Macron « mesure le traumatisme que c’est d’avorter » : branle-bas de combat chez les féministes

fille triste

« Je mesure le traumatisme que c’est d’avorter » : cette phrase d’Emmanuel Macron dans une interview au magazine Elle à l’égard des femmes qui recourent à l’IVG suscite actuellement une violente levée de boucliers dans les milieux féministes et au Planning familial.

Cette phrase serait, d’après ces lobbies, l'illustration type d’un odieux discours culpabilisant des anti-IVG et ne saurait être tolérée. Rappelez-vous, les femmes qui avortent n’ont pas le droit de souffrir, c’est le comité central féministe qui l’a décrété, avec sa principale pasionaria en tête : Laurence Rossignol.

Celle-ci s’est illustrée, ces dernières années, par un acharnement sans faille et, disons-le, haineux contre toute conception opposée du « droit à l’IVG », et contre ses défenseurs. C’est elle qui a bataillé pour faire interdire les sites pro-vie ou même simplement les sites d’écoute dédiés aux femmes, les seuls qui aujourd’hui font le travail que ne fait plus le Planning familial, dont la mission ne ressemble plus à une quelconque « mission familiale » ni ne sert le libre choix des femmes, puisqu’il orchestre uniquement la mise en œuvre de l’IVG sans offrir d’autre choix.

Cependant, la phrase du chef de l’État est intéressante et assez emblématique : elle montre que malgré les efforts acharnés des féministes pour annihiler toute représentation négative de l’avortement, la réalité de l’expérience vécue vient contredire ces laborieux efforts. Si même Emmanuel Macron le pense, c’est qu’il doit y avoir une raison !

Cette phrase renvoie effectivement pour une part à la réalité clinique post-IVG, évoquée par le professeur Nisand dans Le HuffPost. Celui-ci ne peut pourtant pas être taxé de dangereux fanatique anti-IVG, c’est un praticien que j’ai eu l’occasion d’interviewer dans le cadre de mon mémoire d’éthique médicale. Cette souffrance, il la décrit, sans détour, avec des mots parfois très violents, preuve que l’avortement ne concerne pas que les femmes, mais aussi les médecins qui le pratiquent.

Cependant, cette parole dérange aujourd’hui. Un verrou idéologique extrêmement puissant continue de peser, sur les femmes d’abord, qui n’ont pas le droit de s’exprimer, sur les médecins, pourtant en première ligne, et les soignants en général.

En psychologie des traumatismes, au niveau du CNRS, il est quasiment impossible de travailler sur le sujet, à moins d’être immédiatement disqualifié. Certaines études scientifiques existent cependant et corroborent la pratique clinique. Oui, il existe bien un risque psycho-traumatique lié à l’IVG et à l’IMG. Non, ces opérations ne sont pas sans risque pour la santé mentale. Je renvoie, par exemple, à l’article de C. Gaudet, N. Séjourné, du Centre d’études et de recherches en psychopathologie de l’université de Toulouse II, intitulé « Les femmes face à la douloureuse expérience de l’interruption médicale de grossesse » (2008).

Quand je parle de risque, je ne dis pas que c’est une réalité générale pour toutes les femmes, ce qu’essaie de démonter caricaturalement Laurence Rossignol. C’est là que l’on voit la différence entre les idéologues et les vrais acteurs du terrain : interdire d’emblée tout risque sur ce type d’intervention, qui touche cependant à l’intimité des femmes dans un contexte de crise personnelle, à la vie et à la mort, est bien le signe d’une idéologie complètement déconnectée du réel. À ce stade, c’est inquiétant.

Il faut espérer que la phrase du président de la République encouragera les femmes qui ont souffert de leur avortement à sortir du silence pour rétablir enfin la vérité.

Sabine Faivre
Sabine Faivre
Auteur, essayiste

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