Le nouveau look de Jean-Michel Blanquer : un embryon de barbe pour paraître cool ?

BLANQUER

On l'a déjà vu jouer à la marelle et au football, mais ce n'est pas suffisant pour paraître cool et proche des préoccupations des Français. Voici que, pendant les vacances, il s'est laissé pousser la barbe, ce qui a provoqué sur Twitter des réactions ironiques.

Il ne s'est pas expliqué sur son nouveau look : tentons d'avancer quelques hypothèses.

Il paraît qu'un barbu est plus drôle que la moyenne. Il est vrai qu'à le voir, ce n'est pas la première qualité qui saute aux yeux. Les mauvaises langues diraient plutôt qu'il a avalé son parapluie : son apparence traduit une forme de rigidité, que la barbe atténuera peut-être, en lui donnant un peu plus de souplesse. Mais il serait injuste de juger un homme sur son physique : Socrate n'était pas particulièrement bel homme, il ressemblait plutôt à un marginal, mais c'était un grand philosophe.

Il paraît, aussi, que la barbe vous aide à penser. Il serait agréable de titiller sa pilosité, ce geste simple aurait même des vertus anti-stress et donnerait l'air d'être un intellectuel. À vrai dire, notre ministre n'a pas besoin de cet artifice pour paraître sérieux. Il ne semble pas a priori un virtuose de l'humour ni de la plaisanterie, sauf dans de petits écarts de conduite quand, sous l'œil des caméras, il cède à la démagogie.

On pourrait penser que la barbe est pour lui un argument d'autorité, à l'heure où il est de plus en plus contesté. Peut-être se mettra-t-il, prochainement, à la pipe. C'est moins sa politique éducative qui lui est reprochée que son inclination, de plus en plus prononcée, à copier son maître et à en faire le panégyrique, sans qu'on sache vraiment s'il est sincère ou courtisan. Au lieu de rester un bon connaisseur du système éducatif, il veut jouer le politicien, un rôle à contre-emploi, qui ne correspond pas à sa nature.

On dit encore qu'une barbe fait paraître plus mûr, quand on a un visage trop juvénile. Si c'est vérifié pour certains hommes politiques, le ministre de l'Éducation n'en a guère besoin. On dit aussi qu'elle fait paraître plus sexy : aurait-il cédé à cette tentation sur les conseils de sa nouvelle compagne ? Car il a aussi une vie privée, ce qui est tout à fait son droit, et reste discret, ce en quoi il a bien raison. Il ne fait pas encore la une de la presse people.

Si j'osais le conseiller, voici ce que je lui dirais, le plus sérieusement du monde. Monsieur le Ministre, ne cherchez pas à passer pour ce que vous n'êtes pas, restez vous-même : vous y gagnerez beaucoup en considération. Peu importe que vous vous laissiez pousser ou non la barbe, mais n'en faites pas un élément de votre publicité. Avec ou sans barbe, vous n'avez rien de commun avec le maître que vous servez. Ne vous compromettez pas en l'imitant sans modération. Ne désacralisez pas, comme lui, votre fonction. Contentez-vous d'être un bon ministre de l'Éducation nationale.

Philippe Kerlouan
Philippe Kerlouan
Chroniqueur à BV, écrivain, professeur en retraite

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