Léon XIV : quid des catholiques traditionalistes ?

Sur la forme, Léon XIV renoue avec une tradition à laquelle avait renoncé François. Sur le fond, il reste son disciple.
Capture d'écran
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8 mai 2025 : une fumée blanche s’échappe de la cheminée la plus célèbre du monde. Il n’aura pas fallu plus de 24 heures au Collège des cardinaux pour se mettre d’accord sur le nom du successeur de saint Pierre. Devant une foule de quinze mille personnes, le 267e pape est apparu à la loggia. Robert Francis Prevost, cardinal américain originaire de Chicago, s’est présenté aux catholiques du monde entier sous le nom de Léon XIV. Le grand défi de son pontificat : faire régner la paix dans une Église catholique en proie à la division. Si de nombreux traditionalistes se sont sentis oubliés, sinon méprisés par les décisions du pape François, notamment en restreignant l'usage de la messe traditionnelle, tous se demandent quelle attitude témoignera le nouveau Saint-Père à leur égard.

Rassurant, de prime abord

La première apparition du pape a pu rassurer les catholiques s’ancrant dans la tradition de l’Église. En effet, le pape à peine élu s’est présenté avec les atours traditionnels des papes : la mozette, l’étole rouge identique à celle que portait le pape Benoît XVI le jour de son élection. Il a choisi un nom déjà amplement utilisé, puisqu’il est le quatorzième de son nom, la où le pape François avait totalement innové. Pour la bénédiction urbi et orbi, elle a été donnée de manière classique contrairement au pape François qui avait d’abord demandé à la foule de le bénir, lui qui avait refusé de porter les ornements propres au pape lors de son apparition à la loggia.

Sur la forme, le Saint-Père peut rassurer la frange traditionaliste de l’Église. Le communiqué de la Fraternité sacerdotale Saint-Pie-X, fondée par Mgr Marcel Lefèbvre, rappelle prudemment que « c’est à l’œuvre que ce nouveau pape pourra être découvert, à commencer par les nominations à la tête des divers dicastères romains ». Un prêtre de cette fraternité appelle à « lui laisser le temps de prendre son autorité », rappelant aussi que le Saint-Esprit fera son œuvre.

On ignore sa position sur le courant traditionaliste

En attendant ces premiers actes, certaines positions du nouveau pape sont tout de même connues. Jean-Pierre Maugendre, président de Renaissance catholique, analyse pour BV ce que l’on sait déjà de ce pontife réputé réservé et discret. Il est deux points indéniables, confie-t-il : sa position vis-à-vis des catholiques traditionalistes est mystérieuse, sinon complètement inconnue. Il ne s’est encore prononcé ni sur la célébration de la messe suivant le rite de saint Pie V ni sur Traditionis custodes, le motu proprio qui a restreint de manière drastique l'ancienne messe. Le deuxième point soulevé par Jean-Pierre Maugendre, c’est le fait qu’il ait été nommé par le pape François à la tête des évêques du monde entier en tant que préfet du dicastère des évêques. « Cela veut dire que le pape François avait une grande confiance en lui. Donc, il doit appartenir au même mouvement. » L'abbé Raffray, prêtre à l'Institut du Bon-Pasteur, souligne l'importance donnée à la foi et à la doctrine par Léon XIV, dans ses deux premières apparitions en tant que pape : « Que ce soit pour son premier discours à la loggia ou lors de sa messe à la chapelle Sixtine, il a donné une direction très christologique [à ses paroles]. Il a parlé de paix et de ponts entre les hommes, mais aussi entre les hommes et Dieu. » L'abbé Raffray met en garde contre une vision trop politisée du pape, une conception trop binaire qui se résumerait à « qui, des traditionalistes ou des progressistes, vont perdre ou gagner » : « Le pape est d’abord le successeur de saint Pierre, le père de tous les catholiques du monde. Les papes sont d’abord des hommes d’unité. »

