Jan Palach incarne la vraie libération et l’abnégation. C’est autre chose qu’une révolte de pacotille !

Alors que toute la France célèbre Mai 68, Béziers le fera de façon un peu différente en préférant rendre hommage au militant tchèque Jan Palach.

Pour protester contre les troupes russes rentrant dans Prague, cet étudiant en philosophie s'était immolé par le feu. Pour Robert Ménard, Jan Palach incarne mille fois plus le courage, la liberté et l'audace qu'un Cohn-Bendit.

Alors que la France célèbre mai 68, pourquoi la ville de Béziers le fera-t-elle aussi, mais au travers de la commémoration du militant tchèque Jan Palach ?

Nous le ferons ainsi, parce que Jan Palach incarne la vraie liberté et l’abnégation. Alors que les troupes russes sont entrées dans Prague, dans la Tchécoslovaquie de l’époque, il décide de s’immoler par le feu pour protester contre ce totalitarisme-là. Être capable de sacrifier sa vie pour ses idées est tellement rare ! L’audace de ce jeune garçon, étudiant en philosophie, constitue la plus belle incarnation de l’esprit de mai, de l’esprit de révolte. Il ne s’agit pas là d’une révolte de pacotille, mais d’une révolte qui engage.
Je vous rappelle que la révolution de velours a commencé quelques années plus tard à l’occasion d’une manifestation qui commémorait la mort de Jan Palach. Il incarne vraiment la lutte contre le stalinisme et contre le communisme. C’est autre chose que de commémorer trois jets de boulons sur des CRS contre qui on était assez crétin pour leur crier « CRS SS ».

Que reprochez-vous à ceux qui voudraient commémorer le mai 68 français ?

Je leur laisse le droit de faire absolument ce qu’ils veulent. Je pense qu’il y a un regard critique à porter sur mai 68. Je ne pense pas qu’on puisse comme cela penser que c’était une espèce d’ère nouvelle qui naissait. Mais pour autant, il n’y a aucune raison de regretter dans sa totalité tout ce qui se passait avant mai 68. J’ai l’âge de m’en souvenir pour vous dire que tout n’était pas rose et que je ne suis pas de ceux qui sont complètement nostalgiques.
Je pense qu’à prôner et à commémorer la liberté, l’audace et le courage, Jan Palach l’incarne mille fois plus qu’un Cohn-Bendit qui sera devenu aujourd’hui le héraut de cette société que soi-disant il condamnait à 20 ans.

Est-ce que pour vous, le suicide peut-être une forme de rébellion ?

Je ne me permettrais pas de le dire. C’est un sujet trop délicat. En tout cas, je comprends que cette immolation par le feu est, de la part de Jan Palach, une sorte de cri qui dit que des choses valent mieux que soi, que sa propre vie doit passer après. En l’occurrence ici, il s’agissait de l’indépendance de son pays qui était déchiqueté par les chars russes.
Lors de la commémoration, sera inaugurée la statue de Jan Palach, la première, il me semble, à lui être consacrée. Elle se trouve en face de celle de Jean Moulin qui est né à Béziers. Il me semble que c’est une belle façon de dire qu’il y a des gens qui se sont battus contre tous les totalitarismes, le nazisme d’un côté et le communisme de l’autre.

Robert Ménard
Robert Ménard
Maire de Béziers, ancien journaliste, fondateur de Reporters sans frontières et de Boulevard Voltaire

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