LR veut emprisonner les bloqueurs de fac !

Lois Assemblée nationale

Elle a célébré à sa manière l’anniversaire de l’élection de François Mitterrand en 1981. Ce 10 mai, la députée de Maine-et-Loire Anne-Laure Blin a déposé une proposition de loi visant à faire de l'intrusion ou de l’occupation d’un établissement d’enseignement supérieur un délit passible de 7.500 € d’amende et d’un an d’emprisonnement.

En finir avec les blocages

Le député LFI Louis Boyard, qui avait incité les lycéens et étudiants à bloquer leurs universités avec, en récompense, une visite de l’Assemblée nationale, s’opposera sans le moindre doute à cette initiative. D’autant que cette proposition de loi intervient dans un contexte d’opposition à la réforme des retraites qui a vu le blocage de dizaines d’établissements secondaires et supérieurs. Dans les mémoires, notamment, les dommages subis par l’université de Bordeaux à hauteur d’un million d’euros et nécessitant six mois de travaux.

Des précédents

Cette loi, Jean-Luc Coronel de Boissezon, condamné par la justice à un an de prison avec sursis pour s’être opposé physiquement au blocage de l’université de Montpellier, ne l’attendait plus. Pour ces faits qui se sont déroulés en mars 2018, ce docteur en droit est, aujourd’hui encore, suspendu de l’université. Joint par BV, l'enseignant affirme qu'« il y a effectivement un trou dans le droit contre ce genre de blocage. Si de telles actions sont réprimées lorsqu’il s’agit du primaire et du secondaire, ils ne sont jamais sanctionnés dès qu’il s’agit de l’enseignement supérieur. » Aussi, Jean-Luc Coronel de Boissezon accueille-t-il favorablement cette initiative qui, si elle était survenue plus tôt, ne l’aurait « pas obligé à nous défendre physiquement ». Il estime également « avoir été sacrifié sur l’autel d’un grand tabou soixante-huitard ». Origine historique de la grande permissivité des autorités vis-à-vis des débordements estudiantins.

Cette proposition de loi n’est d’ailleurs pas la première à aborder le problème. En avril 2019, Guillaume Peltier, qui était à l’époque député Les Républicains, avait déposé une proposition de loi avec de nombreux élus LR visant à incriminer le fait de bloquer un établissement d’enseignement supérieur. Une loi qui ne sera jamais votée. Plusieurs mois plus tard, l’actuel vice-président du parti d’Éric Zemmour avait appelé à des « sanctions exemplaires » contre les contestations étudiantes survenues en réaction à la tentative de suicide d'un étudiant lyonnais. Une volonté jamais vraiment suivie d’effet. D’autant que la liste est longue : en 2009, la proposition de loi du député Damien Meslot n’a pas eu le succès escompté, ni celle de Patrick Hetzel, en juin 2018, ni celle de Jean-Christophe Lagarde demandant au moins à « renforcer la liberté des étudiants de passer leurs examens » au même moment… En bref, la droite et le centre butent à faire respecter l’ordre républicain dans les universités. Toujours ce « tabou soixante-huitard ».

Une loi au parfum d’UNI

Ancienne vice-présidente du syndicat étudiant UNI, Anne-Laure Blin a une longue expérience de l’activité militante estudiantine. Ce n’est pas un hasard, non plus, si son collaborateur parlementaire n’est autre que Clément Armato, ancien porte-parole de ce même syndicat étudiant. Un syndicat qui subit, depuis plusieurs mois, une violence impunie de la part de l’extrême gauche. À Nice, Grenoble ou Paris, les jeunes élus du syndicat de droite sont la cible d’agressions, de menaces et de violences.

« Visiblement, l’UNI s’est souvenu qu’il était un syndicat de droite », se félicite Coronel de Boissezon. En tout cas, les jeunes LR ne se sont pas privés pour partager l’initiative de Mme Blin en  y glissant un lien d’adhésion à l’organisation jeune du mouvement de la droite et du centre...

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 29/05/2023 à 11:47.
Marc Eynaud
Marc Eynaud
Journaliste à BV

Vos commentaires

9 commentaires

  1. Le Ministère lui-même aurait dû devancer l’ heureuse initiative de Madame Blin. L’Université est un bien commun à tous les français, elle devrait être protégée de tout blocage, souvent le fait d’une minorité et d’éléments extérieurs n’ayant rien à voir avec elle. Les dégradations de l’Université de Bordeaux : 1 million d’euros…Faculté des lettres de Montpellier : d’importantes dégradations, des centaines de milliers d’euro de réparations suite au vandalisme… à la charge du contribuable. A Montpellier, lors des évènements de la Faculté de Droit, des Professeurs ont voulu défendre la Faculté qui est située dans un bâtiment historique. Au lieu de les remercier, ils ont été condamnés ! C’est le monde à l’envers. Il faut des sanctions sévères pour les destructeurs, prison et fortes amendes.
    Une grande majorité d’étudiants en ont assez de ces techniques d’intimidation qui empêchent le bon fonctionnement des cours et examens mais ne disent rien par peur de représailles.
    Signé : un Professeur des Universités-Praticien Hospitalier

  2. Quand le coco du coin a voulu bloquer ma fac, j’ai fait venir l’équipe de rugby et il n’a pas eu de blocage !

  3. Le LR est moribond. Après avoir trahit leurs électeurs et leur leader Fillon et ils ont mangé pour beaucoup à la gamelle macronienne adhérant lamentablement au tout sauf Le Pen . Comment peuvent ils après avoir laissé les gauchistes envahir les facultés sans réagir gesticuler comme ils le font. Ils se sont tués tout seul et ne méritent pas que les français s’apitoient sur leur sort.

  4. LR veut faire beaucoup de choses en ce moment, pourquoi ne les ont ils pas fait quand ils étaient au pouvoir ?

    • LR ne sort de sa léthargie qu’en période pré-électorale, pour y retourner aussitôt après.

  5. Tout mon soutien à l’UNI.
    La liberté ne doit pas s’arrêter aux portes des universités !

  6. Pour moi, un blocage de fac c’est comme les piquets de grève : la gauche dans son totalitarisme où la liberté de penser est réduite à ne penser que comme eux

  7. S’il fallait une preuve de la décadence du pays, la présence de Boyard a l’Assemblée Nationale devrait suffire. Bien sûr qu’il faut traduire en justice la petite minorité qui interdit aux étudiants de suivre leurs cours.

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