eglise !
Un film a ne pas aller voir.
Et en plus dans le film ils ont de beaux déguisements ! Une actualité chasse l’autre … et le Malin se réjouit de ses bons tours pour nous égarer , pauvres humains ! Tout ça à la veille de Noël…
Un film très décevant ..n’y allez pas …le livre était sûrement beaucoup mieux.
Ayant vu le film, je partage l’analyse de M. Marcellesi. Le film »vend » le progrès proposé par l’idéologie woke. Le dénouement n’est pas fidèle à celui de l’auteur car il fallait avoir un effet choc.
Ce Pape ne sait toujours pas qu’il est le Chef de l’Eglise Catholique. Espérons que le prochain le saura.
Si le Pape est bien le chef de l’église catholique,en revanche seul le Christ est le chef de l’Eglise universelle. Quant à ce genre de film, aucun intérêt de dépenser de l’argent pour aller le voir et d’alimenter le tiroir-caisse wokiste.
Si le pape est chef de l’Eglise Catholique, Vladimir Poutine a été intronisé en tant que « chef du monde chrétien et empereur araméen » en mai 2016.
Tout cela semble bien fidèle à la glissade de l’église catho depuis Vatican II. Et rassurez-vous : les hommes que l’Argentin met en place à tous les postes amèneront un futur pape – s’il y a futur pape ! – encore pire. Etonnez-vous après du (relatif) engouement pour l’Orthodoxie et pour les Tradis…