Godille et cacophonie : du vent dans les voiles

Bouleau Macron Charles de Gaulle

Il calcule plus qu’il ne décide. Il godille plus qu’il ne gouverne. Il diffère. Paris a pour devise « Fluctuat nec mergitur ». Et la France ?

Il est le roi du « en même temps ». De la cacophonie. Il suffit de lire les contretemps du calendrier législatif. Le 9 novembre 2018, on apprend le report au début de 2019 de la loi de bioéthique, initialement prévue pour fin 2018. Le 1O novembre, Agnès Buzyn, invitée d’Europe 1, qui croit son jour de gloire arrivé, confirme l’arrivée de la loi de la PMA et son contenu : reconnaissance de deux mères, levée - dans certaines conditions - de l’anonymat du donneur. L’autre rapporteur, Jean-Louis Touraine, avait été plus catégorique : la mère n’est pas celle qui accouche. Si certains Français font preuve d'"hystérie", d’autres sont aveugles : du moins savait-on à quoi s’en tenir. Et nos rapporteurs de réaffirmer leur désir de ne pas « humilier » les opposants tout en les mettant en garde contre leur hystérie galopante.

Ainsi était illustré le proverbe « Qui veut noyer son chien l’accuse de la rage ». Le 15 novembre, Marlène Schiappa, invitée de France Info, réaffirme la gratuité de la PMA pour toutes. Le même jour filtre, dans les médias, le report de la PMA pour mai et juin. Que comprendre ? Si les élections sont favorables à LREM, on fera passer la loi en douce et en vitesse ? C’est ce qui s’appelle nous balader. Il est temps que le chef accorde les violons de son orchestre.

Gilets jaunes en vue pour le week-end. On sort le grand jeu. Branle-bas des mousses sur le pont de BFM TV. Le Charles-de-Gaulle, mazette ! On écarquille les quinquets. Gilles Bouleau, albatros aux yeux fixes et endormis, connaît sur sa chaise quelques accès d’agressivité. Le Président, dans la soute, reconnaît ses échecs. La bouée de sauvetage est à portée de main. Le but : faire baisser la fièvre jaune des gilets qui monte, qui monte...

Le navire tangue. Le capitaine a-t-il le pied marin ? À quai, on est chahuté, baladé, on a l’ivresse des profondeurs. Est-il sain d’entretenir un fantasme procréatif ? Raisonnable d’imaginer que l’an I d’une filiation nouvelle est arrivé malgré la pub insistante faite, à la télé, pour le don d’organes, et celle du sperme sur Internet ?

Levons un tabou qui empoisonne le problème de la PMA. La PMA avec tiers donneur est permise aux couples hétéros mariés infertiles. Cette infertilité n’est pas une maladie. Du moins cette procréation relève-t-elle de la liberté d’une poignée et ne met-elle pas en jeu la responsabilité collective. Surtout, il n’y a pas de symétrie entre couples hétéros et lesbiens. La vérité serait bonne à rappeler pour éviter le cafouillage, ici comme ailleurs, des esprits, des dates et des déclarations.

Il y a du vent partout dans les voiles du navire France. Pas seulement à cause des gilets jaunes.

Marie-Hélène Verdier
Marie-Hélène Verdier
Agrégée de Lettres Classiques

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