[Humeur] Olivier Py, continuateur et disciple du maître Jack Lang

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Il y eut Jack Lang. Dans la catégorie des grands turlupins culturels, des animateurs radio de la politique spectacle, des allons z’idées à la noix, des tartes Tatin remises à l’endroit, des brasseurs de niaiseries de salon, des festiviteurs et festivaleurs en rond, il n’eut pas son pareil. Et on l’a vu, récemment encore, proposer un new deal culturel qui consistait en subventions et courtisaneries, les deux mamelles de la gauche bobo, ou se porter soutien de la candidature de Saint-Denis au gadget de « capitale européenne de la culture ». Et tous les amateurs de franche rigolade se demandaient qui pourrait, un jour, le remplacer, tant il est à l’audace conformiste et à la majesté roucoulante ce que le sérieux plaqué sur du vivant est au comique.

Mais vint Olivier Py. Artiste plus ministériel que le ministère lui-même, et qui en a toujours précédé l’esprit, encore plus audacieux dans la conformité qu’un Jean-Michel Ribes dans l’insolence conforme, pourfendeur éculé du Rassemblement national et dernier grand résistant des barrages républicains, ex-directeur/censeur du Festival Py d’Avignon, où il développa des thématiques aussi culturellement incorrectes que l’Europe, la montée du fascisme et du populisme, les théories du genre ou le rejet de l’autre, excepté les auteurs libres qu’on peut rejeter à l’infini, il est en passe de remplacer l’irremplaçable Jack Lang.

Dans un style digne de son maître à penser quand il fait la roue, ce continuateur et disciple du maître Lang multiplie lui aussi les déclarations radiophoniques éternelles. Il se dit fier de l’œuvre ministérielle accomplie dans la cité des papes au service du clergé ministériel. Et dans un entretien à France Inter, le philosophe ajoute : « Une démocratie dans laquelle il n'y a pas de culture, c'est pas une démocratie, ça n'a pas de sens, c'est juste un Audimat™. »


Et tout le monde pouffe de rire, comme à l’écoute d’un vieux disque rayé de Fernand Raynaud répétant « Ça eut payé ! Mais ça paye plus… », sauf les journalistes présents dans le studio de France Inter, ce dernier îlot de résistance à la liberté d’expression et au bon sens populaire.

Car enfin, c’est quoi, cette culture selon Py qui fonderait une démocratie ? Une culture d’où le peuple (le démos, précisément) est exclu, fantasmé de très loin, méprisé, traité de populiste, un rabâchage de pensums militants estampillés DRAC, produits par une caste subventionnée de metteurs en scène officiels ?

Mais son Festival In d’Avignon fut entièrement à l’opposé du théâtre populaire que défendait son fondateur Jean Vilar. Il ne fut pas un festival de théâtre mais plutôt un festival des metteurs en scène et de leur intellecthétisme élucubratoire, cette mise en scène dont Jean Vilar disait qu’elle n’était qu’une régie. Et il ne fut jamais populaire puisque réservé à un public de bobos sectaires et de pédagogues maso-culturels, imbus de leur prétendue supériorité intellectuelle, une caste de gauche qui se gava de culture comme de caviar, parlant d’un peuple qui n’existe plus que dans les romans de cape et d’épée écrits par Ian Brossat, le néoécolococobobo de la mairie de Paris.

Ce cultureux démocrate de Py passa son temps à favoriser l‘inculture démocratique : son tweet est un monument d’inconscience ou de stupidité. Son festival fut l’un des nombreux exemples de cette décadence de l’idéal démocratique, de cette déconstruction, de ce wokisme militant, de cette soupe culturelle qui se substitue à une création artistique libre et diverse.

Jean-Pierre Pélaez
Jean-Pierre Pélaez
Auteur dramatique

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