Macron à la messe du pape ? Pour LFI, la République est en danger !

macron pape françois

En voilà, une polémique qu’elle est bien ! Donc, Emmanuel Macron assistera (mais ne participera pas : nuance !) à la messe présidée par le pape, samedi 23 septembre, au stade Vélodrome de Marseille. Marseille, si chère au cœur d’Emmanuel Macron et des finances publiques, vaut bien une messe, diront les mauvais esprits. En tout cas, de quoi déclencher les foudres des défenseurs de stricte observance de la laïcité ! Bien évidemment, LFI, gardienne de la vraie croix de cette sacrée laïcité, voit dans la présence présidentielle à cette cérémonie religieuse une atteinte aux « principes fondateurs de la laïcité ». Alexis Corbière, prélat de cape et d’épée de la secte Insoumise, y est allé de son bref : « Je respecte la loi et les fidèles mais je suis en désaccord avec le fait qu’un élu, et en particulier le président de la République, participe ès qualité à une cérémonie religieuse. » On imagine que ce message a été reçu cinq sur cinq par son collègue Insoumis Carlos Martens Bilongo, qui s’était rendu en juillet 2022, tout fraichement élu député, à la mosquée de Villiers-le-Bel, lors de le fête de l’aïd. Lui-même avait déclaré : « Je portais mon écharpe tricolore, pour bien montrer que la République est chez elle partout. » Dieu est partout, la République aussi ! Bilongo se moquerait de la laïcité et piétinerait ses principes - pour reprendre les mots d’un autre thuriféraire de Mélenchon, le député Bastien Lachaud, à propos de Macron - et on ne lui aurait rien dit ? Chez les Insoumis, on n’est pas à une contradiction près.

On n’ira pas par quatre chemins : cette polémique au sujet de la présence de Macron à la messe pontificale du stade Vélodrome est du grand n’importe quoi. Elle a le dos large, cette fameuse laïcité. Que sont ces « principes fondateurs » de la laïcité ? Pour le savoir, il faut se référer à la loi. Celle de 1905 qui institue la séparation des Églises et de l’État. Que dit cette loi ? « La République ne reconnaît, ne salarie ni ne subventionne aucun culte. » Point barre. Que la République ne reconnaisse aucun culte ne signifie pas que les représentants de l’État, dont le premier d’entre eux, ne puissent pas assister à un office religieux, quel que soit d’ailleurs le culte. Ce n’est écrit nulle part. Des représentants de l’État qui assistent à des cérémonies religieuses, il y en a régulièrement un peu partout sur « nos territoires ». Il est de coutume que préfets, élus, autorités militaires et judiciaires assistent à des célébrations religieuses : commémorations, fêtes d’armes dans les armées et, bien sûr, funérailles de nos soldats tués en opération, etc. Du reste, soit dit en passant, cette non-reconnaissance de la République est toute relative. La preuve : un ministre du Culte (catholique, protestant ou israélite) qui célébrerait un mariage religieux sans que le mariage civil n’ait été célébré au préalable tombe sous le coup de la loi… Fermons la parenthèse.

Et puis… Et puis, surtout, faut-il passer sous silence que la France reste avant tout un pays de tradition chrétienne, principalement catholique ? C’est par respect pour cette tradition plus que millénaire qu’un général de Gaulle assista à un Te Deum à Notre-Dame, le 26 août 1944, pour célébrer la libération de Paris. De Gaulle a-t-il piétiné les principes de la laïcité ? C’est encore par respect pour cette tradition marquée par ce lien tout particulier qui existe entre la France et le Saint-Siège qu’un Vincent Auriol, Président socialiste de la IVe République (excusez du peu !), apposa la barrette rouge de cardinal, par délégation du pape, sur la tête du nonce à Paris, Mgr Roncalli, futur Jean XXIII, ce dernier agenouillé devant le chef de l’État ! Vincent Auriol en avait profité pour remettre les insignes de grand-croix de la Légion d'honneur au nouveau cardinal ! Les principes de la laïcité ont-ils été piétinés dans les salons de l'Élysée, ce 16 janvier 1953, par l’ancien ministre de Léon Blum ?

Non, vraiment, cette polémique autour de la présence de Macron au stade Vélodrome est stupide. Pas stérile, car elle révèle, s’il en était encore besoin, que LFI n’a qu’une idée en tête : profiter du moindre événement pour se faire remarquer et, surtout, pour fracturer un peu plus le pays. Une polémique dont l’Élysée a essayé de s’extirper, soit dit en passant, de façon pas si glorieuse que ça en arguant que ce rassemblement au stade Vélodrome sera « un événement populaire et festif ». Comme un match de foot ? Un peu court, avouons-le.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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  1. « Non, vraiment, cette polémique autour de la présence de Macron au stade Vélodrome est stupide. Pas stérile, car elle révèle, s’il en était encore besoin, que LFI n’a qu’une idée en tête : profiter du moindre événement pour se faire remarquer et, surtout, pour fracturer un peu plus le pays. Une polémique dont l’Élysée a essayé de s’extirper, soit dit en passant, de façon pas si glorieuse que ça en arguant que ce rassemblement au stade Vélodrome sera « un événement populaire et festif ». Comme un match de foot ? Un peu court, avouons-le. »
    Le pape a précisé lui-même que ce n’était pas un voyage en France mais à Marseille. Que va faire notre président dans cette « galère » ? Il peut assister à cette messe si ça lui chante mais sa présence n’était vraiment pas requise… Je ne suis pas LFI, tout au contraire, mais là, balle au centre : 1 partout.

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