Immigration africaine : le Premier ministre socialiste espagnol en redemande !

Alors que les mêmes tragédies liées à l'immigration (naufrages en Manche et aux Canaries, crimes et attaques révoltantes comme le meurtre de Philippine, pour ne citer que le dernier) frappent de plein fouet la plupart des peuples européens, on assiste à un salutaire aggiornamento - même s'il est poussif et incomplet - des dirigeants de tous les pays du continent. Suède et Pays-Bas ont déjà fait volte-face. Même les travaillistes britanniques et les sociaux-démocrates du chancelier Scholz ouvrent les yeux. La décision de l'Allemagne de rétablir ses contrôles aux frontière, le 16 septembre dernier, après la tuerie de Solingen qui a choqué l'opinion, constitue à cet égard un réel tournant idéologique. « Schengen est mort », comme le déclarait Éric Zemmour, sur Europe 1. On aurait donc pu s'attendre à ce qu'un nouveau consensus européen se dessine, sous la pression des opinions et des partis anti-immigration qui volent de succès en succès partout sur le continent. Que nenni ! Il reste un ultime thuriféraire de l'immigration heureuse au pouvoir en Europe : le Premier ministre espagnol, le socialiste Pedro Sánchez ! Ce dernier a signé avec plusieurs pays africains des accords afin de gérer les flux migratoires « de manière humaine, sûre et ordonnée ».

L'Espagne qui, jusqu'à ces dernières années, était surtout un sas d'entrée et de passage pour l'immigration africaine, maghrébine et subsaharienne, vers le reste de l'Europe (et notamment la France) découvre à son tour à grande échelle les conséquences dramatiques d'une immigration folle qui souhaite désormais s'installer plus massivement sur son sol. Par exemple, la gestion des mineurs non accompagnés (les « menas », pour « menores extranjeros no acompañados », « mineurs étrangers non accompagnés ») que le pouvoir central impose aux régions provoque des tensions à tous les niveaux : révolte de la population ulcérée par les actes de délinquance de certains d'entre eux, refus des régions gouvernées par la droite d'accueillir massivement ces milliers de mineurs provenant des Canaries, opposition virulente du parti Vox qui a rompu, le 12 juillet, ses accords de coalition avec la droite dans les régions de Castille-et-Léon, Valence, Aragon et Murcie, comme le rappelle Le Monde.

C'est dans ce contexte alarmant pour son propre pays que le Premier ministre espagnol (battu aux élections mais sauvé par une coalition hétéroclite, lui aussi...) parcourt les capitales africaines en bénissant l'immigration, forcément heureuse et vertueuse ! Notre Juppé andalou débite les arguments les plus éculés de la vulgate immigrationniste : « Il n’y a pas si longtemps, l’Espagne était aussi un pays de migrants, et beaucoup de compatriotes espagnols ont cherché ailleurs une vie meilleure, un destin qui leur était impossible dans leur pays », a-t-il ainsi déclaré, en Mauritanie, le 27 août. Et, bien sûr, l'argument démographique et économique : « La contribution des travailleurs migrants à notre économie, notre système social ou à la soutenabilité des retraites est fondamentale. Pour l’Espagne, la migration est synonyme de richesse, de développement et de prospérité. » À Dakar, le socialiste espagnol a poursuivi son ode à l'immigration : « L’immigration légale ouvre des chemins de prospérité, de développement et d’échange culturel. Elle est bonne aussi bien pour le pays d’origine que pour le pays d’accueil. » Une telle naïveté, un tel aveuglement idéologique alors que tous les voyants sont au rouge, y compris dans son propre pays, laissent pantois. L'opposition de droite a eu beau jeu de dénoncer une attitude « irresponsable » qui va « encourager un effet d’appel durant la pire crise d’immigration irrégulière ».

S'il faut dialoguer avec les pays africains, c'est au contraire pour exiger des garanties, des retours, et non pour faciliter les arrivées. Tout particulièrement quand il s'agit d'indésirables, comme ces milliers d'étrangers sous OQTF chez nous. Pedro Sánchez fait partie de cette gauche incapable de s'émouvoir pour les souffrances endurées par les siens ni de percevoir que les temps ont changé et qu'un jour, ils seront balayés par la révolte populaire, en Espagne comme partout en Europe.

Frédéric Sirgant
Frédéric Sirgant
Chroniqueur à BV, professeur d'Histoire

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