Bayrou s’est imposé à Macron : Retailleau va-t-il s’imposer à Bayrou ?
L'avenir de François Bayrou à Matignon, balisé par Georges Michel hier, est bien un Himalaya, selon les mots du nouveau Premier ministre lui-même. Mais il convient de revenir sur les circonstances de sa nomination : toutes vaudevillesques qu'elles sont, elles esquissent ce que pourraient être sa ligne, sa stratégie, sa ou ses majorités.
Bayrou a-t-il menacé de lâcher Macron ?
François Bayrou Premier ministre d'Emmanuel Macron était la non-surprise absolue. L'adoubeur de Macron en 2016, celui qui lui apporta les 2 ou 3 points qui lui permirent de franchir la barre des 20 % dans les sondages, était en quelque sorte le parrain de la firme, le précurseur du mantra du dépassement gauche-droite. Mais en fait, tous les observateurs notent que cette nomination a été imposée à Macron par Bayrou lui-même, qui aurait menacé de retirer le soutien du MoDem en cas de nomination de Sébastien Lecornu. C'est un nouveau signe stupéfiant de l'abaissement de la fonction présidentielle, pire que celui des cohabitations, puisque l'humiliation provient de votre propre camp. Pour Jean-Sébastien Ferjou, sur CNews, « c'est la première fois qu'on voit un Premier ministre qui force la main d'un Président ».
François Bayrou à Matignon : «C'est la première fois qu'on voit un Premier ministre qui force la main d'un président», s'insurge ce journaliste https://t.co/OK2nWLxUfg
— CNEWS (@CNEWS) December 13, 2024
Même analyse chez un Alain Duhamel.
« Arriver pour se faire expliquer pourquoi on n’a pas été choisi, piquer une énorme colère devant le Président et arriver à inverser la situation… C’est extraordinaire ! »
Matignon : Bayrou nommé après un long suspens. L'analyse d'@AlainDuhamel dans #CàVous pic.twitter.com/D65B1oH07B
— C à vous (@cavousf5) December 13, 2024
Quelle que soit la réalité des coulisses de cette nomination, ce récit peut permettre à Bayrou de se distinguer d'un Emmanuel Macron désormais très impopulaire et lui ouvrir un espace.
Bayrou peut-il se passer de la fermeté Retailleau, seule révélation LR ?
Toute la question pour Bayrou, désormais, est de solidifier son « socle », à défaut de majorité. Et, d'abord, de retrouver au moins le « socle commun de Barnier ». Pour cela, il lui faut absolument arrimer les LR, dont le groupe à l'Assemblée, composé de 47 députés, est incontournable, plus que son groupe MoDem à lui (36 députés). Et la valeur montante LR, en ce moment, c'est Retailleau. Ministre le plus populaire du gouvernement sortant, il a, tout en sobriété, incarné une ligne ferme sur la sécurité et l'immigration et impulsé quelques tournants salutaires.
Retailleau est précieux, car il pourrait lui apporter le soutien LR, mais aussi une certaine bienveillance du RN et des ciottistes, indispensable pour passer le cap du budget et de la censure. Cultivant cette image de fermeté à Beauvau, Bruno Retailleau a multiplié, dans la soirée de vendredi, sur X, les messages d'hommage aux CRS, l'une de ses dernières obligations officielles, avant d'être reçu par Bayrou à Matignon. Tout un programme politique. Retailleau peut s'imposer à Bayrou. Nous saurons dans quelques heures s'il a réussi.
Vous êtes au centre de toutes les urgences, mais vous êtes également, et je veux vous le dire, dans le cœur de millions de Français. Que veulent-ils ? De l’ordre. Que demandent-ils ? Du courage. #80AnsCRS pic.twitter.com/OYPVuOjgI0
— Bruno Retailleau (@BrunoRetailleau) December 13, 2024
C'est cette « garantie » qu'il pourra poursuivre la même politique qu'il est venu demander à Bayrou, en échange de sa participation au gouvernement. Selon Libération, il a en effet listé comme points « non négociables » « la lutte drastique contre l’immigration illégale » et la « réduction de l’immigration légale au strict nécessaire » ainsi que des « moyens » pour continuer à « lutter contre l’insécurité et notamment le narcotrafic ». Or c'est cette politique que le PS veut voir disparaître pour accepter de ne pas censurer le gouvernement Bayrou. Ironie de l'histoire : Bayrou se retrouve pris en tenaille entre PS et LR, ses ennemis de toujours que le macronisme pensait avoir éliminés mais qui, même très affaiblis, sont encore faiseurs de rois.
Un RN et une droite qui laissent habilement sa chance à Bayrou
La nomination de François Bayrou a été accueillie avec modération par le RN, Marine Le Pen exprimant son « respect », Jordan Bardella rappelant qu'« il n’y aura pas de censure a priori ». Bayrou représente, comme pour Barnier, le soulagement d'éviter la gauche. Un moindre mal.
Sur CNews, Philippe de Villiers brossait un portrait élogieux du Bayrou des champs, rural, admirateur d'Henri IV, et l'un des seuls hommes politiques, comme lui, à écrire lui-même ses livres.
