« Il ne faut pas seulement se démarquer de la personne Philippot mais aussi de la ligne ! »

Pour Robert Ménard, le départ de Florian Philippot est une bonne nouvelle : ce départ était, selon lui, un préalable nécessaire à la victoire électorale. Il appelle de ses vœux des politiques plus terre à terre, plus près des gens et pleins de bon sens.

L'affaire du Couscous Gate a trouvé sa conclusion aujourd'hui puisque que Florian Philippot quitte le Front national.
Robert Ménard, que vous inspire cette nouvelle ?

C'est une bonne nouvelle.
Cela fait des mois et des mois que je dis au Front national que si notre courant de pensée veut gagner, il faut que le Front national se démarque pas seulement de la personne de Florian Philippot, mais de la ligne politique de Florian Philippot.
Si c'est juste sacrifier Florian Philippot sur l'autel de la défaite aux Présidentielles et aux Législatives, alors cela ne sert à rien.
Marine Le Pen ne doit pas faire du Philippot sans Florian Philippot.
C'est une bonne nouvelle à condition que cela se traduise par un changement de ligne politique, c'est-à-dire par la poursuite d'une ligne politique moins anti-européenne et moins mélenchoniste.

En d'autres termes, vous saluez le fait que le Front national ait l'occasion de redevenir un parti de droite…

Je souhaite que le Front national cesse de faire peur à un certain nombre de gens et puisse s'allier avec le reste de la droite.
On ne peut pas gagner tout seul. La droite classique ne gagnera pas toute seule non plus maintenant.
Or nos électorats partagent bien des points communs.
Ecartons ce qui nous sépare. Je pense par exemple, à la sortie de l'Euro ou encore aux revendications sur les 35 heures et la retraite à 60 ans.
Ensuite, voyons comment on peut construire à partir de la base un nouveau mouvement capable non seulement de faire un gros score aux élections, mais aussi de gagner une élection.
Or aujourd'hui, ce qui vient de se passer c'était un préalable qu'il fallait remplir. Ce préalable est rempli. Monsieur Philippot n'est plus là. Il sera ailleurs.
Maintenant, encore une fois, il faut changer de ligne politique, être plus réaliste, plus terre à terre, plus près des gens, et pleins de bons sens.
Voilà la politique qu'il faudrait adopter et gagner les élections.

Vous n'avez pas peur que le départ de Florian Philippot précipite l'implosion du Front national ?

Cela est l'affaire du Front national. Honnêtement ce n'est pas la mienne.
Je n'y suis pas et je ne suis dans aucun parti. Les conséquences à l'intérieur du Front national concernent le Front national.
Toutes ces histoires ne m'intéressent pas.
Ce qui m'intéresse, c'est mon pays et le changement de politique de mon pays.
Pour changer la politique de mon pays, il faut réconcilier les électorats des différentes droites.
Cela se fera malheureusement contre les Etats-majors et contre les égaux des uns et des autres.
La plupart des femmes et des hommes politiques ne pensent qu'à eux et d'abord à eux.
Je pense qu'ensuite, si cela a des conséquences, heureuses ou pas heureuses, pour le Front national c'est son affaire.

Robert Ménard
Robert Ménard
Maire de Béziers, ancien journaliste, fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire

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