Emmanuel Macron en Corse : ça promet d’être explosif !
Ça y est ! Emmanuel Macron est arrivé en Corse, au terme d’un tour de France à l’occasion duquel il avait manifestement gardé le meilleur pour la fin. En attendant sa tournée d’adieux ? À l’heure où ces mots sont mis en ligne, on ne sait pas encore si cette sorte de rencontre du troisième type se passera bien. Sans lire dans les boules de cristal, et encore moins dans celles des cochons sauvages, il est à craindre que non. Ira-t-il jusqu’à assurer que l’île de Beauté aurait vocation à devenir une nouvelle « start-up nation », à l’instar du continent ? Avec lui, tout demeure dans le champ du possible. Mais, en attendant les éventuels événements à venir, trois ou quatre bricoles demeurent dans celui du plausible.
La première. Les élus corses ne sont pas de ceux qu’on siffle avant convocation à un « grand débat national » aux allures de monologue. Ils veulent bien parler avec le Président de fait, mais dans l’enceinte de l’Assemblée corse et non point sous un préau d’école. Aucune des deux parties en présence ne s’étant mise d’accord pour rencontrer l’autre, ce sera donc dialogue entre sourds et muets, pour aveugles et dans le noir, tant qu’à faire.
La deuxième. Le « style » Macron, qui a déjà du mal à ici passer la rampe, séduit encore moins sur l’île de Beauté. La preuve par Jean-Luc Millo, maire « natio » d’Olivese, qui se sent toujours « humilié » par la précédente visite d’Emmanuel Macron, en février 2018 : « Le président de la République a fait le choix de stigmatiser la Corse et les Corses. » Et le même d’ajouter, sur Europe 1, ce 4 avril : « Pour les vingt ans de l’assassinat du préfet Érignac, il a fait un discours très martial. Il a culpabilisé le peuple corse, il a humilié la ville corse en imposant une fouille systématique à l’entrée de la salle où il prononçait son discours. Cette humiliation, nous ne l’avons pas supportée. C’est quand même extraordinaire de voir l’arrogance de ce président de la République envers les élus que nous sommes. »
La troisième. Avoir enfin réussr à faire l’union de tous les Français, mais contre lui. Ainsi, citée par Le Figaro, Sylvie Marinacci, membre du collectif des gilets jaunes de Haute-Corse, « hissera le drapeau à tête de Maure », pour dire à Emmanuel Macron que, désormais leurs « revendications rejoignent celles des élus nationalistes ». Pis encore pour le Président, cette déclaration, relayée par le même quotidien, d’une éleveuse de porcs, Magali Gozzi, pourtant séduite par le candidat Macron en 2017 : « Il ne veut pas aborder les sujets essentiels… » Pas plus là-bas qu’ici, seraient tentés de lui rétorquer d’autres continentaux, eux aussi déçus du macronisme d’alors. Même son de cloche chez Olivier Bianconi, guide touristique à Calvi : « Le gouvernement laisse pourrir la situation ! » Déjà que cette dernière n’était pas bien fraîche…
La quatrième. Un ministre de l’Intérieur qui nourrit la psychose sécuritaire. Ainsi, Christophe Castaner, entre une soirée au Badaboum Club et un after au Kéké Café, tente-t-il de rassurer les populations en affirmant : « Il n’y a pas de menace. Il y a un niveau de sécurité habituel pour la visite du président de la République. Le climat peut être tendu, mais la Corse n’est pas un territoire violent. » Il est vrai que nous ne sommes pas en Syrie et qu’Ajaccio n’est pas Raqqa ; voilà qui ne nous avait pas échappé.
En revanche, est-ce l’effet d’une des nuits blanches dont il est coutumier – nuits à ne pas confondre avec d’autres nuits bleues, autrement plus explosives –, mais le même Christophe Castaner paraît se prendre un peu les pieds dans le dancefloor : « La Corse est un territoire où le peuple corse revendique haut et fort, veut faire entendre sa voix, et c’est particulièrement légitime. »
Gilles Simeoni et Jean-Guy Talamoni n’auraient pas mieux dit. Si Castaner n’existait pas, lui qui doit peut-être estimer que « tête de Maure » s’écrit « tête de mort », il ne faudrait surtout pas l’inventer. Du point de vue élyséen, s’entend. En attendant, Emmanuel Macron devrait clore sa tournée sur un feu d’artifice. La marque des grands artistes, n’est-il pas ?
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