C’était le 2 février 2013, autant dire il y a une éternité. François Hollande, président de la République, sans doute enivré par l’euphorie de l’accueil qui lui avait été réservé à Bamako, dans la plus pure tradition de la défunte et très décriée Françafrique, déclarait : « Je veux ici vous dire que je viens sans doute de vivre la journée la plus important de ma vie politique. Parce que, à un moment, une décision doit être prise. Elle est grave. Elle engage la vie d’hommes et de femmes. Cette décision, je l’ai prise au nom de la France. Cette décision, elle honore la France. »

Trois semaines avant, le 11 janvier, alors que les Français sortaient à peine des fêtes du Nouvel An, François Hollande, à l’issue d’un Conseil de défense, donnait l’ordre en fin de matinée à nos armées d’engager le combat, en appui des forces maliennes, contre les djihadistes. Une intervention qui trouvait sa légitimité dans la demande d’assistance du gouvernement malien de l’époque. Le jour même, à 16 h 00, nos premiers hélicoptères d’attaque interviennent contre les colonnes djihadistes à hauteur de la ville de Konna, quelque 700 kilomètres au nord de Bamako. C’est là que meurt au combat notre premier soldat français, le lieutenant Damien Boiteux, pilote d’hélicoptères.

Ce dimanche 15 août 2022, le dernier soldat français quittait le Mali. Dans la grande indifférence d’une France en grandes vacances. Un retrait qu’un communiqué de la présidence de la République justifie ainsi : « Le 17 février dernier, constatant que les conditions politiques et opérationnelles n'étaient plus réunies pour rester engagée au Mali, la France a décidé, en concertation avec ses partenaires africains et européens, de réarticuler le dispositif de l'opération Barkhane en dehors du territoire malien. » Il est bien évidemment normal de saluer, comme l’a fait dans ce même communiqué le chef de l’État, la « réussite de cette manœuvre opérationnelle et logistique de retrait du Mali que nos armées ont conduite selon le calendrier annoncé, sans cesser leur combat contre les groupes terroristes ». Les situations ne sont pas comparables, mais tout de même, comment ne pas penser au retrait plus que chaotique, il y a tout juste un an, des forces américaines d’Afghanistan !

Comment ne pas penser, aussi, aux 59 militaires français qui ont laissé leur vie au cours de cette guerre de plus de neuf années dans la bande sahélo-saharienne contre les djihadistes. Comment ne pas évoquer les nombreux blessés, frappés dans leur pleine jeunesse, physiquement, psychologiquement, qui devront porter leur souffrance toute leur vie. Comment ne pas penser aux familles qui doivent continuer à vivre, malgré tout, et qui, elles, ne font pas de bruit.

Comment, enfin, ne pas penser à la France ? Une France qui ne cesse de perdre de son influence en Afrique. On peut invoquer les « conditions politiques » au Mali, saluer la réussite de la manœuvre logistique, la réalité n’en est pas moins là, cruelle : la France se redéploie ; en clair, elle recule. Et elle n’a pas été capable d’influer pour que ces « conditions politiques » lui soient favorables. Le 2 février 2013, François Hollande vécut peut-être la journée la plus importante de sa carrière politique. En ce 15 août 2022, Emmanuel Macron ne peut sans doute pas en dire autant.

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16 août 2022 à 19:01

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31 commentaires

  1. repli en bon ordre, la realité est differente, ce n’est ni plus ni moins qu’une claque dans la figure. nous nous sommes fais virer un point c’est tout. et le petit chef se trouve satisfait de l’evacuation,. ancien militaire j’ai honte pour mon pays et surtout je pense a nos morts, pour quoi, pour qui.la guerre est chez nous, ouvrons les yeux

    1. Il faut être réaliste. Que pouvions nous faire ? Les Russes et le gouvernement Malien actuel n’attendaient qu’une bavure (qu’ils ont essayé de provoquer de nombreuses fois) pour nous accuser de tous les maux…De plus rester au Mali sans un appui du gouvernement Malien pour recréer des structures administratives (Mairies, écoles, préfectures, tribunaux,…) dans les territoires reconquis était voué à l’échec. Une fois les militaires partis, les terroristes revenaient pour récupérer le territoire.
      Il y avait des risques que le conflit dégénère en confrontation armée entre troupes européennes d’un côté et troupes Russo-Malienne de l’autre côté. Si c’était le cas, notre repli stratégique sur le Niger n’était plus possible. La situation au Mali est extrêmement complexe car il y a non seulement une crise sécuritaire mais aussi politique et sociale… L’avenir risque d’être extrêmement compliqué pour ceux qui veulent prendre notre place et cela risque de mettre encore plus de Sahéliens sur la route de l’exil…et pas vers la Russie…. J’en viens même à me demander si le flot de migrants du Sud n’est pas un plan de Poutine pour déstabiliser l’Europe