Des plaies rouvertes sous François

De son côté, le père Danziec, prêtre de l’Institut du Christ-Roi Souverain Prêtre, se confie à BV : « Un baptisé, traditionaliste ou non, ne peut que se réjouir. Quand on aime l’Église, il faut recevoir cette nomination avec le respect qui est de circonstance. » Il poursuit, soulignant qu’il est encore bien tôt pour juger le nouveau souverain pontife : « Ce que je constate, c’est qu’il a eu un discours spirituel et enthousiaste en demandant la paix pour tout le monde ainsi que la paix dans l’Église. S’il s’y attèle [à la paix dans l’Église, NDLR] ça ne pourra être que profitable pour la frange traditionaliste. » Le père Danziec rappelle que certaines plaies, voire certaines guerres internes à l’Église, entre conservateurs et progressistes ont été rouvertes sous le règne du pape François. Il achève, appelant à « l’espérance, la confiance et la saine disposition à l’égard du souverain pontife ».

Cet article a été mis à jour pour la dernière fois le 12/05/2025 à 11:54.

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Raphaelle Claisse
Journaliste stagiaire à BV. Etudiante école de journalisme.

Vos commentaires

10 commentaires

  1. Prions pour que Louis XIV SOIT LE « Pape soleil » comme fût le nôtre Qu’il prenne conscience de la réalité du désastreux état dans lequel nous sommes et qu’il défende LE CHRISTIANISME face aux « fous de Dieu » qui envahissent notre nation AUX URNES CITOYENS !

  2. François Ier ayant été un pape hyper politique et doctrinaire, et selon toute vraisemblance et probabilité ayant organisé une succession qui n’a pas failli, il faudrait donc supposer qu’il se soit trompé sur le choix de son successeur ou que celui ci de démarque de la confiance que François lui avait accordée: peu vraisemblable….

  3. Avis aux Papes qui chérissent publiquement les ponts : s’ils peuvent favoriser les échanges humains, ils peuvent aussi servir aux invasions. Construits d’un commun accord à partir des deux rives, ils se rejoignent au milieu et non seulement d’un côté. À Avignon, il y a eu six Papes mais un seul pont…

  4. Je ne partage pas cette analyse désolé. Je suis plutôt d’accord avec Philippe de Villiers. Léon XIV est semble-t-il une personne plutôt consensuelle et je n’ai vu aucun faisceau d’indice permettant d’affirmer qu’il prendra le parti d’une branche du catholicisme au détriment d’une autre. Contrairement à son prédécesseur. Et le fait qu’il veuille aussi être un pape des pauvres je trouve c’est une bonne chose. S’il est favorable à l’accueil des migrants, faut-il rappeler qu’il s’agit d’un dogme de l’église, et s’il n’est pas MAGA ce n’est pas plus mal non plus, on a davantage besoin de rassembler.

  5. Il y a plusieurs rites qui ont cours aujourd’hui en toute légalité dans l’Eglise catholique. On peut se demander pourquoi le seul qui ne trouvait pas grâce aux yeux du pape François était le rite le plus répandu dans l’église pendant des siècles avant Vatican 2…

    • Toute la subtilité se trouve là, selon Paul VI sa réforme liturgique serait celle de l’unique rite liturgique latin hérité de Saint-Pie V ,nous savons bien qu’il n’en n’est rien, Jean-Paul II en 1984 avait constitué une commission d’experts afin de savoir si la forme liturgique du missel promulgué en 1962 était encore valide , sur neuf cardinaux huit ont répondu par l’affirmative ,à compter de cette date des autorisations furent accordées aux prêtres ,et surtout à certaines communautés, afin de revenir à la liturgie dite tridentine.
      Puis se furent les motu proprio Ecclesia Dei ,et surtout Summorum Pontificum de 2007 du pape Benoît XVI qui accordèrent plus largement la faculté d’utiliser les livres liturgiques de 1962 ,jusqu’au motu proprio de 2021 de Bergoglio qui mit un frein aux autorisations .

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