Alexandre Benalla avait prévenu : « Je ne me tairai plus… », comme nous l'évoquions la semaine dernière ici-même. L’Élysée n’a donc pas été pris au dépourvu. Ce qui ne l’a pas empêché de gérer au plus mal la rocambolesque affaire des passeports diplomatiques. Ceux qu’Alexandre Benalla doit rendre depuis le 26 juillet 2018, date à laquelle une lettre en recommandé du Quai d’Orsay le sommait de restituer les précieux sésames en question.

Pourtant, l’ancien garde du corps du président affirme avoir rendu ces derniers au ministère des Affaires étrangères dès fin août, avant qu’on ne les lui renvoie moins de deux mois plus tard. Ce que l’Élysée dément, évidemment. Tandis que de son côté, Alexandre Benalla affirme ce dimanche aux journalistes de Mediapart : « Quand on m’a rendu ces passeports, on m’a dit : tu ne fais pas de bêtises avec ! Mais si on ne veut pas que j’utilise ces passeports, il n’y a qu’à les désactiver et les inscrire à des fichiers. » Ce qui n’a manifestement pas été fait, notre homme ayant pu ainsi se rendre sans encombres dans une dizaine de pays d’Afrique depuis le début de l’automne.

Des deux parties en présence, il y en forcément une qui ment. Et on voit mal comment cela pourrait être ce satané Alexandre, comme dans la chanson de Nino Ferrer. Car une dizaine de pays, cela fait au moins dix visas tamponnés sur ces passeports, ce qui est vérifiable de visu. Toujours dans l’article plus haut cité, il était expliqué comment les choses avaient dû se passer : ni émissaire officieux et encore officiel, il devait rendre simplement compte de ses entretiens avec les chefs d’État aux services français concernés, ce que font nos chefs d’entreprise, dès lors que leurs rencontres à l’étranger se trouvent être de nature politique et stratégique.

Ce qu’Alexandre Benalla confirme précisément : « J’explique que j’ai vu telle personne, je détaille les propos qui m’ont été rapportés et que quelle nature ils sont. Après, ils en font ce qu’ils veulent. Y compris le Président de la République, qui est informé en direct. » De fait, les dénégations de l’Élysée ne tiennent pas la route une seule seconde et relèvent d’un amateurisme proprement consternant. C’est ce qui arrive quand on lit trop Alain Minc et pas assez Gérard de Villiers.

De même, l’Élysée affirme avoir coupé tout contact avec Alexandre Benalla. Pas de chance, dans le même entretien, il assure avoir régulièrement échangé depuis cette date avec Emmanuel Macron, via la messagerie Telegram. Pour parler de choses et d’autres, des gilets jaunes, de l’état de l’opinion et de telle ou telle personnalité politique.

Et là, le coup de pied de l’âne : « Ça va être très dur de me démentir, parce que tous ces échanges sont sur mon téléphone portable. » On imagine sans peine qu’il tient ledit téléphone à disposition de la justice pour vérifications éventuelles. C’était donc le cadeau d’Alexandre à Emmanuel pour ses fêtes de fin d’année.

Décidément, 2019 démarre en fanfare pour l’Élysée.

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31 décembre 2018 à 19:31

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