Livre : « Comment l’empire Peugeot a plié devant les lubies de la mondialisation »

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Jean-Baptiste Forray, dans son ouvrage Au cœur du grand déclassement. La fierté perdue de Peugeot-Sochaux, raconte l'histoire d’une double famille, celle d’une entreprise automobile et d’un club de football. Peugeot-Sochaux était, dans les années 1970, le plus grand empire industriel d’Europe. En plein cœur du Doubs, il a compté quelque 42.000 salariés qui « ont été les fers de lance des Trente Glorieuses, les artisans du boom de l’automobile ». L’empire industriel faisait la fierté de ses ouvriers : on y a travaillé de père en fils pendant cinq générations, fabriquant 23 millions de 403, 504 et 605. « La Peuge », comme on l’appelle alors, dont la superficie représente 260 terrains de foot, s’étend sur 30 kilomètres de route et 28 kilomètres de voies ferrées : le groupe était si puissant qu’il proposait même sa propre Sécurité sociale à ses employés.

Le FCSM, club de foot de Sochaux-Montbéliard créé en 1928 et affilié au géant Peugeot, était intrinsèquement mêlé à ce dernier : Peugeot, c’était Sochaux, et Sochaux, c’était Peugeot. Les Lionceaux du FCSM faisaient la fierté du site industriel, en détenant le record, pendant longtemps, du club qui a passé le plus de saisons en Ligue 1 (66).

Mais voilà, la mondialisation heureuse est passée par là. De délocalisation en délocalisation vers l’Est, l’empire s’est petit à petit effrité. La famille Peugeot a perdu le contrôle de la maison. Peugeot est devenue PSA, puis Stellantis. Depuis le 31 mars 2014, le Portugais Carlos Tavares est le patron de la firme. « Chez PSA, nous sommes des psychopathes de la performance », disait-il, en 2018, au Monde. Il entreprend de réduire les dépenses au maximum, sans la moindre considération pour l’histoire de l’entreprise. Aussi décide-t-il de vendre le club du FCSM, qui descend en Ligue 2 et y demeure depuis. Jean-Baptiste Forray rapporte le cri d’un employé atterré par cette décision : « On est tombé sur le seul Portugais qui n’aime pas le foot. » Quand Tavares arrive, les 42.000 employés ne sont déjà plus que 7.000, mais il souhaite continuer à optimiser les dépenses qu’il juge inutiles. L’objectif est d’augmenter les performances et de rivaliser avec les géants de l’automobile, quitte à perdre l’âme de l’enseigne.

L’auteur parvient avec beaucoup de talent à nous faire vivre l’histoire de Peugeot-Sochaux, en montrant la rapidité avec laquelle ce géant a changé son fusil d’épaule pour se soumettre aux cours internationaux. À travers l’exemple précis de Peugeot-Sochaux, Jean-Baptiste Forray narre une réalité universelle : celle de la désindustrialisation de la France et de l’abandon de tous les gens qui avaient œuvré, au lendemain de la guerre, au redressement économique français. C’est désormais une France abandonnée qui, pour Carlos Tavares et les autres PDG parisiens, se situe, selon l'heureuse formule de l'auteur, « entre très loin et nulle part ».

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Matthieu Chevallier
Etudiant en journalisme

Vos commentaires

26 commentaires

  1. Goshn pour Renault, Tavares pour Peugeot… De bons Français !
    12 M pour l’un, exilé au Liban, 19 M pour l’autre, Mondialiste imperturbable….

  2. Hé oui et tous ceux qui ont donné de la sueur et de l’amour pour l’entreprise chuchotent maintenant à la jeunesse depuis leur tombe, de ne pas suivre leur exemple, car ils savent maintenant qu’ils ont été les cocus de l’affaire.

  3. Tous ces pseudos écolos et tous ces syndicalistes de pacotilles, n’ont jamais compris que produire pollue tout comme le fait de vivre et qu’ à toujours taper sur celui qui investit, on fini par le décourager ce qui entraîne la perte d’emplois. L’Etat devrait avoir pour rôle d’aider les entrepreneurs et de former correctement sa jeunesse pour qu’elle soit curieuse, inventive et travailleuse.

  4. Entre un état qui ne soutient pas ses entreprises (les emm…. avec des taxes exagérées, des normes idiotes et des contrôles permanents) et un syndicalisme destructif (favorisant l’assistanat plus que le mérite au travail), ce fleuron de l’industrie française ne peut survivre longtemps. Et je ne parle même pas des embargos ridicules envers l’Iran et la Russie !….. C’est du masochisme.

