Julia, transgenre, agressée par des Algériens, mais… pas d’amalgame !

Capture  d'ecran
Capture d'ecran

La scène est angoissante. On se dit que les attaques physique et verbale vont dégénérer et on tremble pour la personne qui en fait l'objet. Dimanche, Julia, un transgenre, traverse un rassemblement, à Paris, de personnes venues se réunir en réaction contre le gouvernement Bouteflika. Depuis, il (« transgenre » étant du genre masculin) entend faire passer ses messages à la une de tous les médias. Désespérant.

Sur LCI, CNews, BFM TV-RMC, Julia évoque ses agresseurs. L'un d'eux lui dit qu'elle est « un homme », un autre remarque qu'il a des seins, un autre encore sort son sexe en lui disant qu'elle doit « lui faire plaisir ». Insultes, crachats, coups de poing, ces manifestants s'en donnent à cœur joie. Ils l'ont, aussi, aspergée de bière et celui qui lui a touché la poitrine l'a giflée. Elle ne doit son salut qu'à l'intervention des agents de sûreté de la RATP qui ont réussi à l'extirper de ce véritable guêpier. On compatit sincèrement, tout ceci aurait pu bien plus mal se terminer.

Alors, comment se fait-il que notre colère, quand on écoute Julia en cours de transition de genre, s'émousse ? Ou, plutôt que ressentie à l'encontre de ces abjects personnages, elle bascule quelque peu ? Parce que l'important, pour Julia, c'est de ne pas faire d'amalgame ! Ces hommes algériens ou d'origine algérienne la molestent et sans doute auraient commis bien pire sans son exfiltration in extremis ? C'est juste par « ignorance », surtout ne pas penser que leur religion ou leur origine auraient un quelconque rapport avec ce qu'elle a subi. C'est ce qu'elle énonce, docte, face à Jean-Jacques Bourdin.

Mais de quel côté se trouve l'ignorance quand, en Algérie – comme dans tout pays où l'islam est religion d'État -, l'homosexualité est considérée comme contraire à la foi musulmane, qu'elle est illégale et que « l'outrage public [...] contre nature avec un individu de même sexe est passible de six mois à trois ans de prison ? » De quel côté penche l'ignorance quand, dans ce pays, les LGBTQI+ risquent d'être assassinés et où « les crimes d'honneur ne sont pas rares » ? Ignorante Julia ! Elle ne doit pas davantage savoir que la lapidation des homosexuels au Brunei vient, pas plus tard qu'hier, de rentrer en vigueur. À ce niveau-là, Julia dirait peut-être même que l'islam n'a rien à voir avec la charia. Ou l'inverse.

Elle aurait même pu appuyer ses dires en citant le site oumma.com qui condamne « fermement et sans la moindre réserve » son agression. Qui loue son absence « d'esprit de vengeance », son refus de « stigmatiser une religion en particulier, toujours la même [...] ».

Oumma.com solidaire de Julia le transgenre, on n'en revient pas ! On s'attend donc de sa part, dans le sillage d'Amnesty International, à une condamnation sans appel envers le Brunei, qui a décidé d'appliquer - tout simplement - la loi coranique. Sauf qu'on a beau chercher sur son site, pour le moment, le seul article concernant ce pays (datant de 2013) vante « l'eau Halal Brunei distribuée à tour de bras en Grande-Bretagne »...

Pauvre Julia, humiliée, en plus de tout ça, parce que les policiers l'ont appelée « Monsieur » ! Si seulement il lui prenait l'envie de combler son ignorance ! Parce que si la « communauté » LGBTQI+ subit de plus en plus de « comportements déplacés » « dans cette société machiste dans laquelle on peut vivre », comme elle dit, très sérieuse, sur RMC, ce n'est pas en refusant de voir la réalité en face et en brandissant l'affligeant « pasdamalgame » que leur vie quotidienne s'arrangera...

Picture of Caroline Artus
Caroline Artus
Ancien chef d'entreprise

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

Un vert manteau de mosquées

Lire la vidéo

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois