Islam radical : voyons la réalité en face…

"Voyons la réalité en face. Les forces de l’aliénation sont extrêmement puissantes." Il faut bien le reconnaître, le président de la République a employé des mots assez forts dans son discours devant le Parlement réuni en Congrès. Il a notamment évoqué ce "déni de réalité" dont aurait trop souffert la France ces dernières années et en a appelé à nous libérer de ces "forces d’aliénation" : la nouvelle forme de division du travail, la misère et la pauvreté, la contrainte financière, la volonté d’autres pays, etc. Et puis l’"aliénation à la terreur islamiste". Enfin un Président qui nomme les choses sans contorsions oratoires, serions-nous tenté de dire ! Voire.

Car il y a pourtant une force d’aliénation qu’Emmanuel Macron s’est bien gardé de nommer : c’est celle de l’islam radical. Cet islam radical qui aliène jusqu’à la liberté des femmes derrière le voile que, du reste, le candidat Macron ne voulait pas interdire à l’université…

Les Français, eux, dans leur grande sagesse - cette fameuse sagesse que le Président a évoquée au début de son discours -, semblent en tout cas bien voir cette réalité de l’islam radical en face. En effet, un sondage réalisé par l’IFOP pour NO COM et le JDD, et publié le week-end dernier par ce même journal, révèle que le recul de l’islam radical arrive en tête des priorités des Français avec 61 %, loin devant les problèmes des retraites (43 %), de l’école (36 %), de l’emploi (36 %) ou du pouvoir d’achat (30 %).

Ainsi - sagesse ou instinct de survie -, les Français priorisent les problèmes : d’un côté, ceux qui, par l’absence de traitement, par déni de réalité, justement, risquent d’entraîner des changements irréversibles pour notre pays et son identité, de l’autre, ceux qui restent, malgré leur gravité, du domaine des contingences matérielles, dirons-nous.

Eh bien, de cette grande préoccupation des Français, il n’en a évidemment pas été question un seul instant dans le discours fleuve d’Emmanuel Macron. Voir la réalité en face, nous annonçait le Président au début de son adresse au Parlement ? La réalité, rien que la réalité, certes, mais pas toute la réalité !

Vouloir éradiquer le terrorisme islamiste est une chose. C’est même la moindre des choses, l’État ayant pour premier devoir d’assurer la sécurité de la France et des Français. Que l’État se dote de tous les moyens matériels, humains, juridiques pour éradiquer le terrorisme islamiste, chez nous et au Levant, tout en n’abdiquant pas nos principes de liberté, n’appelle aucune discussion. Mais l’on sait bien que le terrorisme islamiste ne trouve pas son origine qu’à l’étranger - loin de là - et qu’il prospère, s’épanouit, se développe sur le terreau de l’islam radical, ici même en France, sous les serres du communautarisme.

Communautarisme : un autre mot tabou que l’on ne trouve pas une seule fois dans le prêche de M. Macron. Bien sûr, il a bien évoqué, à un moment, les "forces de division". Mais chacun y trouvera ce qu’il a envie d’y trouver… Bien sûr, il a parlé d’éducation, de culture (on notera d’ailleurs que la France semble désormais avoir une culture : évolution positive chez celui qui, alors candidat, évoquait la pluralité des cultures de notre pays), de fidélité à notre histoire, tout en évitant d’employer une autre expression taboue : ses racines chrétiennes.

Notons, enfin, dans ce sondage, la progression de l’inquiétude identitaire des Français. Ils étaient 30 %, en mai, à estimer prioritaire de préserver la France telle qu’elle est pour protéger son identité. En juin, ils étaient 37 %. Le discours d’Emmanuel Macron, par ses silences, n’a pas de quoi rassurer les Français. Évoquer Fernand Braudel dans un discours à Versailles, c’est bien. Défendre l’identité de la France, c’est encore mieux.

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Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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