Gouvernement Attal : l’entre-soi parisien ?

attal oudea

Le Huffington Post vient de publier une tribune signée par un groupe d’élus locaux. Ils déplorent un fait avéré : la faible représentativité des ministres. Sur les quinze ministres du gouvernement Attal, en comptant le premier d’entre eux, cinq seulement sont originaires de la province, « des territoires », « de la région », comme on dit en Macronie. Essayons de les compter : Christophe Béchu (Transition écologique et Cohésion des territoires) a été maire d’Angers ; Rachida Dati (Culture) a grandi à Chalon-sur-Saône ; Sébastien Lecornu (Armées) est originaire de l’Eure ; Marc Fesneau (Agriculture et Souveraineté alimentaire) a été député du Loir-et-Cher ; Éric Dupond-Moretti (garde des Sceaux) est un enfant du nord de la France, tout comme Gérald Darmanin ; Catherine Vautrin (Travail, Santé et Solidarités) est Rémoise pure souche ; Stéphane Séjourné (Affaires étrangères) a formé, pendant ses études, la « bande de Poitiers » où il résidait alors… et Sylvie Retailleau est née à Nice ! Il n’y a guère que Gabriel Attal et Amélie Oudéa-Castéra qui ne puissent pas nier, fût-ce de loin, leur parisianisme.

Alors, me direz-vous, de quoi se plaignent ces élus locaux ? Eh bien, la plupart de ces ministres ne sont passés que brièvement en province, et n’y sont pas restés attachés. Ils n’ont pas ou plus de racines, comme ces gens qui se disent « parisiens d’origine » - personne ou presque ne l’est vraiment. Ils résident tous à Paris depuis très longtemps, sauf quelques-uns comme Catherine Vautrin. La plupart n’utilisent leurs origines géographiques qu’à des fins électorales, comme Rachida Dati, personnage de roman, fille de maçon immigré, grandie en HLM, devenue la pasionaria de l’arrondissement le plus chic de Paris. Philippe de Villiers, comme ces élus locaux, pointait, vendredi 12 janvier, sur CNews ce même chiffre de dix ministres franciliens sur quinze. Attal, lui - c’était le sujet, ce samedi, sur Europe 1, d’une chronique d’Alexandre Devecchio -, a vécu toute sa vie d’étudiant dans un carré parisien de trois kilomètres sur trois : École alsacienne (Paris VIe), Sciences Po (Paris VIIe), la Sorbonne (Paris Ve), avant de travailler dans des cabinets ministériels pas très éloignés. Tout au plus a-t-il passé quelques étés à L’Île-aux-Moines, dans le golfe du Morbihan, où sa famille possède une maison.

Cette déconnexion n’est pas anecdotique, bien au contraire : elle est tout à fait représentative de ce qui est en train de se passer. Emmanuel Todd, dans Le Figaro, parlait du déclin définitif de l’Occident en constatant, incidemment, que tout le monde, en France, à part les médias, se fichait éperdument du remaniement gouvernemental. C’est bien possible : il n’y a aucun ministre au sud du Loir-et-Cher. Il n’y a aucun Ultramarin, aucun Provençal, aucun Corse ni aucun Gascon. Ces mots, qui furent les noms de provinces parfois conquises dans la douleur, ont-ils encore un sens pour le gouvernement Attal ou, même, pour les élus locaux, qui raisonnent en régions géantes, avec leurs noms absurdes et leurs logos ringards ? Probablement pas.

Gouvernement parisien pour déconnexion totale, contre élus de terroir pour implantation profonde : le fossé entre les électeurs du RN, ceux de la France périphérique, et les électeurs de Renaissance, ceux de la France des grandes villes, est devenu un gouffre. Il n’y a plus rien entre les deux, puisque LR et PS sont morts. Les discours de La France insoumise et de Reconquête sont jugés trop extrêmes par les médias. Il y aura une bataille aux élections européennes et les camps sont clairement identifiés, jusque dans leur sociologie caricaturale. Pour paraphraser la fin du Rivage des Syrtes, nous savons pour quoi, désormais, le décor est planté.

Arnaud Florac
Arnaud Florac
Chroniqueur à BV

Vos commentaires

38 commentaires

  1. (suite) Le RN est en pointe, il est à combattre. Pour cela, ne pas hésiter à utiliser, à encourager les idiots utiles, la NUPES. Les laisser s’exprimer dans ce sens, même s’ils flirtent avec la haine. On pardonne tout au profit de cette ambition, la caste doit garder le pouvoir. Et elle craint beaucoup. Sa fébrilité s’affiche.

