Jean Messiha : « Il s’agit bien d’une ferveur populaire, mais d’un peuple qui n’est pas le nôtre »

Jean Messiha

Au micro de Boulevard Voltaire, Jean Messiha revient sur les débordements qui ont suivi le match Algérie-Sénégal, la semaine dernière.



Des violences et des dégradations ont eu lieu entre l’Algérie et le Sénégal suite à la victoire de l’Algérie. Pourquoi ces actes sont-ils systématiques ?

Ces agissements ont des causes protéiformes. Il ne s’agit pas simplement d’une liesse populaire ou d’une atmosphère bon enfant, selon les formules qu’on a entendues sur les différents médias. Ces causes sont beaucoup plus profondes. Elles mêlent à la fois des considérations identitaires et des problèmes migratoires.
Quand on défile avec profusion de drapeaux algériens et qu’il remplace le drapeau français volontairement descendu, on ne peut pas simplement considérer qu’il s’agit de supporters qui encouragent une équipe.
On peut en effet parler ici d’une ferveur populaire, mais celle d’un peuple qui n’est pas le nôtre.
À cette occasion, on a découvert qu’un autre peuple vivait au sein du peuple français. Celui-ci porte un autre drapeau et fait allégeance à une autre nation. Cela ne peut que provoquer des tensions et des débordements.

Ces scènes de liesse en lien avec la victoire de l’Algérie ont été émaillées de faits divers. Certains ont été symboliques. À Évreux, la statue du Général de Gaulle a été dégradée. À Rouen, un jeune homme noir s’est fait tuer aux cris de sale noir.
Que révèle ces faits du malaise français ?

Ces faits révèlent que les racistes et les haineux ne sont pas forcément ceux que l’on croit.
Le système macroniste le martèle depuis des années. Il combat l’extrême droite, le retour des années 30, la montée de la lèpre, etc. Cette phraséologie est parfaitement exacte, sauf que les gens qu’elle cible ne sont pas les bons.
Tout ce totalitarisme montant est en réalité une exacerbation identitaire de tous partis de la diversité qui entend contester la prééminence de la France en France.
Évidemment, le meurtre de l’étudiant guinéen au cri de « sale nègre » et le drapeau français qui est descendu sont des choses extrêmement graves.
Pendant quasiment 72 heures, aucun média n’a parlé du meurtre du Guinéen. Il a fallu attendre que les réseaux sociaux s’enflamment et que le ministre de l’Intérieur fasse un tweet pour qu’enfin la quasi-totalité des médias en parle. Aucun JT ne s’est ouvert sur ce meurtre.
On peut se demander quelles outrances nous aurions entendues à ce moment-là si ce meurtre avait été commis un samedi de Gilets jaunes ou lors d’un bal populaire.

Énormément d’observateurs ont remarqué que les médias avaient fait preuve d’une grande prudence au sujet des violences en marge des matchs de l’Algérie.
Comment expliquez-vous cette prudence médiatique ?

Cette prudence médiatique s’explique tout simplement par une notion très simple que j’ai théorisée récemment. Elle s’appelle l’immunité diversitaire.
À partir du moment où les crimes, les débordements et la rébellion émanent de la diversité, les médias, comme un seul homme, se mobilisent pour tenter de vider de sa substance le réel.
Soit, ils le cachent purement et simplement. Par exemple, aucune image de violences n’a été montrée à la télévision. Soit, ils l’édulcorent avec une phraséologie adaptée. Lorsque le meurtrier présumé de l’étudiant guinéen a été arrêté, on a parlé de personne aux antécédents psychiatriques.
Il est tout de même assez curieux qu’à chaque fois qu’un crime émane de la diversité ou du terrorisme islamique, on trouve bizarrement des antécédents psychiatriques au supposé criminel.
La prudence dont vous parlez n’est absolument pas mobilisée lorsqu’il s’agit d’une violence « blanche ».
Rappelez-vous la manière dont les médias ont couvert les samedis de Gilets jaunes, y compris les Gilets jaunes du début du mois de novembre.
Rappelez-vous la manière dont on a inventé une fake news à l’occasion de « l’invasion » de l’hôpital La pitié salpêtrière. On avait inventé des agressions de personnels médicaux. Cette affaire s’était dégonflée au cours des jours suivants.
Il y a deux poids, deux mesures. D’un côté, il y a une prudence excessive qui va aux confins de la fake news, de l’habillage et de la volonté de cacher le réel lorsque la violence émane de la diversité, déifiée par le système. De l’autre, lorsqu’il s’agit d’une violence bien blanche, toutes les outrances sont utilisées et ne lésinent devant aucune exagération.

Jean Messiha
Jean Messiha
Directeur et fondateur de l'institut Appolon

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