Macron a-t-il été financé par des oligarques algériens pour sa campagne de 2017 ?
En ce jour de commémoration du 19 mars 1962, et en pleine campagne pour sa réélection, l'information tombe mal pour Emmanuel Macron. Elle émane de deux journalistes d'investigation, Yanis Mhamdi et Jean-Baptiste Rivoire, du tout nouveau média vidéo spécialisé dans l’enquête, Off Investigation. Et elle est relayée par Le Média, proche de La France insoumise. Les deux journalistes, l'un franco-algérien, l'autre fils de ces « pieds-rouges » favorables à l'Algérie du FLN, ne cachent pas leur sympathie pour le peuple algérien, leur penchant à gauche et veulent dénoncer la « Françalgérie » d'Emmanuel Macron. Ils se disent « invisibilisés » par les autres médias, notamment ceux du service public.
Leur reportage mérite pourtant le détour et l'on aimerait que les intéressés, à commencer par Emmanuel Macron lui-même, répondent aux accusations graves qu'ils portent contre eux. Jean-Baptiste Rivoire n'est pas un inconnu : ancien rédacteur en chef adjoint de l'émission « Spécial Investigation », sur Canal+, il a réalisé de nombreuses émission d'investigation, notamment sur l'Algérie. Et il fait beaucoup parler de lui en ce début d'année, notamment dans Libération. De lui, et d'Emmanuel Macron, puisqu'il a publié, début janvier, un livre : L’Élysée (et les oligarques) contre l’info (Éditions Les Liens qui libèrent) et, donc, cette série documentaire : Emmanuel, un homme d’affaires à l’Élysée, une série de neuf épisodes financée par une campagne de crowdfunding qui a récolté plus de 180.000 euros. C'est dans cette série que s'inscrit « Macron l'Algérien en marche... vers le cash ? »
Leur thèse ? Emmanuel Macron, lors d'une visite à Alger pour sa campagne en février 2017, où il est reçu tel un chef d'État alors qu'il n'est même plus ministre, a rencontré des oligarques algériens, en même temps soutiens du régime, pour obtenir des financements pour sa campagne, qui lui faisaient alors cruellement défaut, en échange de son soutien au régime et à l'idéologie FLN.
La thèse a le mérite d'expliquer le soutien sans faille du Président français à Bouteflika, y compris pendant la contestation populaire du Hirak, mais aussi sa déclaration stupéfiante sur la « colonisation française crime contre l'humanité», qui n'aurait donc été qu'un renvoi d'ascenseur. Pour Jean-Baptiste Rivoire, « Emmanuel Macron serait tenu par de puissants intérêts algériens ». Si cela était confirmé, ce serait grave et obligerait le candidat Macron de 2022 à s'expliquer.
L'enquête vaut aussi pour les figures sulfureuses bien connues par ailleurs que l'on recroise ici : l'homme d'affaires franco-algérien Alexandre Djouhri, déjà impliqué dans des affaires concernant Nicolas Sarkozy, et... Alexandre Benalla, dont on comprend qu'il aurait été « plus qu'un garde du corps ». Jean-Baptiste Rivoire n'hésite pas à poser la question : « Est-ce qu'au fond, Macron n'a pas surprotégé Benalla [...] parce que Benalla connaissait pas mal de secrets de la Macronie [...] quand on sait qu'il est au cœur de ce voyage d'Alger avec ce deal du soutien financier en échange du soutien politique. » Et les deux reporters établissent un lien entre le cash distribué par Benalla en mars-avril à des personnels non déclarés pour la sécurité de la campagne de Macron et ce cash venant d'Alger.
À vrai dire, cette thèse n'est pas nouvelle, pas plus que le silence des médias français. Le site algérien francophone alternatif Algérie patriotique avait, en 2019, dénoncé le silence qui avait entouré la sortie du livre du journaliste français Marc Endeweld, Le Grand Manipulateur, qui, déjà, pointait le réseau macronien des oligarques algériens.
Avec l'Algérie, une remise à plat de nos relations s'impose et Emmanuel Macron, vu ses accointances, n'est pas le mieux placé pour l'opérer.
À trois semaines de l'élection présidentielle, cette exploration des dessous de la fabrication du premier candidat Macron est plus que salutaire. Il est, au passage, dommage que seuls quelques médias de gauche lui fassent écho. Les auteurs de l'enquête annoncent aussi un autre documentaire, sur Macron et l'ISF, qui posera la question de son patrimoine, étrangement modeste en comparaison des revenus dont il a bénéficié, chez Rothschild notamment, comme le soulignait ici Marc Baudriller, il y a quelques jours. Là encore, Jean-Baptiste Rivoire met lui aussi les pieds dans le plat : « La carrière et la fortune d'Emmanuel Macron ne sont pas claires du tout : il a un problème avec l'ISF, il a un problème avec ses déclarations de patrimoine, [...] et il a même probablement un problème avec ce qu'il a gagné chez Rothschild, dont une partie n'aurait pas été déclarée au fisc. » Ce dernier épisode de leur radiographie du Président sortant s'appellera « Les millions envolés de Macron ».
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89 commentaires
Bel article que tant d’autres devraient enrichir . Concernant le patrimoine de Macron je m’étonne du peu de curiosité des médias à la suite de la déclaration des postulants à la Présidence . Le patrimoine Macron est curieusement plafonné à 550 mille euros , le même montant qu’il y a 5 ans .Il avait alors un crédit de 500 mille euros pour les travaux du Touquet. Doit on déduire que ces 5 dernières années , et malgré les 900 mille euros de revenus il n’a pas remboursé son crédit ?
Après la Libye de Sarkozy, voilà l’Algérie de Macron.
… les banques françaises ne peuvent -elle pas prêter pour une campagne, ou les budgets que ces mêmes politiques ont définis et voté sont-ils insuffisant pour que l’agent liquide (pas de trace ni de ligne comptable) règne en maitre ?
Il parait que le service d’ordre « Macron 2017 » était payé de la main à la main … ?
Est-ce vrai ?