La petite fessée de l’ONU à Emmanuel Macron
Franchement, ça la fiche un peu mal : la France, patrie des droits de l’homme, vient de se prendre une petite fessée par l’ONU au sujet des violences policières à l’occasion des manifestations des gilets jaunes. La France qui donne des leçons de morale à la Terre entière, se faire réprimander comme une vulgaire république bananière qu’elle n’est pas ! Où va le monde ?
Notre pays figurerait même sur une liste où l’on trouve aussi Haïti et le Venezuela. Vexant, tout de même. "Est-ce bien raisonnable ?", s’est interrogé, sur Twitter, Christophe Castaner. En effet, Haïti a connu, en février dernier, des manifestations contre la vie chère et la corruption. D’"inacceptables actes de violences", en marge de ces rassemblements, ont d’ailleurs été dénoncés par la mission de l’ONU pour l’appui à la justice (MINUJUSTH), présente sur place, et ses partenaires, dont la France. Quant au Venezuela, le ministre de l’Intérieur a beau jeu de rappeler que Maduro interdit l’entrée de l’aide humanitaire dans son pays. "Est-ce bien raisonnable ?" Comparaison n’est pas raison, et est-il bien raisonnable de comparer la situation de la France à celle de ces pays, disons bien plus troublés que le nôtre. Est-ce à dire qu’à l’ONU, on perdrait la boule ?
Le 14 février, déjà, les « experts indépendants » des droits de l’homme de l’ONU dénonçaient, dans un rapport, des "restrictions graves aux droits des manifestants “gilets jaunes”". Mais, au fait, d’où viennent ces experts ? Le président est un Coréen (du Sud !), Seong-Phil Hong. Michel Forst est français, ancien directeur général d’Amnesty International France, ancien secrétaire général de la CIMADE, ancien secrétaire général de la Commission nationale consultative des droits de l’homme. Clément Nyaletsossi Voulé, lui, est togolais, rapporteur spécial sur les droits à la liberté de réunion pacifique et d’association. Aucun Russe parmi ces experts et, pour l'instant, la main de Benalla n'est pas évoquée !
Dans ce rapport, accablant pour la France, étaient dénoncées "les restrictions aux droits" qui ont "entraîné un nombre d’interpellations et de gardes à vue, fouilles et confiscations de matériel de manifestants, ainsi que des blessures graves causées par un usage d’armes dites “non létales”"... Soit ces experts sont des rigolos ou ont commis un rapport à charge et la France doit le dire haut et fort. Soit… Mais que disait, mercredi, Benjamin Griveaux, lors de sa conférence de presse hebdomadaire ? "Lorsque les Nations unies s’expriment […] la moindre des choses, c’est de les écouter et de les prendre en considération." Soit.
Cette petite humiliation internationale pour Emmanuel Macron (mais il faut beaucoup d’humiliation pour faire un peu d’humilité !) est d’autant plus grande que le haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU a demandé instamment à la France une "enquête approfondie" sur les violences policières pendant les manifestations des gilets jaunes. Or, qui est ce haut-commissaire ? Une "sous-secrétaire désœuvrée qui s'est exprimée un jour où elle s'ennuyait", comme l'a tweeté Jean-Michel Aphatie ? Non, Michelle Bachelet, ancienne présidente de la République du Chili de 2014 à 2018 et fille du général d’armée aérienne Alberto Bachelet, arrêté, torturé et mort en prison sous Augusto Pinochet. Michelle Bachelet fut, d'ailleurs, elle-même emprisonnée avec sa mère. On imagine qu’elle a donc quelques compétences en matière de droits de l’homme, même si elle n’a pas le bonheur d’être française (elle l’est quand même un peu par son ascendance paternelle). Avouons qu'une leçon d’un « expert » russe, hongrois ou italien, par exemple, aurait été bien mieux venue. Mais on ne choisit pas toujours ses experts.
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