« J’ai vu la France qui m’a convertie, la France sublime des cathédrales »

©Iris Bridier
©Iris Bridier

Jeanne, ex-musulmane d’origine marocaine, convertie à la foi catholique en 2019, a participé aux deux dernières éditions du pèlerinage Notre-Dame de Chrétienté qui vient de mener plus de 15 000 pèlerins de Paris à Chartres durant ce week-end de la Pentecôte. Jeune mère de famille, elle regrette, cette année, de ne pas pouvoir participer à l’édition 2024. Elle  nous confie son parcours et son regard sur ce pèlerinage.

Gabriel Decroix. Jeanne, vous avez été baptisée en 2019 à la paroisse Saint-Eugène-Sainte-Cécile à Paris, sous la forme extraordinaire (liturgie latine traditionnelle). Pourquoi ? Et pourquoi avoir choisi cette forme ?

Jeanne. Je ne l’ai pas choisie réellement, au départ, car je n’avais aucune idée des différences de rites qui existent à l’intérieur de l’Église catholique. Quand je me suis convertie, j’ai juste confessé et reconnu la divinité du Christ. Je suis allée vers une personne de confiance, qui était suffisamment docte en théologie et à qui j’ai fait confiance. C'est elle qui m’a conseillée de me diriger vers cette paroisse. Par la suite, elle m’a aiguillée vers une femme merveilleuse qui est devenue ma marraine. Et je suis donc allée tout droit vers cette messe tridentine. Pour moi, pendant longtemps, c’était la seule messe qui existait. Je n’avais aucune idée des différences de forme liturgique. C’est devenu pour moi une liturgie normale, la liturgie universelle.

G. D. Qu'est-ce qui, d'après vous, attire à ce point la jeunesse vers Chartres, quel est votre regard sur ce pèlerinage ?

J. C’est un étendard qui claque, une jeunesse décomplexée et amoureuse de sa foi et de son pays. Il existe une communion extraordinaire entre les pèlerins. Dans notre société fragmentée, cela touche tous les cœurs de voir une communion de 20.000 personnes qui chantent les mêmes chants, ont les mêmes références et marchent dans la même direction. C’est un témoignage de puissance et de gloire pour l’Église, et cela séduit très largement.
Lors de mon premier pèlerinage, j’ai eu des frissons tout le long. Et des larmes, car après une conversion, il y a des conséquences... métapolitiques. J’ai vu la France qui m’a convertie, la France sublime des cathédrales, la France qui chante comme un ange. Cela parle à tout le monde et pas seulement aux spécialistes de la liturgie.

G. D. Pour vous, la foi catholique est-elle liée au combat civilisationnel ?

J. La foi est inséparable de la grande France chrétienne, avec les saints et les moines qui ont tout construit. C’est celle de la grande charité politique pour les pauvres, pour la veuve et l’orphelin. Ce terme vient d’un épître de saint Jacques, c’est la France qui est née de l’Évangile. Il y a les traditions, les chants, les morts dans les guerres, une grandeur d’esprit dans la littérature qui est confessée par l'Église de France depuis des siècles. C'est complètement détruit, aujourd’hui, par des forces qu’on ne connaît que trop bien. À Chartres, on retrouve cette puissance lumineuse qui vient du Christ. Quand on est catholique, il y a des conséquences politiques, c'est inséparable d’un certain patriotisme.

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Gabriel Decroix
Étudiant journaliste

Vos commentaires

11 commentaires

  1. en « terre d’islam » comme ils disent, l’apostasie est punie de peine de mort : une vraie religion de paix … on arrête pas de vous le dire, enfin la classe politico-médiatique main stream bien sûr !!!

  2. Questions : que faire de toute ces jeunes catholiques célibataires ? Comment l’Église peut les aider à trouver le chemin de l’amour pour qu’ils puissent ensuite transmettre leur foi à leur future descendance ?

  3. que l’on soit croyant ou pas, on ne peut pas nier que les individus qui s’ouvrent à la foi s’élèvent largement au dessus des autres – Jeanne et beaucoup d’autres qu’elle en font l’expérience, merci pour ce témoignage simple et fort –

  4. Personnellement en tant qu’incroyant je vois dans le titre de cet article tout ce qui m’intéresse au sujet des cathédrales et pas que, de la petite chapelle à tous ces édifices. car pénétrer dans ces lieux c’est vraiment quelque chose de bénéfique.

    • Après avoir lu le coran, page après page, je me suis retourné vers le Christ et sa Maman. Dès lors j’ai mon cou avec une croix et pour ce qui est de prier, avant de dormir, je pense à Dieu dont je ne sais rien, et heureusement qu’il y a le Fils pour croire et espérer, avec Marie (et saint François pour les animaux) ; or je ne suis pas un catho idiot, je ne vais même pas la Messe…

  5.  » Il y a les traditions, les chants, les morts dans les guerres, une grandeur d’esprit dans la littérature qui est confessée par l’Église de France depuis des siècles. C’est complètement détruit, aujourd’hui, par des forces qu’on ne connaît que trop bien.  » : c’est une ex musulmane qui le dit ……

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