  2. Dans la lutte contre les Islamistes, les militaires Français seront remplaçés par les mercenaires Russes de Wagner, qui opérent selon les principes de leur grand patron, le Président Poutine : « On ira buter tous ces salopards jusque dans les chiottes ! »

  3. 59 soldats français « Morts pour la France »? Morts pour rien, oui assurément. Pour un vide abyssal qu’ils ont rejoint.

  4. Les Français sont remplacés par les Russes et les Chinois. On dirait que certaines nations aiment ça…

    1. Les Russes et les Chinois sont de très bons représentants de commerce. Ils sont tellement forts qu’ils vendent de la crasse au prix de l’or.

  5. Le nouveau gouvernement du Mali ne veut plus l’aide de la FRANCE ? Parfait renvoyons tous les ressortissants maliens au Mali et arrêtons de leur donner des aides !

  6. Je refuse de croire que le sacrifice de nos soldats n’ai servi à rien
    Un Soldat de France meurt toujours pour une juste cause.
    Aux Morts!

  7. j’espère qu’on a rendu le camp de GAO comme les soldats français l’ont trouvé à leur arrivée à savoir identique au désert ! Le MALI doit dès à présent retrouver son pays comme avant l’arrivée de l’armée française !!!!!!!

  8. 59 soldats Français tués au Mali , mais combien de harkis et de soldats du contingent tués ou massacrés en Algérie avec le silence complice de la Gauche, qui pourtant les avait engagés dans ce combat !

  9. RIP à nos enfants morts au champ d’honneur ! Et pendant ce temps des navires ONG débarquent discrètement des flux incontrôlés de migrants dont on ne sait absolument rien ! Cherchez l’erreur.

  10. Nos Soldats sont obligé de partir du Mali le nouveau gouvernement de ce pays ne veux plus de Français dans son pays a t’il pensé de reprendre tous ces ressortissants qui ont fuit leur pays réfugier en France maintenant que leur pays les protège et que nos soldats sont parti il y a de la place pour que ces ressortissants rentre chez eux

  11. Ce n’était pas au Mali que nos soldats devaient combattre les djihadistes mais en France tant le mal est profond !
    Triste de voir l’état de « mort cérébrale « de notre pays ! Des personnalités « style de Gaulle », c’est fini depuis longtemps pour notre plus grand malheur !

  12. Maintenant que le dernier soldat français a quitté le Mali, quand verrons-nous le dernier Malien quitter la France ?
    Nos militaires sont allés en Afrique faire la guerre aux islamistes alors qu’une quantité considérable d’autochtones en âge de combattre sont venus en France se goberger aux frais du contribuable. Ce n’ont pas plus été des « chances pour la France » qu’ils sont des chances pour l’Afrique.
    Que vont décider nos gouvernants ? Je ne suis pas optimiste.

  13. Le bilan est lourd, très lourd ! 59 morts, des centaines de blessés, des familles anéanties. Et combien d’argent dépensé ?
    Quels avantages la France a t’elle tirés de cette expédition ? Aucun sans doute. Force est de constater que nous n’avons rien à gagner dans ces expéditions africaines. Alors, laissons les Africains se démm… et investissons nos militaires et notre argent dans notre défense qui en a bien besoin. Honni soit qui Mali pense !

  14. Plus de 9 ans de combats pour défendre le Mali contre les assaillants musulmans, 59 tués, des dizaines de blessés dont de nombreux handicapés à vie.
    Tout ça pour être chassés comme des malpropres par une junte militaire devant laquelle notre glorieux Chef des Armées s’est applati avec des termes pompeux rappelant « les replis en bon ordre sur des positions préparées à l’avance » en mai/juin 1940.

  15. La France a aidé le Mali sans rien demander en échange. C’était une grave erreur, car  » les gens ne vous pardonneront jamais le bien que vous leur avez fait. C’est là une constante de la loi d’ingratitude… Un bienfait ne reste jamais impuni » (Pierre Assouline). Les gens ne supportent pas de se retrouver en dette.
    Les Russes, eux, font payer leurs services en or, en diamants, et n’ont pas ce problème.

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