L’ordre règne en France… ou presque

voitures brûlée

Le couvre-feu a payé : que 861 voitures brûlées durant cette nuit de la Saint-Sylvestre. C’est Europe 1 qui donne ce chiffre, le ministère de l’Intérieur étant sans doute plus occupé à comptabiliser les rappeurs jouant aux petits lutins dans la lande bretonne au son de musiques pas très celtiques. 861 contre 1.457 l’an passé, soit une chute de 41 %. C’est énorme.

À ce rythme, avec un nouveau couvre-feu et quelques dizaines de milliers de policiers et militaires de plus sur le terrain, le 31 décembre 2021, on devrait tomber autour de 500 bagnoles cramées à trois mois de l’élection présidentielle. Et si l’on poursuit la suite récurrente, fin 2026, lorsque Emmanuel Macron sera à quelques mois de terminer son deuxième et dernier mandat, le phénomène devrait avoir été quasiment éradiqué sur le territoire de la République française. Mais ne nous emballons pas. 861 : juste une petite cinquantaine de plus par rapport à 2016, la dernière Saint-Sylvestre de Hollande à l’Élysée. Comme quoi, en tout cas, quand on met le paquet, on y arrive. Donc, l’ordre règne en France. Ou presque.

On pourrait se contenter d’ironiser sur ces chiffres. C’est facile mais injuste, aussi, vis-à-vis des forces de l’ordre déployées durant cette nuit de fête. Des forces de l’ordre, c’est-à-dire, avant tout, des hommes et des femmes qui ont une famille aussi, on l'oublie trop souvent. Plus de 100.000 policiers et gendarmes mobilisés. C’est à peine moins que les effectifs de l’armée de terre française, l’une des premières armées, sinon la première, en Europe. Réalise-t-on vraiment l’effort de mobilisation que cela représente, le coût humain, matériel, financier ? Pas certain. Pouvons-nous nous satisfaire qu’année après année, une grande nation comme la France mobilise ainsi toujours plus de policiers et de gendarmes pour que l’ordre règne à peu près correctement dans la rue un soir de fête ? Et qu'on en arrive à se dire que le couvre-feu a du bon ?

Dernière remarque. On aime à faire le tour d’Europe et même du monde à l’occasion du Nouvel An : défilent sur nos écrans de belles images de feu d’artifice à Berlin, de couples s’embrassant au rythme des douze coups de Big Ben, de la foule new-yorkaise comptant à rebours dans Time Square. On aime aussi nous comparer à d’autres pays pour nous faire la leçon (il est vrai, un peu moins en ces temps où il devient urgent de balayer devant sa porte). Alors, on aimerait savoir combien de voitures ont brûlé durant cette nuit de la Saint-Sylvestre à Rome, à Moscou, à Varsovie ou, pourquoi pas, à Zagreb.

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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