Depuis une semaine qu’il a souhaité au plus grand nombre de Français d’avoir dans leur verre « un bon vin » et dans leur assiette « une bonne viande et un bon fromage », le candidat communiste Fabien Roussel est, pour ses camarades de gauche, passé du côté obscur de la force.

Depuis, les injures pleuvent, certains même n’hésitant pas à l’accuser d’être « un candidat d’extrême droite à gauche ». Alors il répond et assume : « Certains à gauche sont coupés du peuple. Défendre le bifteck des Français, pour moi, c'est un vrai projet politique. Derrière, il y a un projet de société. On doit tous avoir, avec un travail et un salaire décent, accès à des aliments de qualité. On ne peut pas défendre l'agriculture française sans permettre aux Français d'y avoir accès. Sinon, il n'y aura que les privilégiés qui pourront acheter une bonne côte à l'os, et le reste qui devront aller au discount acheter du poulet surgelé du Brésil ou du mouton néo-zélandais qu'on importe massivement depuis l'épisode du Rainbow Warrior de 1985 » (RMC, le 17/1/2022). Et de confirmer, ce mardi, sur Twitter : « La polémique dont j'ai fait l’objet montre qu'une partie de la gauche et des écologistes est coupée des Français. 5 millions vont à l’aide alimentaire, 3 sont en précarité énergétique, mais il faudrait interdire la viande et les centrales nucléaires. Ils sont coupés du peuple ! »

Tout est dit, via cette polémique, sur ce qu’est la gauche aujourd’hui : un conglomérat de bobos urbains déconnectés des réalités du terrain. Des gens qui ont abandonné le social au profit du sociétal et pensent que les questions de genre et de couleur animent les repas familiaux. Comme le soulignait Emmanuelle Ducros, sur Europe 1, ce mardi matin, les préoccupations de cette gauche là sont « celles des classes aisées urbaines : circuit court, bio, qualité etc., mais on ne se préoccupe absolument pas de savoir comment les classes populaires terminent le mois ». Une gauche qui « veut bien défendre les agriculteurs à condition qu’ils soient des paysans et qu’ils soient bios, qui veut bien défendre les salariés mais pas s’ils travaillent chez Fessenheim… »

Pour résumer, Fabien Roussel sent le pâté de cochon. Tout comme le Front national et le Rassemblement national après lui, il est tombé dans le piège du « racisme supposé de l’entrecôte », comme l’a écrit fort justement la même Emmanuelle Ducros. Aux yeux de la gauche qui roule à vélo et brunche vegan le dimanche matin, il incarne la franchouillardise béret/baguette. En parlant rouge et fromage, il remet le doigt sur le social que la gauche a délaissé, raison pour laquelle ses troupes populaires ont migré chez Marine Le Pen.

Une partie de la gauche d’aujourd’hui, quoi qu’elle en dise, est macroniste de fait. C’est Jérôme Sainte-Marie qui le souligne : « La gauche a un problème, c'est parce qu’elle est divisée, mais aussi en partie parce qu’elle est au pouvoir : 47 % des anciens électeurs de François Hollande ont voté Macron au premier tour et pour la plupart sont restés dans le camp macronien. On le voit bien dans les équipes gouvernementales.(gauche strauss-kahnienne, rocardienne, etc.) » (Europe 1, 18/1/2022).

La gauche, les gauches ont raté le dernier grand mouvement social, celui des gilets jaunes. Les tentatives de récupération à la Mélenchon ont, là aussi, échoué. Les seuls mouvements où la gauche est présente sont ceux de la fonction publique, et particulièrement du monde enseignant. Alors, en défendant « le bifteck des Français », Fabien Roussel essaie de renouer avec les fondamentaux d’une gauche qui s’est perdue dans les méandres de la boboïtude germano-pratine. Encore un petit effort et il rejoindra la droite patriote !

 

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18 janvier 2022 à 15:19

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16 commentaires

  1. Merci Marie pour votre billet d’humour révélateur du désordre général des partis (politiques) et des partis ..pris !!!

  2. Moi, il y a longtemps que j’aurais mis ce qu’il reste de communistes dans des « réserves » comme espèce en voie de disparition. Bon, je galége, pour une fois, la seule, je serais d’accord avec ses propos.

  3. Vive la baguette ! Vive le béret ! Perso…je préfère le landais (pays d’ignobles chasseurs) au basque…roule au diesel et…fume la pipe (pire que les clopes ?)…aime bien, par ailleurs…les Baléares…mais souhaiterais aussi ardemment qu’Eric Zemmour ne soit pas interdit de candidature…n’en déplaise au « camarade » Roussel, dont l’on savait déjà qu’il n’était pas tant « à gauche » que ça…ses ancêtres immédiats étant plutôt… »à l’Est »…

  4. Pour rappel les trois fois où on a demandé l’avis des Français sur l’Europe, les 3 fois les communistes ont appelé à voter NON parce que hostiles à une Europe autre que l’Europe des nations. D’autre part la gauche de la gauche a toujours été plus vacharde que la droite envers le PC parce que le PC était favorable au nucléaire, à l’extension du camp militaire du Larzac, par exemple. Pareil au moment de l’affaire du Bull doser d’Ivry et de celle de Montigny les Cormeilles.

  5. Il suit les traces de Georges Marchais, un personnage fort sympathique et qui nous a souvent fait rire. Le rire qui manque terriblement en ce moment ….
    Dommage que ces 2 personnages soient les héritiers de Staline, chose que leur bonhommie ne doit jamais nous faire oublier !

  6. En 40 les patriotes on combattu, les communistes eux étaient avec Staline et  »Monsieur » Hitler.

  7. Il est mignon comme tout ce garçon ! Mais n’oublions pas qu’il a demandé que Zemmour soit interdit de candidature. L’entrecôte : oui, mais pour la démocratie il y a encore du travail.

  8. Prudence car sous ses apparences bon enfant et ses déclarations franchouilllardes, il reste de gauche et la droite lui donne des boutons.

    1. La candidature à l’Élysée vaut bien une messe! surtout en ces temps où le « bio » triomphe…
      La caque sent tjrs le hareng !
      Vite oubliés les millions de paysans ukrainiens morts de faim grâce aux bons soins du petit père des peuples

  9. Fabien Roussel retrouve les accents familiers du communisme de mon enfance, celui de Georges Marchais; bienvenue dans le camp des « déplorables », ceux qui fument des clopes et roulent au diesel.

  10. Le PCF a toujours été tres opportuniste et méme carrément collabo. En Juin 1940 alors que De Gaulle appelait a la résistance, le PCF appelait a la fraternisation des prolétaires francais avec les soldats allemands. Le chef du PCF de l´époque Maurice Thorez avait deserté de l´armée francaise pour se réfugier a Moscou chez son ami Staline.

    1. C’est une partie de la vérité, mais les communistes se sont ensuite largement rattrapés en participant à la Résistance et depuis la Libération ils se sont toujours montré soucieux de la souveraineté nationale. On peut au moins leur faire crédit pour ça. Roussel retrouve les fondamentaux du parti de Marchais.

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