Non aux dépenses inutiles !

Notre pays est au bord de la faillite. Notre dette a brutalement bondi de 68 milliards en trois mois, sans doute parce que le pouvoir sortant a dissimulé ses pertes avant les élections et que le nouveau veut imputer à ses prédécesseurs les dérives budgétaires. Dans ce contexte dramatique, M. Macron a pris une décision, que je trouve inadmissible et intolérable : il va réunir le Congrès.

Il a, bien entendu, le droit de s’adresser aux chambres, pour informer les parlementaires et, par-delà eux, le pays des décisions qu’il va prendre. Car il y a une différence entre être candidat et exercer une charge. En accédant aux responsabilités, M Macron a sans doute réalisé l’ampleur des difficultés, pris connaissance des vraies statistiques nationales et il peut désormais proposer la véritable politique à mettre en œuvre.

C’est également le droit du Président de court-circuiter son Premier ministre. Si ce dernier s’en offusque, qu’il démissionne. M. Macron ne viole pas la Constitution en agissant ainsi car celle-ci n’est pas figée sur ses textes fondateurs. Elle est uniquement ce que l’usage et les hommes en font. L’Autriche a des lois fondamentales en tout point semblables aux nôtres ; pourtant, le chancelier de cette nation est le seul aux commandes. Autre pays, autres mœurs.

Ce que je reproche à M. Macron, ce qui me choque, ce sont les 200.000 à 600.000 euros (les experts ne s’accordent pas sur un montant précis) jetés par la fenêtre pour réunir le Congrès uniquement pour que le chef de l’État voie physiquement les députés et les sénateurs.

Avant la réforme inutile de 2009, le Président se contentait de faire lire à la tribune des deux chambres le discours qu’il avait préparé. En général, le Premier ministre s’en chargeait au palais Bourbon et le garde des sceaux au Luxembourg. Cette coutume avait exactement le même effet et ne coûtait rien, ou presque. Pourquoi en changer ? Pourquoi faire preuve d’un inutile décorum ? Pour le prestige ? Absurde !

Certes, 600.000 euros sont une infime goutte d’eau par rapport au trou annuel de 74 milliards dans nos caisses. (À titre de comparaison, c’est comme si un Français gagnant 20.000 € par an et en dépensant 24.000 € se permettait de dilapider… un centime d’euro !) Mais en période de désastre budgétaire, le symbole est là, outrageant. Comment être crédible, comment exiger du peuple des sacrifices si on n’est pas soi-même rigoureux ?

Pour des raisons purement morales, j’aurais préféré que M. Macron lance ces 600.000 € par la fenêtre de sa voiture lors d’un déplacement ou l’offre à une organisation humanitaire. Mais notre nouveau Président n’est-il pas abonné aux dépenses révoltantes ? N’a-t-il pas offert à Mme Royal un poste d’ambassadrice des pôles, encore plus inutile que celui de compteur des mouches à l’Élysée s’il existait. Ce délire coûtera 100.000 € par an, dont 42.000 € de salaire. Non ! Par principe, il est grand temps de fermer les robinets, même pour des sommes ridicules à l’échelle de la nation.

Christian de Moliner
Christian de Moliner
Professeur agrégé et écrivain

Pour ne rien rater

Les plus lus du jour

L'intervention média

Les plus lus de la semaine

Les plus lus du mois