Les questions que posent le départ de Brune Poirson et sa double nationalité à notre démocratie

POIRSON

Ainsi donc, Brune Poirson claque la porte de l’Assemblée nationale. Madame s’ennuie, sans doute. Mais elle continuera à naviguer dans les eaux macroniennes en demeurant responsable des relations internationales de LREM et, en tant qu’administratrice de la Fondation de la Mer, elle restera dans son élément favori : celui de la biodiversité marine, et donc de la transition écologique dont elle a été chargée, durant trois ans, comme secrétaire d’État.

Manifestement, l’Assemblée, ses électeurs, ça compte peu, chez la diplômée de la Kennedy School de Harvard entrée par le haut dans la politique, par les cabinets. Elle attend, désormais, de nouvelles fonctions. Le terme « fonction » est significatif. Pour elle, être députée, ce n’est pas une mission au service d’une nation, pour écrire la loi et contrôler le pouvoir exécutif, au nom d’électeurs, c’est un job, « en marche » dans une carrière, en passant, pourrait-on dire.

C’est Delevoye qui lui a attribué la 3e circonscription de Vaucluse par l’entremise d’Hubert Védrine. La vague macronienne a fait le reste, d’autant plus que Marion Maréchal, élue dans le mandat précédent, avait eu le grand tort de déserter le combat. Pas la moindre trace de cet enracinement qui faisait la force des « députés de terrain » accrochés à leur terre d’élection, souvent titulaires de mandats locaux. Ce qui l’intéresse est l’écologie et rien d’autre, que ce soit à New York, à Londres, à Nagpur ou ailleurs. Elle a la double nationalité américaine et française et a travaillé souvent à l’étranger, notamment en Inde pour Veolia, où elle a laissé un souvenir périssable en obtenant le prix Pinocchio du développement durable de l’association Les Amis de la Terre dans la catégorie « Une pour tous, tout pour moi ». Un grand quotidien indien anglophone a montré, en effet, que la distribution d’eau s’était peu améliorée et que les prix avaient augmenté.

Ce départ est révélateur de la décrépitude de la démocratie en France. Il y avait, en 1965, un président élu avec une participation de 85 % aux deux tours. Le choix était équilibré entre de Gaulle et Mitterrand. L’actuel locataire de l’Élysée, élu dans des circonstances douteuses après l’élimination du favori par un coup d’État judiciaire, a été élu avec un soutien quasi unanime des partis et des médias contre Marine Le Pen et avec 75 % de participation. Dans le premier cas, les électeurs avaient choisi de Gaulle. Dans le second, ils ont refusé Marine Le Pen. En 1958, l’abstention aux élections législatives était de 25 %. Pour l’Assemblée actuelle, elle a été de 57 %, amenant au palais Bourbon une masse de nouveaux venus et de socialistes recyclés élus grâce à la potion magique macronienne.

On comprend que l’ex-ministre ne juge pas cette activité parlementaire digne de ses talents et qu’elle préfère s’adonner à ses sujets de prédilection plutôt que de s’attacher à répondre aux exigences de ses électeurs et, plus encore, à celle du bien commun. Ce débat intérieur qu’un vrai parlementaire doit connaître intéresse fort peu les écologistes en général. Mme Poirson était sincèrement favorable à la taxe carbone, inutile pour l’environnement, mais indispensable, selon M. Philippe, pour soutenir le budget. L’écologie politique est sans doute aujourd’hui, avec l’islamisme, le plus grand danger pour la démocratie française. Comme le montrent les maires si mal élus de plusieurs grandes villes françaises. Mais quel crédit ont des élections municipales avec 55 et 58 % d’abstentions d’un tour à l’autre, séparés par une longue trêve, qui ont entraîné, d’abord, une reconduction massive des sortants et, ensuite, une vaguelette verte dans les villes les plus importantes ? À Bordeaux, seuls 38 % des électeurs s’étaient déplacés !

Enfin, la députée dépitée est franco-américaine, comme M. Valls est franco-espagnol et désormais conseiller municipal centriste de Barcelone, comme Mme Esther Benbassa, sénatrice, est franco-turco-israélienne. N’est-il pas irresponsable d’accepter que des représentants du peuple français, en charge d’une part de sa souveraineté, dans des domaines où le choix de l’intérêt national est primordial et peut être en conflit avec celui d’autres États, soient « entre deux » ou plutôt, selon eux, au-dessus, près de leur idéologie et loin du peuple ?

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Christian Vanneste
Homme politique - Ancien député UMP, Président du Rassemblement pour la France, Président de La Droite Libre

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