Les gilets jaunes : fossoyeurs de la France ?
Et si, après avoir demandé, sur les ronds-points de France et sur les Champs-Élysées à Paris, durant plusieurs semaines, sa démission, les gilets jaunes devenaient finalement les sauveurs d'Emmanuel Macron et les garants de sa réélection en 2022 ?
À en croire les sondages, cette perspective est loin d'être une hypothèse fantaisiste qui, selon certains observateurs politiques avisés, pourrait même devenir réalité si les contestataires vêtus de jaune ces derniers temps parvenaient à monter une liste à l'occasion des prochaines élections européennes. Un premier pas vient d'être franchi lundi puisque le chanteur Francis Lalanne a annoncé avoir trouvé un début de financement pour la constitution d'une liste "gilet jaune" en vue des prochaines échéances électorales.
Contre toute attente, LREM parviendrait ainsi, au-delà de toutes ses espérances, à récupérer les dividendes d'un mouvement populaire qui ne laissait, il y a encore peu, aucun espoir de succès au parti présidentiel lors du scrutin de mai prochain.
Toujours selon les sondages, les grands perdants de ce coup d'État démocratique seraient, à n'en pas douter, le Rassemblement national, qui verrait son score initialement annoncé autour de 21 à 23 % baissé de 3 à 4 points. Mais également La France insoumise, qui chuterait de 3 %, également pour se situer à 9 % environ, contre 11 à 12 % en cas de non-participation des gilets jaunes à ce scrutin.
Cette opération remettrait donc La République en marche en tête des formations politiques (21 %) et lui assurerait ainsi une victoire politique incontestable qui ne manquerait pas de la repositionner en situation favorable pour les échéances électorales à venir. Et, en particulier, les municipales, dont on sait d'ores et déjà qu'un grand nombre de maires seront à remplacer.
Face à ces chiffres, difficilement contestables, la stratégie de Macron est donc simple. Permettre l'émergence d'une liste des gilets jaunes, seule à même actuellement de fragiliser une opposition qui se présente en force, car largement soutenue par une opinion française désabusée, et, pour une partie d'entre elle, soucieuse de prendre sa revanche sur 2017.
Actuellement créditée de 12 % des intentions de votes, la liste éventuellement montée par les gilets jaunes serait, de toute manière, un danger pour les partis euro-sceptiques. Rappelons que 5 % des suffrages suffisent pour obtenir des élus et que chaque point pris à ces partis ne fera que renforcer la liste LREM-MoDem.
Reste donc aux différentes formations menacées par cette intrusion inattendue à convaincre leurs électeurs potentiels de ne pas changer leur choix de vote au dernier moment. En effet, il est également établi par les enquêtes que les soutiens aux gilets jaunes se comptent pour beaucoup au sein du Rassemblement national et de La France insoumise. Ces "troupes", susceptibles de compter pour 6 à 8 % dans le vote "gilets jaunes", doivent donc être convaincue, par une campagne électorale solide, de ne pas lâcher la proie pour l'ombre.
Tout d'abord, en démontrant que voter pour une liste gilets jaunes ne ferait que renforcer l'emprise de Macron sur le pays, condamnant irrémédiablement ce dernier à une soumission à cette Europe qui a fait, jusque-là, une grande partie de leurs malheurs. En insistant, ensuite, sur l'indispensable cohésion du peuple français qui doit sortir des urnes en mai prochain, pour espérer pouvoir lutter contre l'hégémonie bruxelloise, synonyme de la disparition, à court terme, de la France en tant qu'État-nation. En dénonçant, enfin, par tous les moyens, la connivence qui semble s'installer entre certaines figures des gilets jaunes et le pouvoir en place actuellement aux abois, et prêt à tout pour sauver ce qui peut encore l'être.
L'ironie de cette histoire reste cependant le fait qu'après s'être présentés en protecteurs de la France par leur révolte, les gilets jaunes peuvent, désormais, en être les fossoyeurs.
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