  2. Compte-tenu de l’état d’esprit de Macron et de ses ambitions, la composition de ce gouvernement se comprend. La notion de parité n’est évoquée que pour satisfaire l’air du temps, un écran de fumée. Derrière ce décor nous avons la volonté de Macron de briguer la tête de l’Union, son interlocuteur devenant alors Paris, les provinces considérées féodales. Ajoutons une dimension qui n’est pas évoquée, certainement par « pudeur ». La surreprésentation d’un genre qui n’est pas celui de la majorité des français. Il y a disproportion. Pour en venir à cet acharnement obsessionnel à dénoncer un « supposé parfum de nazisme » au sein de RN. En réalité, la grande peur de la macronie et de la caste qui le soutient, c’est de perdre le pouvoir si chéri. Le

  3. Il faut surtout savoir que le Attal est promu par la « French American Foundation » et ses Youngs Leaders , et par le Bilderberg.. Ceux qui ne savent pas ce que sont ces « officines » peuvent aller sur Gogle.

  4. La recette pour constituer un gouvernement relève de la potion magique.
    Prendre autant d’hommes que de femmes, moitié homo, moitié hétèro (en tenant compte du problème des trans), chacun et chacune devant appartenir à une région différente tant métropolitaine qu’ultramarine. On y rajoutera pour le goût les orientations politiques , quelques traîtres bien mûrs et des représentants des diversités. Remuer vigoureusement et mettre aux feux médiatiques, syndicaux et associatifs.
    Heureusement la compétence est totalement écartée car elle rendrait l’exercice impossible.

  5. Macron , est un joueur de poker menteur, il vient de retourner 2 cartes ( Attal, Dati) a 6 mois des élections Européennes, pour siphonner les voix RN, Reconquete, Souverainistes.
    Car que l’on ne s’y trompe pas , la Politique de Macron ne changera pas , toutes ces personnes vont gesticuler allègrement, et une fois les cartes européennes rebattues, la position de Macron sera confortée au sein de l’Europe et il pourra prendre le poste de prestigieux de la présidence de l’Europe. Adieu la France … bien manœuvré ..? peut être ! Mais il a oublié la grogne monde paysan .

  6. En Allemagne où la presse est plus libre que chez nous et parfois très directe, le Bild-Zeitung qui est un des plus grands quotidiens du pays titre : « Mini-Macron fait de son ex le ministre des Affaires étrangères » et s’amuse d’une « promotion canapé » chez ses voisins.

  7. La réussite tient parfois de la proximité, et aussi du parcours scolaire. Vous voyez beaucoup d’artiste, certes naissant en province, mais allant vers la capitale avec le secret désir de réussir. Or comme la politique est une cooptation, c’est évident que plus on est proche de Dieu, plus la lumière rejaillira. C’est fini le temps où la Province était, elle aussi influente, car plus nombreuses.c’était autrefois, maintenant tout tourne autour des très grandes villes, ensuite c’est des déserts, nous sommes les bouseux, ceux qui habitent la campagne. Mais si, un jour il y a la guerre, ils viendront se réfugier en province, là la revanche, car le numérique ne fait pas pousser les fruits et légumes. Le coq, les vaches, les cochons auront les senteurs de la ferme nourissière.

  8. Le plus gênant dans l’origine de ces gens politiques c’est qu’au regard des noms beaucoup sont d’origine issus de l’étranger, j’ai envie d’en citer mais ce serait mal venu. Plus grave est que certains personnages ont la double nationalité, peut être que çà n’enlève rien à leur qualité mais on peut imaginer dans certains cas une certaine ambivalence. Le nationalisme peux avoir certains inconvénients tel des guerre entre certaines nations mais le mondialisme est pire encore car faire cohabiter des peuples incompatibles entre eux dont la première intention est la suprématie sur autrui.

    • Je vous approuve . D’autant plus que, dans ce nouveau monde qu’on nous a vendu centré sur l’individualisme, la première intention est également la suprématie sur autrui ( dans le genre « lutte pour la survie » mais avec de mauvaises intentions) en lieu et place de l’entraide et du dialogue franc que le christianisme avait prêché durant deux millénaires :L’effet « mode » et le carnet d’adresse (ne parlons même pas de la course au fric, à la notoriété et aux avantages gratos et pérennes)

  9. Devenons nous entrer dans une société de quotas pour tout ?

    La seule vraie chose qui manque à ces baliverneux c’est la COMPÉTENCE, comme si cette qualité était un mot en état de mort cérébrale pour ceux qui prétendent diriger notre pays SANS CAP…

  10. Beaucoup de provinciaux sont très heureux de vivre à Ploucland : c’est mon cas.
    Notre souhait, c’est qu’on nous foute tranquilles comme disait Coluche !

  11. Soyons sympa c’est pour éviter des coûts de transport et de double résidence et en plus ils ne perdent pas leurs abonnements loisirs : salles de sport , musées , théâtres etc etc.

  12. Par contre quand il s’agit de virer les migrants de Paris ils se souviennent qu’il y a des villes et villages en France . Nous on leur dit : garder les , ainsi que les rats et la crasse et oubliez nous .

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