Philippe de Villiers : «Il y a le Bayrou des villes et le Bayrou des champs», dans #FaceaPhilippeDeVilliers pic.twitter.com/ot3jiLEmQu
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À ce sujet — Pour François Bayrou, le plus dur commence !
Même son de cloche chez le RN Aleksandar Nicolic : « On peut toujours avoir de l'espoir. »
Aleksandar Nikolic (RN): "Monsieur Bayrou incarne les différents échecs qui nous ont menés dans la situation actuelle" pic.twitter.com/lRJDFUcRsm
— BFMTV (@BFMTV) December 13, 2024
Dans la soirée, Marine Le Pen poussait Bayrou à se détacher de Macron.
Marine Le Pen : «François Bayrou n'a pas été nommé pour mener la politique d'Emmanuel Macron» pic.twitter.com/ztQf7PuflE
— CNEWS (@CNEWS) December 13, 2024
À trois moments clés de la vie politique française - et de la sienne -, lors des présidentielles de 2007, 2012 et 2017, François Bayrou a choisi la gauche contre la droite LR qui pouvait l'emporter avec son soutien. Que va-t-il faire, aujourd'hui, alors que la France est majoritairement à droite et que les réponses objectives aux défis du pays sont de droite, de cette main tendue dont il a grand besoin ? Pour François Bayrou, l'heure du destin a sonné : ou bien perpétuer la caricature de lui-même en incarnant le dernier avatar du macronisme, ou bien rompre avec Macron, et avec lui-même, pour se hisser à la hauteur des enjeux historiques du pays.
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire
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30 commentaires
Macron / Bayrou un joli binôme de carriéristes forcenés, il n’y a rien à attendre d’eux, surtout pas un Frexit qui remettrai de l’ordre !
J’ai cherché à savoir ce qu’était un Haut-commissaire au Plan. C’est celui qui est chargé d’animer et de coordonner les travaux de planification et de réflexion prospective conduits pour le compte de l’Etat et d’éclairer les choix des pouvoirs publics au regard des enjeux démographiques, économiques, sociaux, environnementaux, sanitaires, technologiques et culturels. Donc, nous avons le « bon cheval » et nous pouvons dormir tranquille, il va sauver la France encore faut-il qu’il l’a sorte de l’U.E. avant toute chose pour réussir sinon, il peut refaire ses cartons.
S’imposer à RETAILLEAU ne sera pas le plus difficile, il faut surtout que BAYROU s’impose à dame VAN DER LEYEN s’il veut réussir puisque c’est là que le bât blesse et c’est peu dire.
Retailleau – qui avait trahi Villiers – vole au secours de ses ennemis politiques : Macron d’abord et maintenant en plus Bayrou ? Rien à attendre de ces magouilles minables d’opportunistes alors que la France s »effondre et que les Français souffrent. Macron dehors !
Il ne fera rien. Ni lui ni un autre. Tant que L’Elysée sera squatté par un européiste forcené, rien ne sera possible. Car quel que soit le domaine, un bras de fer doit être entrepris avec Bruxelles. Empêcher le naufrage en cours de la France suppose donc le départ du Pharaon. Pour obtenir ce résultat, un seul moyen: la censure SYSTEMATIQUE de tout projet en provenance de L’Elysée, y compris via Bayrou, à commencer par la loi « spéciale ». Le NFP et le RN, l’un à part l’autre et sans accord de partis, le peuvent. J’espère qu’ils le feront.
Suite à sa prestation sur la crise à Mayotte ont aura dit un petit garçon qui ne savait pourquoi il était là,heureusement que son grand frère à repris la main,franchement Mr Bayrou est t’il à la hauteur du personnage de 1er ministre là est la question.
Que va faire Bayrou… Tout et son contraire pour se maintenir.
Philippe de Villiers nous livre un éclairage inédit sur la personnalité de François Bayrou, plutôt élogieux et même admiratif. serait-ce de bonne augure ?
Dans sa prestation suite à la réunion de crise sur Mayotte, Bayrou a révélé quelques faiblesses lesquelles l’ont handicapé. Essoufflé, peut-être en insuffisance cardiaque, de ce fait en difficulté pour maîtriser son bégaiement naturel, son élocution s’est révélée laborieuse. A sa suite, B.Retailleau tout à son aise, à formé un contraste perçu consciemment par Bayrou lequel a écourté précipitamment sa présence. Bayrou ne sera pas un orateur dispendieux comme Macron.
Tout à fait d’accord, quels médias vont-ils développer la dessus ?
Tous préoccupés par leurs postes que par les problèmes des Français ! Pathétique.
La France dans toute sa splendeur, l’entre soit des politiques, la course au postes prestigieux.m, les promesses non tenues et pour finir une France déclassée, fracturée, ou le vivre contre a remplace le vivre ensemble qui n’est d’ailleurs qu’une utopie. Bayrou en est l’incarnation parfaite et si béarnais je suis j’ai honte pour le Béarn d’avoir engendré de tels sbires.