France, mère des arts : asile politique ou psychiatrique ?

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Si l’un de vos gamins revient un soir à la maison en vous disant qu’il a enfin trouvé sa voie et qu’il vous déclare sans détour « Je serai artiste performeur ou rien d’autre », réfléchissez bien à ce que vous allez lui répondre.

Certes, vous vous piquez d’aimer l’art et même l’art moderne : la preuve, vous êtes allé une fois à Beaubourg. Vous avez fait tout comme il fallait pour que votre progéniture s’intéresse un minimum à l’art : musées, flûte à bec et même danse classique, pas pour votre fille mais pour votre garçon, car vous êtes sans préjugés et doté d’un esprit ouvert. Certes, mais je le répète, réfléchissez bien quand même.

J’avoue que, jusqu’à tout à l’heure, j’ignorais totalement ce qu’était "l’art performance". Comme sans doute beaucoup d'entre vous. Plutôt qu’une longue explication, entrons d’emblée dans le vif du sujet, si j’ose dire : se coudre les lèvres, s’entortiller nu dans du fil barbelé, se clouer les testicules ou le scrotum (les deux à la fois ? Faut voir), se mutiler le lobe de l’oreille… Tout ça, c’est de "l’art performance". Oui, Monsieur, Madame. Des performances qui sont à celles du cracheur de feu ce que l’art est à l’artisanat et qui relèguent définitivement le marquis de Sade au rayon de la Bibliothèque rose.

Et la France, mère des arts comme chacun sait, a accueilli au début de cette année un artiste performeur imminent : celui-là même qui a offert à l’humanité les œuvres que je vous décrivais plus haut. Piotr Pavlenski est son nom. Russe est sa nationalité et c’est donc sur le pavé de la place Rouge qu’il s’en alla naguère enfoncer le clou de son spectacle. L’histoire ne nous dit pas si la place Rouge était vide ou si Nathalie, en voyant les choses, partit boire un chocolat au café Pouchkine.

Bref, donc, l’artiste est venu se réfugier en début d’année avec sa petite famille à Paris. Car pour lui, au café Poutine, ça sentait un peu le cramé. C’est vrai qu’une de ses œuvres majeures, qui consista à mettre le feu aux portes du FSB (l’héritier du KGB), avait été moyennement cotée par la justice russe, qui n’y connaît sans doute rien à l’art : l’amende s’était élevée à 500.000 roubles (8.000 euros environ). Mais ce n’est pas pour son art pyromane qu’il est venu se réfugier en France. Il est, en effet, accusé d’agression sexuelle - ce qu’il récuse. Risquant dix ans de prison, il a obtenu l’asile politique en mai dernier, quatre mois à peine après avoir posé le pied sur le sol français. Comme quoi, quand on veut, on peut, dans l’administration française…

Reconnaissant envers son pays d’accueil et désireux, sans doute, de lui laisser l’empreinte de son art, le susdit Pavlenski, dans la nuit de dimanche à lundi, est allé incendier, du côté de la Bastille, les portes d’une succursale de la Banque de France. Tout un symbole. Artiste engagé, comme vous l’avez sans doute deviné, il a justifié son acte dans un communiqué pour le moins allumé. "La Bastille a été détruite par le peuple révolté ; le peuple l’a détruite comme symbole du despotisme et du pouvoir. Sur ce même lieu, un nouveau foyer d’esclavage a été bâti… La Banque de France a pris la place de la Bastille, les banquiers ont pris la place des monarques." Cela dit, pas faux, à y réfléchir un peu. À part que la Banque de France n’est plus qu’une succursale de la Banque centrale européenne. Mais ce n'est pas le sujet.

Quelle suite cette exposition artistique aura-t-elle ? Correctionnelle, retour au pays ou la croix des Arts et des Lettres ? L’artiste trouvera bien un endroit pour l’épingler.

Au fait, vous avez réfléchi à ce que vous diriez à votre gamin ?

Georges Michel
Georges Michel
Editorialiste à BV, colonel (ER)

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