La statue de Solitude à Paris : une nouvelle offensive mémorielle d’Anne Hidalgo
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Ce 10 mai, le maire de Paris, Anne Hidalgo, inaugurait une statue dans le XVIIe arrondissement dédiée à la « mulâtresse » Solitude. La première statue d’une femme noire à Paris. La mulâtresse Solitude y est présentée comme une esclave, héroïne historique de la résistance au rétablissement de l’esclavage en 1802 en Guadeloupe. Le problème est que l’existence même de cette mulâtresse n’est pas attestée historiquement et le seul texte à caractère historique qui en fait mention est constitué par les quelques lignes écrites par l'historien Lacour dans son ouvrage en quatre tomes de l'Histoire de la Guadeloupe paru en 1858, soit… 56 ans après les faits ! Nous sommes en 1802, qui dit condamnation dit archives (nous avons bien les traces du procès de Jeanne d'Arc au Moyen Âge), qui dit naissance dit état civil, l'acte de naissance de cet enfant existe-t-il ?
À partir de ces quelques lignes, le romancier André Schwart-Bart, particulièrement touché par le fait que l'on ait attendu qu'elle mette au monde son enfant avant de l'exécuter, imagina un roman paru en 1972 et dont elle devint l'héroïne, lui donnant ainsi une vie qui repose sur sa seule imagination. Malgré les recherches effectuées, les historiens n'ont retrouvé aucun document d’archives attestant de son existence.
L’imaginaire du roman a, depuis lors, pris, dans la population guadeloupéenne et chez certaines élites, le pas sur la vérité historique. Lors de la commémoration du 150e anniversaire de l'abolition de l'esclavage dans les Antilles françaises, l’on décida de faire des statues allégoriques représentant les héros de la lutte contre le rétablissement de l'esclavage dont Delgrès, Ignace et Solitude sous les traits d'une femme enceinte.
La mulâtresse Solitude, personnage « inventé », est souvent confondue avec Rose-Marthe, dite Toto, la compagne de Delgrès et dont l’existence, quant à elle, est avérée. Celle-ci est aussi évoquée par l’historien Lacour. Par rapport à la légende développée, rien n'indique que Solitude, qui selon le roman aurait été une Africaine violée par un marin blanc sur un bateau négrier, fût une esclave. Il est plus vraisemblable qu'elle aurait été, comme Marthe Rose, dite Toto, une femme de couleur libre.
Après l’inauguration d’un square en 2020 et d’un timbre-poste en avril dernier, ce nouvel hommage pose donc une question : comment un personnage de pure fiction gagne-t-il le statut de personnage historique ? Si cette mystification ne nous apprend rien sur le contexte historique de 1802, elle en dit long sur les dérives de notre époque et sur les errements mémoriels qui la travaillent. Elle en dit long, surtout, sur l’appropriation dangereuse par les mouvances décoloniales-indigénistes, prêtes à inventer des héros ou à faire de n’importe quelle légende une vérité conforme aux postures idéologiques de notre époque, servant les revendications identitaires du moment.
Rappelons que, déjà en 2007, le Conseil représentatif des associations noires de France, mouvement identitaire, avait interpellé les candidats à l’élection présidentielle pour qu’ils fassent entrer Solitude au Panthéon. Cette revendication avait été récupérée, en 2013, par un collectif de mouvements féministes, dont Osez le féminisme ! ou La Barbe, qui avait aussi demandé à ce que Solitude entre au Panthéon. Solitude rejoint ainsi ces dérives qui s’affranchissent de toute historicité au nom de l’idéologie.
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18 commentaires
Avec Hidalgo, les frontières de la bêtise sont repoussées chaque jour.
Quand décidera-t-elle de rentrer en Espagne ?
« comment un personnage de pure fiction gagne-t-il le statut de personnage historique ? » Tout simplement car porté par nos édiles qui préfèrent vivre dans la douce idéologie que dans la dure réalité.
En parfaite relation avec l’article précédent, sur le fond de l’Histoire. (commenté).
Sachez que dans sa « Solitude » électorale, Hidalgo a le le projet de « remodeler » les Champs Elysées…
On craint le Pire !
Voilà bien la politique de la Maire de Paris,et des socialos en général,des symboles inutiles et coûteux!
Pourquoi existe-t-il des associations noires alors que les associations blanches sont interdites ???
ne pas oublier qu’il y avait des noirs libres, qui eux-mêmes employaient des esclaves…et ne les traitaient ni mieux ni pire que les planteurs blancs!
Bien que n’étant ni indigéniste ni créolisateur, ni révisionniste accablé, et tant s’en faut, il n’en reste pas moins que ce bronze est une œuvre belle et puissante. Quant à la véracité du récit et du personnage, ils sont sans doute comme bien d’autres à l’origine des religions, c’est-à-dire quand la trajectoire de vie d’un homme explose et se diffuse en mythe universel.
Hidalgo future « historienne de service » ?…décidément, on aura tout vu !
En son temps la présidente de Poitou-Charentes, la dame Ségolène Royal, avait aussi rendu hommage à un personnage dont le nom m’échappe et que l’histoire,puisqu’il n’a jamais existe.
pourquoi pas réaliser une statue sur le comte de Monté cristo?
Il était blanc…
Il va falloir nous habituer à ce genre de récupération communautariste, révisionniste et propagandiste. Le Camp du Bien euro mondialiste cherche par tous les moyens à nous imposer un multiculturalisme à marche forcée. Le système est verrouillé.
De mieux en mieux, on déboulonne des statues de personnages historiques réels et on inaugure une statue d’un personnage imaginaire
de mieux en mieux
Si l’on veut faire de l’Histoire une Science, il faut commencer par choisir son vocabulaire. Pour commencer, employer les mots « hommes de couleur » pour désigner ceux qui , précisemment, n’en ont pas, comme nous l’enseigne la physique, est déjà fallacieux .
» n’en ont pas » ? pas compris
N’en ont pas : de cou…leur, voyons ! Le noir n’en est pas une il me semble, le blanc non plus !
Incroyable! Jusqu’où iront nos politicien(nes) woke pour récupérer des personnages fictifs pour s’autoflageller? Minimalement choississez une vraie personne historique qui aurait combattu l’esclavagisme.