L’inquiétante augmentation des suicides liés au travail

Burn out 2019-05-31 à 10.30.26

Est-ce un hasard, à l'heure où l'Organisation mondiale de la santé vient de reconnaître le burn out comme maladie professionnelle ? Plusieurs syndicats alertent sur l'augmentation des suicides liés au travail.

Chez les enseignants, d'abord, dont un représentant affirme : « Il se trouve que l’ensemble des personnels de l’Éducation nationale n’a jamais suivi la moindre visite médicale, si ce n’est au moment du recrutement. » Ce qui ne facilite probablement pas le dépistage des troubles psychosociaux. Dans une boutique capable d'embaucher comme surveillant de lycée, à Lyon, un étranger clandestin futur poseur de bombe, cela n'étonnera pas grand monde, mais tout de même…

À la SNCF, ensuite, qui possède pourtant sa propre médecine maison, où même le syndicat le moins marxiste s'inquiète d'une augmentation des suicides, dont celui récent d'un agent qui s’est « jeté sous un train devant le siège de la SNCF » à Saint-Denis.

Dans la police, enfin, où 31 fonctionnaires ont mis fin à leurs jours dans les cinq premiers mois de 2019, et dont le directeur vient de recommander d'avantage de convivialité dans les services par l'organisation de « temps collectifs de loisirs autour d'un barbecue, d'une sortie sportive ou d'un pique-nique » avec les familles des policiers. Proposition sans doute moins superficielle qu'il n'y paraît, dans un monde ultra-hiérarchisé.

Ajoutons l'actuel procès-fleuve de France Telecom pour harcèlement moral et il est facile de constater que l'État est aussi mauvais employeur qu'entrepreneur et qu'il s'exonère tranquillement des obligations de suivi des salariés qu'il impose au secteur privé. L'inspection du travail, on ne connaît pas, dans les entreprises publiques ou parapubliques où, de toutes façons, on a rarement à payer pour ses erreurs.

Longtemps, dans le secteur privé, la médecine du travail imposait une visite annuelle. On est passé, progressivement, à la visite biennale, triennale… avec délégation de tâche à des infirmières dont la bonne volonté ne compense pas l'incapacité d'effectuer un véritable examen clinique. Et, vous l'aurez deviné, malgré la dégradation du service rendu aux salariés, la facture n'a pas baissé pour les employeurs…

Par ailleurs, on ne forme pratiquement plus de spécialistes en médecine du travail, puisqu'il faut désormais avoir été interne dans un service de la spécialité, lesquels se comptent sur les doigts des deux mains (et peut-être quelques orteils...).

Vouant cette activité à devenir un petit état-major de généraux faiseurs d'études, d'enquêtes et de statistiques, « animateurs et coordinateurs d'équipes pluridisciplinaires », mais sans soldats-médecins de terrain pour prendre au jour le jour la tension du monde du travail, au propre comme au figuré.

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Richard Hanlet
Médecin en retraite, expert honoraire près la Cour d'appel de Versailles

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