Livre : Un maire ne devrait pas faire ça, de Robert Ménard
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Le titre du dernier livre de Robert Ménard est, évidemment, inspiré de celui sur François Hollande : Un président ne devrait pas dire ça.... Mais la différence tient en un verbe : l’un parle, l’autre agit. L’un reconnaît, par exemple, qu’il y a « un problème avec l’islam, c’est vrai. Nul n’en doute », et s’interroge : « Comment peut-on éviter la partition ? Car c’est quand même ça qui est en train de se produire : la partition. » Quand l’autre s’attaque aux solutions.
Tous ceux qui connaissent Robert Ménard le savent bien : il est incarné. Le contraire d’un idéologue. Le verbe haut et les pieds solidement ancrés sur terre, il dit ce qu’il fait et fait ce qu’il dit : « Je l’ai dit et répété mille fois. Je doublerai les effectifs de la police municipale. Je baisserai les impôts. Je réduirai le train de vie municipal, à commencer par celui des élus. Je m’attaquerai à la dette de la ville Je me consacrerai à plein temps à ma fonction de maire […]. Il me semble que nous avons tenu parole. » Et il rejette - parfois avec fracas - tout vœu pieux ou incantation facile ne passant pas au tamis de la réalité. Surtout, il « aime les gens », il les aime « même quand ils [l’] exaspèrent », un peu, en somme, comme on aime ses enfants : « Il faut prêter l’oreille aux bruits de la vie. Pour l’avoir oublié, un jeune Président a vu une partie de la France occuper les ronds-points durant des semaines à la sortie de nos villes et de nos villages… »
Emmanuel Macron, que l’on accuse a contrario de manquer de cœur, d’être hors-sol et de parler en technocrate, gagnerait à feuilleter ce vade-mecum du pouvoir… mais aussi du devoir et du vouloir. Le Président entend donner plus de place aux maires, ces élus point trop démonétisés parce qu’ils sont « à portée d’engueulade », pour reprendre l’expression de Gérard Larcher ? Chiche. Le « petit livre rouge » de Robert Ménard est là pour les conseiller. Et surtout pour les aiguillonner, les galvaniser, les culpabiliser. Il est l’œil de Caïn des édiles de sous-préfecture, qui répètent à l’envi en contemplant les dégâts qu’on-n’y-peut-rien-c’est-comme-ça.
« Ne pas subir », la devise du maréchal de Lattre, pourrait être celle de Robert Ménard. Sa « victoire a été un coup de tonnerre dans le ciel bien sage des habitués des allées du pouvoir ». Non que son mandat soit pavé de roses. Tel un Trump occitan, il a dû affronter, lui aussi, son « deep state », son administration profonde : les maires passent, les fonctionnaires restent et gardent les commandes quand, par paresse, par lâcheté ou par ignorance, le nouvel élu les leur abandonne. Il a aussi la presse locale contre lui, et toute une troupe d’intermittents du spectacle politique jouant en boucle la grande revue d’opérette bien connue : castagnettes antifascistes et trémolos « no passarrrrrrran » garantis.
On peut trouver ses méthodes rudes, sa communication brutale, ses goûts en matière de « divertissement » - car ses adversaires ont le monopole de la culture - populaires, mais force est de constater que le centre-ville a ressuscité, que la sécurité s’est grandement améliorée, que des commerces qui menaçaient de partir son restés, bref, qu’un déclin réputé inexorable est enrayé : il faut suivre Robert Ménard dans sa ville, accosté par ses administrés qui veulent lui montrer non pas leurs écrouelles mais leur téléphone : « Un selfie, Monsieur le Maire ? » Certains, qui ne peuvent quitter leur palais que flanqués d’un aréopage de CRS, pourraient le méditer.
Bien sûr, Robert Ménard décrit aussi ses ratés, ses erreurs, ses regrets. Car il y en a. Pas de vérité sans humilité. Si Béziers, comme certains l’ont présenté, est un laboratoire, il a, bien sûr, ses tâtonnements.
Il n'empêche. « Emblématique des villes moyennes de la France périphérique, de la France reléguée, comme assignée à résidence, jetée au rebut, de la France qui, en un mot, n’appartient pas à la mondialisation heureuse, Béziers a fait le pari de faire mentir tous les pronostics. » Pari tenu.
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