Rendre l’argent aux Français ? Mais où trouver les milliards ?

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Trois réactions récentes le montrent sous diverses manières. Bien sûr, les gilets jaunes ! Mais pas que… Songeons aux policiers, songeons aux personnels du SAMU de Seine-Saint-Denis ! Dans chacun des cas, le pouvoir démontra qu’il n’était à l’écoute que de lui-même, se souciant bien peu d’administrer la France et ses immenses besoins, comme si là était chose vulgaire.

Ainsi fallut-il ce mouvement des gilets jaunes sur les Champs-Élysées qui mit à mal l’économie en période de fête pour que le gouvernement consentît à distribuer quelques miettes, sans pour autant faire rentrer dans leur chaumière ce peuple rebelle mais peu organisé. Ce recul du gouvernement qu’il eût mieux fait d’accorder dès le départ ouvrit la voie aux "Et moi, et moi…" Car bien des catégories de travailleurs, mieux organisées celles-ci, s’engouffrèrent dans la brèche. "Le gouvernement cède quand on réclame ? Il faut en profiter."

Ainsi les gardiens de la paix, à l’annonce d’une journée "commissariats fermés", se virent accorder une augmentation pouvant aller de 120 à 150 euros nets – soit bien plus que les miettes accordées au monde des gilets jaunes ; et le ministère de l’Intérieur élabora, enfin, un calendrier pour payer les 274 millions d’euros au titre d’heures supplémentaires impayées jusqu'alors et que ces fonctionnaires avaient accumulées. Ces mesures destinées à éteindre un incendie sans se préoccuper de rétablir une échelle des salaires sont une amorce lancée dans un tas de pétard.

Ainsi le SAMU du 93 menaça à son tour de faire grève, et avant même que celle-ci n’eut lieu, l’Agence régionale de santé accepta d’accroître les effectifs des assistants de régulation médicale de 42 à 52, soit 24 % de plus, avec promesse d’agir de même pour l’ensemble des SAMU de la région Île-de-France.

L’administration des diverses fonctions publiques doit dorénavant se méfier d’avoir ouvert une brèche qu’elle ne pourra refermer car, par exemple, tout aussi légitimes sont les revendications d’accroissement des effectifs, de hausses salariales et de rémunérations des heures impayées dans le monde de la santé. Il en va de même pour l’ensemble des smicards et autres petits salaires de la fonction publique territoriale. À quand, les opérations mairies fermées et les accueils clos dans les hôpitaux ? Déjà, les agents de la police scientifique et, maintenant, ceux de l’Éducation nationale – les stylos rouges – montrent le bout de leur nez.

Selon Le Figaro Magazine du 23 novembre, ce sont onze mesures contre le revenu des Français, impôts et taxes, baisses d’allocations et revalorisations amoindries, qu’aura prises le gouvernement d’Édouard Philippe en moins de deux ans ; cela, après les terribles hausses d’impôts des classes moyennes sous Hollande.

Faute d’avoir compris que pressurer les salariés ne se peut que sans excès et durant un temps limité, l’impréparation de la Macronie aura légitimé, en cette fin d’année, la grève et la révolte comme uniques moyens de satisfaction de toutes sortes de revendications.

So what? comme disent les Anglais. Il faut rendre l’argent aux Français ! Et ce ne sont pas des mesurettes qui y satisferont. Devant ce casse-tête, il n’est, par exemple, que de tailler dans le montant des innombrables aides aux migrants. Cela, gageons qu’aucun des partis, qui se partagent le pouvoir depuis cinquante ans, n’osera le faire.

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Bertrand du Boullay
Ingénieur à la retraite

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