Quelle ne fut pas la surprise des militants socialistes de la 3e circonscription d’Indre-et-Loire en découvrant, sur les affiches électorales, que Marisol Touraine, investie par leur parti, roulait pour Macron. Aucune mention du PS, même pas la rose emblématique : seule l’inscription « Candidate de la majorité présidentielle avec Emmanuel Macron ».

Certes, elle n’avait pas soutenu Benoît Hamon. Mais de là à effacer toute référence au Parti socialiste ! Sur son blog, la candidate se justifie : "Femme de gauche assumée, j’assume tout autant souhaiter que le nouveau Président de la République dispose d’une majorité stable au Parlement." Elle assure qu'elle est bien inscrite comme « candidate socialiste » à la préfecture. Marisol Touraine est à l’image de ces caméléons qui changent de couleur pour se camoufler.

Les militants d’En Marche ! qui ont travaillé d’arrache-pied pour l’élection de Macron expriment, eux aussi, leur mécontentement. Ils n’ont pas l’intention de faire campagne pour cet ouvrier de la dernière heure. De la zizanie en perspective !

La fédération socialiste d’Indre-et Loire a demandé l’exclusion du transfuge. Mais Jean-Christophe Cambadélis se serait contenté de rappeler à l’ordre ceux qui utilisent l’expression « majorité présidentielle », en soulignant que ce n’est pas la position du Parti socialiste. Le tonitruant trotskiste est devenu, en vieillissant, une véritable carpette. Il faut dire que Marisol Touraine n’est pas la seule à se réclamer d’Emmanuel Macron.

On en viendrait à préférer l’attitude de Najat Vallaud-Belkacem, qui a eu le courage d’indiquer sur ses affiches qu’elle est « candidate pour les socialistes, les radicaux de gauche, les écologistes et la gauche à Villeurbanne », ajoutant même le logo du PS. Dans un appel aux dons, elle précise que son engagement est clair : "Je travaillerai de toutes mes forces à la réussite de notre pays […] avec loyauté et combativité, mais aussi en tant que femme de gauche qui assume ce qu’elle est sans se renier, ni renoncer à son combat en faveur de l’égalité et de la justice sociale."

C’est sans doute la différence entre une opportuniste et une idéologue. Mais sa sincérité risque de lui coûter cher : d’après les sondages, elle ne serait pas en situation de l’emporter. Juste retour des choses pour un ex-ministre qui a tant œuvré pour le mal de l’Éducation nationale.

À droite, la situation n’est guère plus glorieuse. Les Républicains se partagent entre ceux qui se sont ralliés à Macron avant le second tour, ceux qui se sont ralliés après l’élection et ceux qui se rallieront pour soutenir la majorité présidentielle. Les vrais opposants se font rares. À droite comme à gauche, les caméléons pullulent.

Preuve, s’il en était besoin, que ces politiciens ne pensent qu’à leur carrière ou, s’ils ne sont pas trop égoïstes, à l’argent que récoltera leur parti en fonction du nombre d’électeurs qui se porteront sur leur nom. Ils se donnent des airs de saintes-nitouches à qui il faudrait donner le bon Dieu sans confession.

Quand les intérêts personnels ou financiers supplantent les convictions, la démocratie est bafouée, la politique dégénère : c’est un gâteau dont chacun veut avoir sa part, quelle que soit la recette. Par bonheur, tous les Français n’en sont pas dupes : faut-il y voir un signe d’espoir pour l’avenir ?

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27 mai 2017 à 2:50

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