    • Le syndicaliste français ne peut être que destructif car basé sur l’axiome marxiste: le travail est l’exploitation de l’homme par l’homme. Le travail est donc l’ennemi de classe.

  5. S’il s’agit bien de 19 millions payés en France (un point essentiel !), il lui en restera moins de 40%, le reste (soit 11.5 millions de prélèvements sociaux et d’imposition marginale) ira dans les caisses de l’Etat, il ne faut pas l’oublier !

  6. C’est ‘a France décérébrée, friche industrielle et misère culturelle. Il faut virer les représentants de l’ oligarchie mondialiste ou plutôt globaliste.

  7. Pourtant Carlos Tavares a été le seul patron de l’industrie automobile à dénoncer les conséquences des lubies écolos et leur manque de fondement rationnel.

  8. A cause de l’europe et de la perte de l’emploie en france, dans 2 ans il n’y auras plus une voiture Française qui seras construite en France.

  9. Du temps où la « Peuge » employait 42 000 salariés, les Chinois crevaient de faim sous Mao
    La mondialisation a certes nécessité de lourds aménagements chez Peugeot comme dans toute l’industrie occidentale, mais les Chinois d’aujourd’hui envoient des satellites en orbite et leur population peut manger et se soigner
    Les Occidentaux doivent comprendre qu’il faut éduquer leurs enfants à travailler plus, à apprendre mieux, et surtout à inventer plus, faute de quoi ils seront déclassés

      • Probablement jusqu’au moment où le « progrès » scientifique et technique (avec la perte d’idéal ou d’éthique qui l’accompagne) aura définitivement transformé l’être humain en une sorte de robot sans âme partout sur la planète
        Et après ? Je ne sais pas et je n’ose pas l’imaginer

    • Et tout ça pour un jour se retrouver l’esclave d’un système et d’une idéologie. De quoi être dégoûté d’avoir vu le jour.

  10. La famille Peugeot a voulu rester dans son bastion français de Montbéliard au nom de son attachement à ses origines. Mais les charges et les contraintes administratives françaises ont détruit sa compétitivité. Les syndicats toujours plus revendicatifs ont ajouté des couches. La concurrence libre, et donc faussée, a conduit l’entreprise au bord du gouffre nécessitant de faire comme Renault des délocalisations. Le comble, les syndicats ont reproché de ne pas l’avoir fait plus tôt !

  11. Certes ce n’est pas faux mais encore faut-il rajouter un autre problème et non des moindre, l’automobile a t-elle encore un avenir en France ? N’est-ce pas là le vrai problème ? Est-ce qu’il y a un autre pays au monde qui détruit de l’intérieur leurs fleurons industriels ? Entre les taxes et toutes ces associations mer-deuses de gauche, les gauchos n’ont qu’à s’en prendre à eux même et pas aux patrons qui arrivent à faire fonctionner une entreprise en France avec des bénéfices faits ailleurs.

    • « l’automobile a t-elle encore un avenir en France ?  » Je n’ai pas de réponse. Par contre, je suis sûr d’une chose : ce n’est pas au gouvernement, qu’il se situe à Paris, à Bruxelles ou à Washington d’en décider. C’est au consommateur, car c’est lui qui paye.

  12. Ce MEDEF participe au déclin de la France ! Les valeurs de la France n’est pas leur problème mais il en paiera le prix un jour ou l’autre ! Après l’Iran, la Russie mis an ban , qui achètera les Peugeot ou les Renault ! A ce rythme, ces sociétés disparaîtront !

    • Qui a interdit à Peugeot de travailler et de faire des bénéfices en Iran ?
      Qui a interdit à Renault de travailler et de faire des bénéfices en Russie?
      Toujours les USA et leur valet l’UE tout de même encouragés par les gouvernements français qui ne se sont jamais rebellés

  13. Mondialisation ,délocalisation ou comment ruiner un pays , le soumettre et asservir son peuple pour permettre à une poignée de requins de s’enrichir toujours plus .

  14. Maintenant Carlo Tavares est rattrapé par son salaire, je n’arrive pas à savoir si c’est 19 millions pour 2021 ou 60 millions.

    • L’écart est peu important. Le minimum représente 962 ans de SMIC brut avec l’augmentation de celui-ci au 1er mai prochain. Le maximum dépasse les 1.800 années.
      Une broutille.

      • Erreur de calcul : 60 millions représentent un peu plus de 3.000 années de SMIC…
        Veuillez m’en excuser.

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